Le projet de loi C-92, dĂ©posĂ© devant la Chambre des communes en fĂ©vrier, a pour objet d’aider Ă concrĂ©tiser l’engagement pris par le gouvernement du Canada qui souhaite corriger les erreurs du passĂ© s’agissant du traitement des enfants autochtones.
La Section du droit des autochtones, la Section sur le droit des enfants et la Section du droit de la famille disent du projet de loi C-92, Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des MĂ©tis, qu’il constitue un pas dans la bonne direction, mais un pas dont les lacunes et les ambiguĂŻtĂ©s risquent de nuire Ă ses bonnes intentions.
Le projet de loi C-92 dĂ©coule d’un certain nombre de facteurs, Ă savoir les conclusions du Tribunal canadien des droits de la personne qui, en 2016, soulignait les graves injustices causĂ©es par le manque de financement des programmes du gouvernement fĂ©dĂ©ral conçu pour fournir des services aux enfants et aux familles vivant dans les rĂ©serves, les quatre ordonnances de non-conformitĂ© qui ont suivi ces conclusions, les cinq premiers appels Ă l’action de la Commission de vĂ©ritĂ© et rĂ©conciliation qui soulignent « l’Ă©tat dĂ©plorable des services Ă l’enfance et Ă la famille destinĂ©s aux enfants et aux familles », et une dĂ©claration faite en 2017 par le ministre des Services aux Autochtones qui a qualifiĂ© l’Ă©tat des services Ă l’enfance et Ă la famille destinĂ©s Ă ce groupe de « crise humanitaire ».
Des dommages ont Ă©tĂ© causĂ©s aux communautĂ©s autochtones au fil du siècle dernier et depuis plus longtemps encore et « [b]ien que les autoritĂ©s gouvernementales aient reconnu les dommages causĂ©s, les amĂ©liorations visant la protection des enfants des Premières Nations, des Inuits et des MĂ©tis tardent Ă progresser », affirment les sections dans leur mĂ©moire.
Les sections expriment des recommandations pour améliorer le projet de loi.
- Son prĂ©ambule devrait engager expressĂ©ment le gouvernement Ă fournir un « financement prĂ©visible, stable, durable, fondĂ© sur les besoins et conforme aux principes de l’Ă©galitĂ© rĂ©elle » pour les services Ă l’enfance et Ă la famille dans les communautĂ©s autochtones en remplaçant l’expression « reconnaĂ®t la demande constante d’obtention d’un » par « s’engage Ă fournir un ».
- Il faudrait ajouter un renvoi Ă l’indĂ©pendance des mĂ©canismes de rĂ©solution des diffĂ©rends.
- Le prĂ©ambule devrait mentionner l’affirmation du Parlement du droit des enfants autochtones au bien-ĂŞtre et Ă la sĂ©curitĂ© physiques, psychologiques et affectifs.
- Le prĂ©ambule devrait mentionner expressĂ©ment les obligations internationales qui incombent au gouvernement fĂ©dĂ©ral en vertu de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant et de la DĂ©claration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
- La dĂ©finition de l’expression « fournisseur de soins » devrait exclure les parents de famille d’accueil dont le seul lien avec l’enfant autochtone provient d’un service de protection et de placement des enfants.
- La continuitĂ© des soins prodiguĂ©s Ă l’enfant et « l’incidence probable de l’interruption de ceux-ci sur l’enfant et les incidences sur l’enfant du retard Ă formuler des conclusions dĂ©finitives Ă l’Ă©gard d’un dossier » devraient ĂŞtre ajoutĂ©es comme facteurs dont il faut tenir compte pour dĂ©terminer l’intĂ©rĂŞt supĂ©rieur de l’enfant.
- Il faudrait que l’identitĂ© et l’expression de genre d’un enfant soient prises en compte au titre de ses besoins lors de l’Ă©valuation de son intĂ©rĂŞt supĂ©rieur.
Selon les sections, « [s]ans ces modifications pour rĂ©pondre aux prĂ©occupations importantes soulevĂ©es, le projet de loi C-92 risque de n’ĂŞtre rien de plus qu’une autre promesse creuse; pis encore, un instrument servant Ă perpĂ©tuer des torts Ă une autre gĂ©nĂ©ration d’enfants autochtones ».