Lorsque le gouvernement prĂ©cĂ©dent a promulguĂ© sa Loi antiterroriste de 2015, mieux connue dans certains cercles comme le très controversĂ© projet de loi C-51, les libĂ©raux ont votĂ© en sa faveur, disant qu’ils corrigeraient les erreurs qu’elle contient une fois Ă©lus.
Un an après avoir assumĂ© le pouvoir, le gouvernement libĂ©ral a commencĂ© Ă s’acquitter de sa promesse sous la forme du dĂ©pĂ´t du projet de loi C-22, pour crĂ©er un ComitĂ© des parlementaires sur la sĂ©curitĂ© nationale et le renseignement, et de la publication de son Livre vert sur la sĂ©curitĂ© nationale l’automne dernier pour stimuler la discussion sur la question et sur les politiques, procĂ©dures et lois qui doivent ĂŞtre mises en place pour lutter contre le terrorisme.
S’agissant du projet de loi C-51, l’ABC a convenu qu’il importe de protĂ©ger la population canadienne contre les actes de terrorisme. Cependant, c’Ă©tait l’un des rares terrains d’entente avec un projet de loi qui, selon elle, Ă©tait Ă certains importants Ă©gards, inconstitutionnel.
Dans sa rĂ©ponse au Livre vert, l’ABC exprime son inquiĂ©tude quant au fait que le gouvernement actuel pourrait ne pas apporter de solution Ă ses prĂ©occupations.
Selon l’ABC, le Livre vert comporte un grand nombre de scĂ©narios qui questionnent sur les rĂ©ponses appropriĂ©es de l’État face Ă des menaces supposĂ©es. Il n’indique pas la façon dont la lĂ©gislation proposĂ©e pourrait nuire aux droits civils, prĂ©sentant par consĂ©quent une vue dĂ©sĂ©quilibrĂ©e qui ne permet pas au lecteur de prendre des dĂ©cisions en pleine connaissance de cause.
[TRADUCTION] « L’ABC convient que la protection de la sĂ©curitĂ© des Canadiens et des Canadiennes et la protection des valeurs constitutionnelles de la population du Canada sont des responsabilitĂ©s du gouvernement fĂ©dĂ©ral tout aussi fondamentales l’une que l’autre », affirme le mĂ©moire (disponible uniquement en anglais).
« Malheureusement, les scĂ©narios prĂ©sentĂ©s dans le Livre vert semblent favoriser la mise en Ĺ“uvre des articles les plus controversĂ©s du projet de loi C-51, malgrĂ© l’engagement du gouvernement Ă le rĂ©examiner minutieusement ».
Le mĂ©moire de l’ABC prĂ©sente 23 recommandations dans des domaines incluant la responsabilisation, la prĂ©vention de la radicalisation, les incidences du partage des renseignements sur les droits Ă la vie privĂ©e, et les mesures de lutte contre le terrorisme ajoutĂ©es au Code criminel par la Loi antiterroriste de 2015.
Le mĂ©moire exhorte Ă la mise en place de solides mĂ©canismes de contrĂ´le des agences de sĂ©curitĂ© nationale du Canada et d’un « mĂ©canisme complet d’examen de l’infrastructure de sĂ©curitĂ© nationale dans son ensemble ». Il exhorte en outre le gouvernement Ă modifier les dispositions sur le mandat judiciaire prĂ©vues dans la Loi antiterroriste de 2015 « pour que les mandats dĂ©livrĂ©s par le SCRS ne puissent en aucun cas violer la Charte » et Ă modifier la Loi de façon Ă ce que le SCRS ne puisse ni dĂ©tenir arbitrairement des personnes, ni leur infliger des sĂ©vices psychologiques; deux catĂ©gories de mesures qui ne font actuellement, ni l’une ni l’autre, l’objet d’interdictions expresses.
Tout comme le mĂ©moire de 2015 au sujet du projet de loi C-51, le rĂ©cent mĂ©moire de l’ABC signale que les organismes de bienfaisance enregistrĂ©s peuvent considĂ©rer la lĂ©gislation antiterroriste comme « excessivement vaste et peu claire ».
[TRADUCTION] « Les reprĂ©sentants des organismes de bienfaisance qui opèrent sur la scène internationale signalent frĂ©quemment qu’un manque de règles ou de directives claires venant du gouvernement fĂ©dĂ©ral se traduit par le fait qu’ils ne savent pas avec certitude comment se conformer Ă la lĂ©gislation antiterroriste canadienne », affirme le mĂ©moire. « Les juristes ne peuvent pas assurer aux organismes de bienfaisance en toute sĂ©curitĂ© que le fait d’adopter, de mettre en Ĺ“uvre et de respecter une politique complète de lutte contre le terrorisme qui impose aux projets, aux partenaires et aux donateurs de faire preuve de la diligence requise constituera une dĂ©fense suffisante face Ă des allĂ©gations de facilitation du terrorisme, directement ou indirectement. »
Le mĂ©moire prĂ©sente un certain nombre de recommandations concernant l’apport de modifications pour rĂ©gler ce problème, y compris la mise en place « d’une exigence claire de mens rea », c’est-Ă -dire que l’organisme de bienfaisance doit savoir que ses ressources seront utilisĂ©es Ă mauvais escient, et l’Ă©tablissement de directives qui leur permettront de « prouver la diligence requise dans le cadre de la conformitĂ© Ă la lĂ©gislation antiterroriste ».