À quel moment le système judiciaire devient-il injuste pour les quelque un Canadien sur dix qui ont un casier judiciaire?
Selon les personnes auxquelles vous vous adressez, on pourrait dĂ©celer des injustices Ă toutes les Ă©tapes du processus : dĂ©tentions prolongĂ©es, retard des instances, financement inadĂ©quat de l’aide juridique et surpopulation des prisons ne sont que quelques-unes des illustrations de la façon dont le système judiciaire fonctionne au dĂ©triment de ceux qui s’y trouvent.
Une personne qui a purgé sa peine et est retournée dans la communauté peut trouver difficile de se débarrasser du stigma attaché à cette condamnation. En fait, même les personnes dont les accusations ont été suspendues peuvent ressentir les effets négatifs de leur démêlé avec le système.
En aoĂ»t, le Conseil de l’ABC a adoptĂ© une rĂ©solution exhortant le gouvernement fĂ©dĂ©ral Ă apporter des changements au processus actuel de pardon.
En décembre, la Section du droit pénal a écrit (disponible uniquement en anglais) au Directeur, Division des affaires correctionnelles et de la justice pénale de Sécurité publique Canada pour réitérer son appel à la réforme du processus, affirmant que les pardons sont une partie essentielle de la politique de réhabilitation et de réinsertion adoptée de longue date par le Canada.
[TRADUCTION] « Loin d’ĂŞtre un “privilège” accordĂ© Ă une personne par un État bienveillant, le pardon a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© comme un Ă©lĂ©ment nĂ©cessaire pour remĂ©dier Ă l’injustice causĂ©e par le casier judiciaire Ă vie », affirme la lettre qui cite le mĂ©moire du cabinet Peck & Co. prĂ©sentĂ© dans l’affaire R. v Chu devant la Cour supĂ©rieure de la Colombie-Britannique.
Remarquant l’existence d’un certain nombre de rĂ©formes depuis 2013, les auteurs de la lettre affirment « qu’Ă tout le moins », le processus devrait ĂŞtre remis en l’Ă©tat oĂą il se trouvait avant 2013, y compris l’abandon de la nouvelle expression « suspension du casier » et la remise en vigueur du terme « pardon ».
[TRADUCTION] « L’accord d’un pardon aux dĂ©linquants une fois leur peine purgĂ©e lorsqu’ils ont dĂ©montrĂ© leur absence d’intention de rĂ©cidiver prĂ©sente en outre un intĂ©rĂŞt Ă l’Ă©chelle de la sociĂ©tĂ©. Le fait d’imposer des obstacles inutiles Ă une pleine et entière rĂ©insertion dans la sociĂ©tĂ© peut se traduire par des difficultĂ©s Ă obtenir un emploi, un logement et d’autres services. En revanche, l’accord du pardon peut incarner un nouveau dĂ©part pour le dĂ©linquant et l’inciter Ă Ă©viter d’adopter un style de vie qui lui vaudra de nouveau le stigma attachĂ© Ă la possession d’un casier judiciaire. »
Dans la lettre, il est soulignĂ© que les coĂ»ts connexes Ă la demande de pardon ont augmentĂ© de 421 % depuis 2013, crĂ©ant une lacune au niveau de l’accès Ă la justice. Or les dĂ©linquants les plus dĂ©munis, ceux qui risquent le plus d’avoir besoin d’un pardon pour trouver un emploi et se rĂ©insĂ©rer pleinement dans la sociĂ©tĂ©, sont dĂ©sormais ceux qui risquent le plus de ne pas pouvoir « se l’offrir » en raison de leur situation financière. [TRADUCTION] « S’ils n’ont aucune chance de trouver un emploi, ils n’ont aucune motivation pour poursuivre leur Ă©ducation, perfectionner leurs compĂ©tences, devenir de meilleurs citoyens ou payer des impĂ´ts plus Ă©levĂ©s en raison de revenus d’emploi supĂ©rieurs », affirme la lettre, qui recommande que les coĂ»ts soient Ă©liminĂ©s ou considĂ©rablement rĂ©duits, et que les pĂ©riodes d’attente soient de nouveau celles antĂ©rieures Ă 2013, c’est-Ă -dire entre trois et cinq ans.
La section affirme qu’elle appuierait une politique comportant un pardon automatique, sans nĂ©cessitĂ© de prĂ©senter de demande ou d’acquitter des frais, pour toute personne qui ne rĂ©cidive pas dans une pĂ©riode donnĂ©e ou lorsque l’acte pour lequel elle a Ă©tĂ© condamnĂ©e n’est plus illicite, comme cela a Ă©tĂ© fait avec succès au Royaume-Uni depuis 1974. [TRADUCTION] « Ce rĂ©gime pourrait convenir aux personnes condamnĂ©es pour des infractions punissables par procĂ©dure sommaire, des personnes dont la peine a Ă©tĂ© suspendue, ou celles condamnĂ©es pour crimes mineurs ou pour des actes qui ne sont plus rĂ©putĂ©s criminels, ce qui recouvrira bientĂ´t la possession de marijuana, par exemple. »
Selon la lettre, la pratique de conserver un dossier concernant les personnes qui pourraient avoir eu des contacts avec la police sans pour autant avoir jamais Ă©tĂ© inculpĂ©es pourrait constituer une violation de la Charte. Elle recommande que les dossiers conservĂ©s pour toute raison autre qu’une dĂ©claration de culpabilitĂ© soient automatiquement Ă©liminĂ©s Ă l’issue d’une certaine pĂ©riode. [TRADUCTION] « Les enquĂŞtes, les inculpations, les retraits et autres pratiques ne se traduisant pas par une dĂ©claration de culpabilitĂ© peuvent crĂ©er une “empreinte”, affirme la lettre. « La question de quelles donnĂ©es de non-condamnation devraient ĂŞtre divulguĂ©s par la police mĂ©rite un examen approfondi par le Parlement. »