Comme il sied sans doute Ă de la lĂ©gislation omnibus, les rĂ©ponses de la Section du droit pĂ©nal de l’ABC vont de « Parfait! » Ă « Pas question! », en passant un certain nombre de fois par « oui », « non » et « peut-ĂŞtre Ă condition que… ».
Le projet de loi, qui constitue la rĂ©ponse du gouvernement fĂ©dĂ©ral Ă l’arrĂŞt R. c. Jordan, porte sur les retards des tribunaux (ainsi que sur des rĂ©formes sans aucun lien avec ces retards, telles que la violence entre partenaires intimes) et comporte des propositions qui « auraient pour effet d’empirer, plutĂ´t que d’attĂ©nuer, les dĂ©lais judiciaires, tout en sacrifiant d’importantes protections procĂ©durales ».
Le 19 septembre, Tony Paisana et Kathryn Pentz ont comparu devant le ComitĂ© permanent de la justice et des droits de la personne pour appuyer le mĂ©moire de l’ABC (mĂ©moire en anglais; sommaire en français).
Les propositions approuvĂ©es avec enthousiasme portent sur les modifications du rĂ©gime de mise en libertĂ© sous caution, y compris la codification des principes qui obligent l’agent, le juge de paix ou le juge Ă envisager en premier lieu de libĂ©rer un dĂ©tenu dès que possible. Parmi les autres propositions ayant reçu un accueil favorable figurent celles qui exigent qu’il soit tenu compte de la surreprĂ©sentation des Autochtones et autres « populations vulnĂ©rables » dans le système judiciaire, que soit dĂ©couragĂ© le recours aux dĂ©pĂ´ts en argent et aux cautions, et que soit encouragĂ© un processus de mise en libertĂ© sous caution plus rationalisĂ©.
En revanche, la section s’oppose Ă la modification qui autoriserait la prĂ©sentation par la police d’un « Ă©lĂ©ment de preuve de routine » fourni au moyen d’un affidavit ou d’une dĂ©claration solennelle, affirmant que cela est « incompatible avec la jurisprudence actuelle, semble dĂ©tachĂ© de toute Ă©tude empirique et exacerberait vraisemblablement les problèmes de dĂ©lai ». Cette modification, qui porterait atteinte du droit de contre-interrogation, serait en outre ouverte Ă des contestations fondĂ©es sur la Charte.
La section n’est en outre pas d’accord avec les limites qu’imposerait le projet de loi C-75 aux enquĂŞtes prĂ©liminaires, les limitant aux infractions passibles d’une peine maximum d’emprisonnement Ă perpĂ©tuitĂ©. « Restreindre les enquĂŞtes prĂ©liminaires aux infractions rendant leur auteur passible d’emprisonnement Ă perpĂ©tuitĂ© est arbitraire, et la justification de cette distinction n’est pas manifeste. »
La section souligne que seulement un quart des affaires admissibles donnent lieu Ă une enquĂŞte prĂ©liminaire, et que seulement deux pour cent de toutes les comparutions devant les tribunaux servent Ă des enquĂŞtes prĂ©liminaires et que la vaste majoritĂ© de ces dernières nĂ©cessitent au plus deux jours. « Est, au mieux, hypothĂ©tique tout lien entre les dĂ©lais judiciaires et l’enquĂŞte prĂ©liminaire », affirme la section, qui souligne que ces enquĂŞtes ont une valeur pratique au sein du système de justice pĂ©nale. La section fait en outre remarquer l’absence manifeste d’une modification dans le projet de loi C-75 : celle qui prĂ©voirait une « rĂ©forme significative des dispositions lĂ©gislatives […] sur la dĂ©termination de la peine, particulièrement en ce qui a trait aux peines minimales obligatoires et Ă la possibilitĂ© d’ordonnances d’emprisonnement avec sursis ». Elle ajoute que toute analyse utile de la rĂ©duction des dĂ©lais judiciaires devrait comporter ces sujets importants compte tenu de leur effet considĂ©rable sur l’efficacitĂ© du système de justice pĂ©nale.