L’Association du Barreau canadien est ravie par la remise en vigueur du Programme de contestation judiciaire. Il a jouĂ© un rĂ´le essentiel dans la constitution d’une jurisprudence novatrice sur l’Ă©galitĂ© et les droits linguistiques au Canada.
Cela dit, le programme remis en Ĺ“uvre et modernisĂ© tel qu’il est proposĂ©, particulièrement la dĂ©cision d’Ă©tendre sa portĂ©e et la rĂ©itĂ©ration de l’exclusion des droits ancestraux et droits issus des traitĂ©s, a soulevĂ© quelques prĂ©occupations.
Dans une lettre (disponible uniquement en anglais) adressĂ©e Ă la ministre du Patrimoine canadien, le prĂ©sident RenĂ© Basque dĂ©clare que lorsque l’ABC a exhortĂ© le gouvernement, dans un mĂ©moire rĂ©digĂ© en 2016, Ă Ă©tendre le programme, le problème n’Ă©tait pas que le financement Ă©tait limitĂ© aux contestations portant sur des droits Ă l’Ă©galitĂ©, mais bien plutĂ´t que dans n’importe quel cas, le financement ne serait disponible que pour la portion portant sur ces droits, Ă l’exclusion de toute autre partie de la demande.
[TRADUCTION] « Affecter le financement exclusivement aux droits Ă l’Ă©galitĂ© causait des difficultĂ©s aux plaideurs et Ă leurs avocats », a Ă©crit le prĂ©sident Basque, soulignant que les plaideurs prĂ©sentent frĂ©quemment les droits Ă l’Ă©galitĂ© en vertu de l’article 15 dans le cadre d’arguments plus complexes fondĂ©s sur la Charte visant des libertĂ©s fondamentales ou des droits leur Ă©tant accordĂ©s par la loi, comme c’Ă©tait le cas dans les affaires Carter, Downtown Eastside Sex Workers United Against Violence et Charkaoui.
La perspective de demandes autonomes prĂ©sentĂ©es en vertu des articles 2, 3 et 7 de la Charte inquiète l’ABC. [TRADUCTION] « Financer les demandes qui ne sont pas fondĂ©es sur l’article 15 en vertu de la portion du Programme visant les droits de la personne ouvre la porte au financement de demandes fondĂ©es sur la Charte qui pourraient gravement nuire Ă l’objectif visĂ© par votre gouvernement, et appuyĂ© par l’ABC, de dĂ©velopper une sociĂ©tĂ© canadienne plus diverse, plus inclusive et plus Ă©quitable au lieu de renforcer cet objectif. »
L’ABC demande au gouvernement de clarifier le fait que toute demande prĂ©sentĂ©e au Programme doit inclure une demande en vertu de l’article 15 ou, Ă tout le moins, doit correspondre aux valeurs d’Ă©galitĂ© prĂ´nĂ©es par la Charte dans son article 28.
[TRADUCTION] « Les ressources limitĂ©es Ă©tant dĂ©jĂ rĂ©parties entre des demandes concurrentes, il importe que si le Programme est Ă©tendu au-delĂ des domaines des droits Ă l’Ă©galitĂ© et des droits des minoritĂ©s de langue officielle, ses objectifs spĂ©cifiquement Ă©noncĂ©s soient d’amĂ©liorer l’accès Ă la justice des groupes dĂ©savantagĂ©s de longue date et des communautĂ©s minoritaires utilisant les langues officielles. » Le mandat devrait explicitement exiger que le financement soit accordĂ© aux dossiers pouvant amĂ©liorer les conditions sociales de ces groupes.
S’agissant des groupes dĂ©savantagĂ©s de longue date, l’ABC souhaite que les droits ancestraux et les droits issus des traitĂ©s soient inclus, de pair avec les droits de la personne et les droits linguistiques, en tant que domaines de financement en vertu du Programme.
L’ABC loue la mesure prise par le gouvernement laissant les dĂ©cisions quant au financement entre les mains de deux comitĂ©s importants, Ă savoir un comitĂ© d’experts chargĂ© des droits de la personne et un comitĂ© d’experts chargĂ© des droits en matière de langues officielles. Elle appuie en outre le fait que les personnes nommĂ©es Ă ces comitĂ©s devront avoir Ă©tabli leur engagement envers la promotion de l’Ă©galitĂ© et de l’accès Ă la justice.