Le Programme des divulgations volontaires (PDV) de l’Agence du revenu du Canada (ARC) est gĂ©nĂ©ralement reconnu comme Ă©tant un projet gagnant-gagnant – le PDV offre Ă ceux qui ont commis des erreurs dans leurs dĂ©clarations d’impĂ´ts l’occasion de les corriger, et l’ARC perçoit des impĂ´ts qui, sans cela, demeureraient impayĂ©s.
Cependant, certaines modifications proposĂ©es au PDV sont susceptibles d’Ă©branler cet Ă©quilibre et pourraient, lorsqu’il s’agit d’entreprises qui se font payer la taxe sur les produits et services (TPS) et la taxe de vente harmonisĂ©e (TVH), mener Ă des sanctions plus lourdes que si les erreurs avaient Ă©tĂ© constatĂ©es dans le cadre d’une vĂ©rification menĂ©e par l’ARC.
L’Association du Barreau canadien (ABC) a prĂ©sentĂ© quatre mĂ©moires diffĂ©rents en rĂ©action aux modifications au PDV proposĂ©es par l’ARC : un de ces mĂ©moires (disponible uniquement en anglais), prĂ©sentĂ© par le ComitĂ© mixte sur la fiscalitĂ© de l’ABC et de Comptables professionnels agrĂ©Ă©s du Canada (le ComitĂ© mixte), traite principalement des effets sur les contribuables particuliers; un deuxième de ces mĂ©moires (disponible uniquement en anglais), prĂ©sentĂ© par la Section nationale de l’ABC du droit de la taxe Ă la consommation, des douanes et du commerce (la Section du droit de la taxe Ă la consommation), porte essentiellement sur les rĂ©percussions pour les entreprises qui obtiennent le paiement de la TPS/TVH; des deux autres mĂ©moires, prĂ©sentĂ©s par la Section nationale de l’ABC du droit des organismes de bienfaisance et Ă but non lucratif (la Section du droit des organismes de bienfaisance), l’un demande que le PDV et la version prĂ©liminaire de la circulaire d’information soient modifiĂ©s de façon Ă s’appliquer aux organismes Ă but non lucratif (disponible uniquement en anglais), et l’autre fait valoir que les organismes de bienfaisance enregistrĂ©s ne devraient pas ĂŞtre assujettis au PDV (disponible uniquement en anglais).
Les deux lettres envoyĂ©es par la Section du droit des organismes de bienfaisance sont brèves et concises, alors que les mĂ©moires prĂ©sentĂ©s par les deux autres groupes entrent beaucoup plus dans les dĂ©tails de la proposition du gouvernement. Si l’un de ces deux derniers mĂ©moires traite avant tout de contribuables particuliers et l’autre d’entreprises, les deux dĂ©gagent un grand nombre de conclusions gĂ©nĂ©rales identiques.
Dans l’ensemble, les deux plus longs mĂ©moires donnent l’impression que les modifications proposĂ©es ont Ă©tĂ© appliquĂ©es Ă un système relativement Ă©quitable et performant – qui avait peut-ĂŞtre besoin d’un lĂ©ger ajustement – et l’ont transformĂ© en un système manifestement injuste.
Si les modifications proposĂ©es cadrent avec l’intention dĂ©clarĂ©e du gouvernement de sĂ©vir contre les fraudeurs du fisc, Ă la fois le ComitĂ© mixte et la Section du droit de la taxe Ă la consommation conviennent que ces modifications auront plutĂ´t l’effet contraire, soit d’encourager les gens Ă ne pas rapporter les erreurs qu’ils dĂ©couvrent.
Le ComitĂ© mixte relève que [TRADUCTION] « [l]es avantages du PDV, dont bĂ©nĂ©ficient tous les Canadiens et Canadiennes, comprennent les recettes fiscales qui en rĂ©sultent, ainsi que l’accroissement de la probabilitĂ© que les contribuables qui participent au PDV respectent Ă l’avenir les exigences des lois applicables ». Le ComitĂ© mixte note que les modifications suggĂ©rĂ©es semblent signaler un changement de politique, dĂ©laissant l’approche « de la carotte et du bâton » en faveur de l’approche du seul « bâton », et que le système Ă deux niveaux qui est proposĂ© provoquera de l’incertitude quant Ă l’issue de toute divulgation volontaire.
Le ComitĂ© mixte fait valoir que [TRADUCTION] « [c]ette incertitude accroĂ®t la probabilitĂ© que les contribuables contrevenants seront davantage disposĂ©s Ă continuer de prendre le risque de ne pas se conformer aux exigences de la loi au lieu de faire face Ă une issue imprĂ©visible en participant au PDV ».
Le fait d’exclure certains groupes des bĂ©nĂ©fices du PDV en raison des caractĂ©ristiques du groupe plutĂ´t qu’en raison d’Ă©lĂ©ments de fait qui attestent d’une conduite coupable viole [traduction] « le principe fondamental d’Ă©quitĂ© sur lequel est fondĂ© notre système d’administration fiscale et auquel souscrit le gouvernement », ajoute le ComitĂ© mixte.
Pour ce qui est de la TPS/TVH, la Section du droit de la taxe à la consommation (la Section) relève que le PDV est utilisé quasiment exclusivement par des fournisseurs qui cherchent à corriger des erreurs commises par inadvertance en facturant, percevant ou payant la TPS/TVH.
[TRADUCTION] « Nous sommes conscients que le PDV vise ni Ă rĂ©compenser le non-respect des exigences de la loi, ni Ă permettre aux demandeurs de se soustraire intentionnellement Ă leurs obligations juridiques », souligne la Section. « Cependant, lorsqu’un contribuable procède Ă une divulgation volontaire en vertu du PDV, il ne devrait pas se retrouver dans une situation qui est pire que celle qu’il aurait connue si le problème avait Ă©tĂ© dĂ©celĂ© dans le cadre d’une vĂ©rification. »
Selon l’avis de la Section, il n’est pas raisonnable de s’attendre Ă ce que les contribuables fassent volontairement des divulgations dans un tel contexte.
Et c’est exactement ce qui pourrait se passer si certaines des modifications proposĂ©es Ă©taient mises en vigueur, Ă©crit la Section, en mentionnant, Ă titre d’exemple, les cas oĂą l’erreur date de plus de quatre ans et oĂą aucune fausse dĂ©claration n’est en cause [TRADUCTION] : « les obligations relatives Ă la TPS/TVH auxquelles pourraient faire face un fournisseur qui divulgue volontairement une erreur et dont la demande est traitĂ©e dans le cadre de la troisième voie du PDV seraient plus importantes que si ce fournisseur assumait les risques d’une vĂ©rification normale en matière de TPS/TVH. »
Le ComitĂ© mixte et la Section du droit de la taxe Ă la consommation formulent certaines suggestions visant la clarification de textes ambigus et l’Ă©limination complète de certaines sections. Les deux groupes encouragent le gouvernement Ă prĂ©server les divulgations anonymes et ne pensent pas que les conseillers et conseillères devraient ĂŞtre nommĂ©s dans une demande relative au PDV.