Loi sur les produits de la criminalité : le secret professionnel n’y a pas sa place

  • 25 avril 2018

Le blanchiment d’argent et le financement des activitĂ©s terroristes font partie des prĂ©occupations des responsables des orientations politiques et des organes de rĂ©glementation ce printemps, alors que le gouvernement fĂ©dĂ©ral effectue un examen lĂ©gislatif de la Loi sur le recyclage des produits de la criminalitĂ© et le financement des activitĂ©s terroristes, et que la FĂ©dĂ©ration des ordres professionnels de juristes du Canada propose des modifications Ă  ses règles types portant sur ce sujet.

L’ABC s’exprime sur la question depuis longtemps : elle a participĂ© Ă  l’Ă©laboration de la première loi sur les produits de la criminalitĂ© au Canada et a, depuis, offert ses commentaires sur les changements lĂ©gislatifs et rĂ©glementaires proposĂ©s, affirmant toujours que les lois doivent protĂ©ger le secret professionnel de l’avocat. L’ABC est intervenue dans l’affaire Canada (Procureur gĂ©nĂ©ral) c. FĂ©dĂ©ration des ordres professionnels de juristes du Canada, dans laquelle la Cour suprĂŞme a confirmĂ© que la lĂ©gislation sur les produits de la criminalitĂ© ne peut imposer aux avocats des obligations qui enfreignent leur obligation envers les causes de leurs clients.

Dans sa lettre commentant le rĂ©cent examen lĂ©gislatif de la Loi sur le recyclage des produits de la criminalitĂ© et le financement des activitĂ©s terroristes, l’ABC souligne que malgrĂ© le soutien qu’elle apporte aux objectifs du gouvernement de prĂ©vention du blanchiment d’argent, les efforts de celui-ci doivent ĂŞtre dĂ©ployĂ©s dans le contexte de la protection des droits et libertĂ©s individuels de l’ensemble de la population.

« Du moment oĂą une loi ou un règlement oblige l’avocat Ă  surveiller son client et Ă  recueillir des renseignements Ă  son sujet pour l’État, le devoir de loyautĂ© est minĂ© et l’indĂ©pendance du barreau, gravement affaiblie », affirme la lettre.

« L’ABC tient Ă  prĂ©server ce qui a si bien servi Ă  protĂ©ger les libertĂ©s et l’administration de la justice au Canada : le droit de tout client de se confier Ă  son avocat en sachant que ses paroles en resteront lĂ . C’est un Ă©lĂ©ment fondamental de l’accès Ă  la justice, car les personnes aux prises avec un enjeu de nature juridique doivent pouvoir consulter un professionnel sans crainte aucune. »

Finances Canada et le Groupe d'action financière « allèguent que les avocats et les avocates constituent un maillon faible dans la lutte contre le blanchiment d’argent », mais l’ABC n’est pas du tout d’accord avec ce point de vue et affirme que l’Ă©crasante majoritĂ© des avocats et des avocates « souscrit aux plus hautes normes lĂ©gales et Ă©thiques » et qu’ils devraient continuer Ă  le faire en tant que profession auto rĂ©glementĂ©e.

Selon la lettre, l’ABC participe Ă  l’examen « rigoureux » des règles types effectuĂ© par la FOPJC concernant le blanchiment d’argent. Ă€ cette fin, l’Association a Ă©crit (uniquement en anglais) Ă  la FĂ©dĂ©ration  pour lui offrir ses commentaires concernant, d’une part, les propositions de modification des règles types portant sur le « non-versement en espèces » et sur les normes de « vĂ©rification et d’identification des clients », et d’autre part, la nouvelle règle type sur la « comptabilitĂ© de fiducie ».

L’ABC recommande que les règles types sur la comptabilitĂ© de fiducie ne soient pas si strictes qu’elles ne puissent ĂŞtre adoptĂ©es Ă  l’Ă©chelle du pays, faisant remarquer que certaines provinces autorisent les avocats et les avocates Ă  utiliser les comptes de fiducie lorsqu’ils agissent en qualitĂ© de mandataires, et soulignant les domaines dans lesquels le libellĂ© doit ĂŞtre soit clarifiĂ©, soit adaptĂ©. Elle recommande en outre de modifier la règle sur le non-versement en espèces pour y inclure les espèces que reçoit un avocat ou une avocate lorsque cette personne agit en tant que mandataire.

S’agissant de l’identification et de la vĂ©rification des clients, l’ABC prĂ©sente un certain nombre d’arguments au sujet de ces modifications particulières. De façon gĂ©nĂ©rale, elle dĂ©fend une approche [TRADUCTION] « neutre du point de vue de la technologie et indiffĂ©rente au dispositif ». Citant une rĂ©cente Ă©tude du Bureau de la concurrence, elle affirme que « [l]es dĂ©cideurs politiques devraient Ă©laborer les règlements en fonction des rĂ©sultats attendus, et non de règles strictes sur la façon d'atteindre ces rĂ©sultats ». Les règles ne devraient pas ĂŞtre rigoureuses au point de limiter la possibilitĂ© d’innover Ă  une Ă©poque oĂą les nouvelles technologies poussent comme des champignons.

[TRADUCTION] « Nous encourageons la FOPJC Ă  progresser vers une approche moderne fondĂ©e sur le risque qui permette aux avocats et aux avocates d’utiliser des mĂ©thodes d’identification et de vĂ©rification des clients qu’ils jugent raisonnables au regard de leurs responsabilitĂ©s plutĂ´t que de prescrire des règles limitĂ©es par la technologie et dans le temps. »

 

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