La comprĂ©hension qu’a la sociĂ©tĂ© de l’identitĂ© et de l’expression de genre a Ă©voluĂ© depuis que le Service correctionnel du Canada (SCC) a modifiĂ© sa politique sur les personnes trans il y a trois ans. Le projet de directive du commissaire sur le sujet semble cependant faire marche arrière par rapport Ă la politique antĂ©rieure.
Dans leurs commentaires sur la directive 100 du commissaire, publiĂ©e en octobre, les Sections sur l’orientation et l’identitĂ© sexuelles et du droit pĂ©nal affirment craindre que celle-ci ne protĂ©gera pas les droits des personnes trans dĂ©tenues.
[TRADUCTION] « Ă€ notre avis, la directive 100 prĂ©sume Ă tort que les personnes sont fondamentalement hommes ou femmes (ou intersexes) selon leur sexe biologique assignĂ© Ă la naissance, indiquent les sections dans leur mĂ©moire (disponible uniquement en anglais). Nous recommandons que la politique se fonde sur la supposition que les personnes ont le droit d’ĂŞtre placĂ©es dans des Ă©tablissements qui reflètent leur identitĂ© de genre, si tel est leur choix. »
Une telle façon de faire serait cohĂ©rente avec les droits de la personne et la Charte. Elle permettrait Ă©galement [TRADUCTION] « de lever l’exigence problĂ©matique de la politique selon laquelle les personnes dĂ©tenues doivent, par dĂ©faut, ĂŞtre rĂ©parties selon leur sexe de naissance avant de pouvoir entamer une procĂ©dure extraordinaire dans le but de faire respecter leurs droits ».
Lors de leur admission, les personnes dĂ©tenues ne devraient pas avoir Ă rĂ©vĂ©ler leur sexe ou leur genre, ni Ă les consigner dans le Système de gestion des dĂ©linquants. Ces renseignements sont personnels, et elles ont peut-ĂŞtre de bonnes raisons de vouloir prĂ©server leur confidentialitĂ©. On devrait leur demander quels noms et pronoms elles utilisent et les employer dès leur admission. On devrait aussi leur demander si elles souhaitent bĂ©nĂ©ficier d’un protocole individualisĂ© et, le cas Ă©chĂ©ant, le mettre en Ĺ“uvre immĂ©diatement. Tous les centres d’admission devraient Ă©galement avoir Ă leur disposition des vĂŞtements et des effets personnels pour hommes et pour femmes. De plus, on ne devrait pas attendre que la personne contrevenante ait Ă©tĂ© placĂ©e dans un pĂ©nitencier pour l’aiguiller vers des spĂ©cialistes en matière d’identitĂ© de genre.
[TRADUCTION] « En l’absence de risques Ă©vidents pour sa santĂ© et sa sĂ©curitĂ© lors de son admission, la personne devrait ĂŞtre placĂ©e directement dans l’Ă©tablissement de son choix en fonction de son identitĂ© de genre », insistent les sections.
[TRADUCTION] « Nous recommandons que le SCC mette en Ĺ“uvre une politique sur le placement des personnes dĂ©tenues en fonction de leur identitĂ© de genre, si c’est ce qu’elles prĂ©fèrent, sans exception. En pratique, l’application de cette exception a fait en sorte que certaines femmes trans se sont vu refuser l’accès Ă une prison pour femmes en raison de risques hypothĂ©tiques. La discrimination et le risque pour la sĂ©curitĂ© de ces femmes dans les prisons pour hommes, en revanche, ne sont pas hypothĂ©tiques, mais fondĂ©s sur des preuves manifestes. »
Les sections ont formulĂ© un certain nombre de recommandations pour clarifier les formulations de la directive 100 et s’assurer qu’elle respecte les lois sur les droits de la personne ainsi que les protocoles antĂ©rieurs. Elles suggèrent Ă©galement d’ajouter un prĂ©ambule Ă la directive oĂą l’on viendrait prĂ©ciser que, en vertu du droit canadien, le SCC est tenu de respecter la dignitĂ© des personnes en fonction de leur identitĂ© et expression de genre et que ses politiques et programmes doivent rĂ©pondre aux besoins des personnes trans dĂ©tenues. [TRADUCTION] « Il serait utile d’expliquer le prĂ©judice causĂ© par les violations des droits de la personne chez les personnes trans, comme le fait de les mĂ©genrer, d’utiliser leur nom de naissance (de les morinommer) ou de rĂ©vĂ©ler qu’elles sont des personnes trans, en plus de la violence qu’elles subissent en prison. »