Les mesures sĂ©vères de la Loi accĂ©lĂ©rant le renvoi de criminels Ă©trangers de 2013 (LARCE) seront exacerbĂ©es lorsque le projet de loi C-46 rĂ©cemment adoptĂ© entrera en vigueur, affirme la Section du droit de l’immigration de l’ABC. Le gouvernement devrait agir maintenant pour prĂ©venir l’effet prĂ©judiciable que cela aura sur les immigrants.
En vertu de la loi de 2013, toute personne qui a Ă©tĂ© reconnue coupable d’un crime au Canada et qui a Ă©tĂ© condamnĂ©e Ă six mois de prison – une rĂ©duction par rapport aux peines de deux ans qui prĂ©valaient antĂ©rieurement – s’est vue retirer son droit d’appel devant la Section d’appel de l’immigration pour des motifs « d’actes criminels graves ». La loi prive Ă©galement de ce droit les rĂ©sidents permanents et les ressortissants Ă©trangers qui ont Ă©tĂ© condamnĂ©s pour des infractions Ă l’Ă©tranger, indĂ©pendamment de la peine imposĂ©e. Il ne s’agit que de deux des motifs expliquant l’opposition de la section au projet de loi. La section a aussi soulevĂ© des objections Ă l’Ă©gard du projet de loi C-46 avant son adoption.
[TRADUCTION] « L’abrogation des mesures sĂ©vères qui sont entrĂ©es en vigueur par le biais de la LARCE est depuis longtemps attendue », a affirmĂ© la section dans un rĂ©cent mĂ©moire s’adressant au gouvernement. « La situation est maintenant critique, compte tenu de l’adoption rĂ©cente du projet de loi C-46, qui augmente les peines prĂ©vues au Code criminel pour les infractions de conduite avec facultĂ©s affaiblies, avec la consĂ©quence non intentionnelle, semblerait-il, de les classer dorĂ©navant dans la catĂ©gorie des “actes criminels graves” sous le rĂ©gime de la LIPR. »
Par exemple, pour un citoyen canadien, une première infraction sous le rĂ©gime du projet de loi C-46 peut entraĂ®ner une amende de 1 000 dollars, alors que pour un rĂ©sident permanent, la peine peut ĂŞtre la dĂ©portation et la sĂ©paration de sa famille, possiblement sans droit d’appel.
La section formule une sĂ©rie de recommandations visant Ă abroger les mesures sĂ©vères qui sont entrĂ©es en vigueur par le biais de la LARCE et Ă attĂ©nuer l’effet composĂ© du projet de loi C-46, qui amplifie plus qu’il ne le devrait la gravitĂ© des consĂ©quences sur l’immigration en se concentrant sur la peine potentielle maximale liĂ©e Ă l’infraction et non sur les faits relatifs Ă l’affaire.
Voici quelques-unes des recommandations qu’a formulĂ©es la section :
- Renversement du seuil de la perte du droit d’appel afin qu’il s’applique aux peines de deux ans, et non Ă celles de six mois.
- Modification de la LIPR pour qu’elle stipule qu’une infraction de conduite avec facultĂ©s affaiblies n’Ă©quivaut pas Ă un acte criminel grave pouvant entraĂ®ner l’interdiction de territoire.
- Retrait de tout obstacle de la mesure de redressement des considĂ©rations d’ordre humanitaire pour les personnes rĂ©putĂ©es interdites de territoire.
- Inclusion d’une exception relativement au seuil d’application de la sanction de dix ans dans les cas de conduite avec facultĂ©s affaiblies oĂą il n’y a pas de lĂ©sions corporelles graves ou de dĂ©cès, ce qui maintiendrait l’admissibilitĂ© Ă une rĂ©habilitation prĂ©sumĂ©e.
- Élaboration de politiques et de procédures afin de veiller à ce que les ressortissants étrangers et les résidents permanents ne soient pas affectés de façon disproportionnée par les sanctions accrues liées aux infractions de conduite avec facultés affaiblies.
[TRADUCTION] « Manifestement, l’intention du projet de loi C-46 est d’envoyer un message sans Ă©quivoque que la conduite avec facultĂ©s affaiblies est inacceptable », Ă©crit la section. « Toutefois, les consĂ©quences sur l’immigration pour les non-citoyens sont sĂ©vères et hors de proportion. »