Le tout rĂ©cent scandale touchant la collecte de renseignements par Cambridge Analytics et Facebook a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lateur pour bien des gens quant au volume de donnĂ©es qui existent et peuvent ĂŞtre recueillies, ainsi qu'Ă l’utilisation qu’on peut en faire.
Les mĂ©gadonnĂ©es Ă©voquent habituellement l’aspect commercial – c’est-Ă -dire, qu’on y pense en lien avec les entreprises qui trouvent des moyens d’utiliser les renseignements personnels des clients pour accroĂ®tre leur rentabilitĂ©. Toutefois, les mĂ©gadonnĂ©es ne sont plus seulement l’apanage des grandes entreprises, alors que les partis politiques engloutissent aussi les donnĂ©es sur les Canadiens et les Canadiennes; toutefois, ces derniers le font presque sans retenue puisqu’ils ne sont pas assujettis aux restrictions imposĂ©es dans le monde des affaires.
« Les partis politiques ne sont pas assujettis aux lois fĂ©dĂ©rales de protection de la vie privĂ©e », affirme la Section du droit de la vie privĂ©e et de l’accès Ă l’information de l’ABC, dans une lettre portant sur le projet de loi C-50, Loi modifiant la Loi Ă©lectorale du Canada. Elle souligne que bien que ces lois visent Ă protĂ©ger la vie privĂ©e des personnes canadiennes dans presque toutes les sphères, les partis politiques ne sont en effet touchĂ©s ni par la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents Ă©lectroniques (LPRPDE), ni par la Loi sur la protection des renseignements personnels, ni par la lĂ©gislation en matière de courriels non sollicitĂ©s.
« Ce vide lĂ©gislatif n’est pas nĂ©gligeable, compte tenu de la masse de renseignements personnels que les partis politiques fĂ©dĂ©raux recueillent, utilisent et communiquent sans le consentement des premiers intĂ©ressĂ©s », poursuit la section. « Le renseignement Ă©lectoral a pris des proportions considĂ©rables, et la loi [en matière de protection des renseignements personnels] se doit de se tenir Ă jour. »
La Section propose quelques recommandations en vue de combler ce vide législatif, notamment :
- modifier la Loi Ă©lectorale du Canada (LEC) afin de limiter la collecte, l’utilisation et la communication de renseignements personnels dans le contexte des activitĂ©s politiques; et
- assujettir les partis politiques à des règles plus strictes en matière de protection des renseignements personnels, et ce, même hors de la période électorale.
La section fait remarquer que les partis politiques ont un intĂ©rĂŞt Ă recueillir, au sujet des citoyennes et des citoyens, des renseignements « dont une partie seulement est expressĂ©ment couverte et encadrĂ©e par la LEC ». Qui plus est, les membres du personnel des campagnes Ă©lectorales ont accès Ă une importante quantitĂ© de donnĂ©es personnelles sans avoir nĂ©cessairement reçu une formation sur la protection de ces donnĂ©es.
Élections Canada aussi a recommandĂ© que des modifications soient apportĂ©es Ă la LEC afin que les partis politiques soient assujettis aux principes de la protection des renseignements personnels rĂ©gissant la plupart des institutions et des organismes canadiens, et afin d’exiger que ces partis fassent preuve de « diligence raisonnable » lorsqu’ils donnent accès Ă leurs bases de donnĂ©es sur les Ă©lecteurs.
La section invite le Parlement Ă envisager d’apporter les changements proposĂ©s Ă la LEC, et l’encourage Ă©galement Ă tenir des « Ă©tudes plus approfondies visant Ă ce que soient Ă©laborĂ©s des mĂ©canismes de protection des donnĂ©es qui concourent Ă la dĂ©mocratie et protègent le droit Ă la vie privĂ©e des Ă©lectrices et Ă©lecteurs du Canada ».