Le 11 mai, l’ABC a comparu devant le ComitĂ© sĂ©natorial des affaires juridiques et constitutionnelles pour exhorter Ă la promulgation d’un projet de loi dont elle dit qu’il a Ă©tĂ© « dĂ©battu devant le Parlement pendant bien trop longtemps ».
Marie-Laure Leclercq, la première membre d’un grand cabinet juridique de MontrĂ©al Ă vivre une transition tout en exerçant, et l’avocate spĂ©cialisĂ©e en droit de l’emploi, Siobhan O’Brien, ont comparu devant le ComitĂ© au nom de l’ABC pour soutenir le projet de loi C-16 qui modifierait la Loi canadienne sur les droits de la personne (LCDP) pour ajouter l’identitĂ© de genre et l’expression de genre Ă la liste des motifs de discrimination illicite, et le Code criminel pour les inclure dans la dĂ©finition des crimes motivĂ©s par la haine et comme circonstance aggravante lors de la dĂ©termination de la peine.
Lorsque la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, a dĂ©posĂ© le projet de loi l’an dernier, c’Ă©tait la septième fois en dix ans que les parlementaires avaient essayĂ© d’inclure l’identitĂ© de genre et l’expression de genre dans la liste d’Ă©tats protĂ©gĂ©s. C’Ă©tait cependant la première fois qu’un gouvernement au pouvoir le faisait.
« Les dĂ©putĂ©s, les sĂ©nateurs et des dizaines de tĂ©moins, dont l’ABC, ont tous eu l’occasion d’ĂŞtre entendus dans la longue saga des efforts parlementaires pour procurer des protections juridiques aux personnes transgenres », dĂ©clare l’ABC dans son mĂ©moire, une lettre adressĂ©e par le prĂ©sident de l’Association, RenĂ© Basque, Ă Bob Runciman, le sĂ©nateur qui prĂ©side le comitĂ©. La lettre porte sur les deux principaux arguments avancĂ©s contre le projet de loi : qu’il mettra encore plus en danger les femmes et les enfants, et qu’il restreindra la libertĂ© d’expression.
La dernière fois qu’un projet de loi sur ce sujet est parvenu devant le SĂ©nat, il a fait les manchettes sous le sobriquet « loi sur l'accès aux toilettes » après qu’un comitĂ© sĂ©natorial a ajoutĂ© un certain nombre de modifications visant Ă restreindre l’accès aux toilettes et vestiaires publics, faisant fi de l’intention du projet de loi Ă toutes fins utiles.
La suggestion que la promulgation de ce projet de loi mettrait les femmes et les enfants en danger lorsqu’ils utilisent les toilettes et vestiaires publics « a Ă©tĂ© examinĂ©e attentivement par le Parlement. Elle n’a aucun fondement juridique, scientifique ou factuel », affirme le mĂ©moire, qui ajoute que les personnes qui ont besoin de protection sont les personnes transgenres, « qui craignent pour leur sĂ©curitĂ© dans les lieux publics en raison de la façon dont les autres les perçoivent ».
Le deuxième argument contre le projet de loi, Ă savoir qu’il restreindrait la libertĂ© d’expression des personnes qui s’opposent Ă certains concepts relève d’une « mauvaise comprĂ©hension de la lĂ©gislation sur les droits de la personne et les crimes haineux », affirme le mĂ©moire.
« La modification de la LCDP n’entravera pas l’expression des citoyens privĂ©s », affirme le mĂ©moire. « Elle n’empĂŞchera pas non plus l’Ă©volution des dĂ©bats acadĂ©miques au sujet du sexe et du genre, de la race et de l’ethnicitĂ©, de la nature ou de la culture ainsi que d’autres enquĂŞtes sincères et permanentes qui marquent notre quĂŞte commune de comprĂ©hension de la condition humaine. »
En revanche, cela permettra de protĂ©ger l’une des minoritĂ©s les plus vulnĂ©rables du Canada. Le gouvernement fĂ©dĂ©ral est le seul parmi les gouvernements au Canada Ă ne pas avoir actuellement de lĂ©gislation protĂ©geant l’identitĂ© de genre et l’expression de genre, ou les deux (un projet de loi Ă cet Ă©gard au Yukon a Ă©tĂ© adoptĂ© en deuxième lecture).
L’ABC exhorte le SĂ©nat Ă adopter le projet de loi C-16 sans le modifier.