Lorsqu’il s’agit de partager des renseignements Ă des fins de sĂ©curitĂ© nationale, tout est question d’Ă©quilibre : le gouvernement doit protĂ©ger ses citoyens contre des menaces extĂ©rieures sans pour autant les priver de leurs libertĂ©s civiques. Ces deux facteurs sont essentiels pour notre libertĂ©.
Selon l’ABC, certaines parties de la Loi sur la communication d’information ayant trait Ă la sĂ©curitĂ© du Canada (LCISC) pourraient causer un dĂ©sĂ©quilibre en faveur de la sĂ©curitĂ© nationale.
David Elder, de la Section du droit de la vie privĂ©e et de l’information de l’ABC, a comparu en janvier devant le ComitĂ© permanent de l'accès Ă l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'Ă©thique qui Ă©tudie la Loi. Sa comparution avait pour objet d’appuyer un mĂ©moire de l’ABC selon lequel la LCISC devrait trouver l’Ă©quilibre appropriĂ©.
« [L’]Ă©change d’information est nĂ©cessaire pour garantir le bon fonctionnement des institutions gouvernementales, qui ont pour mission, ensemble, de veiller sur les Canadiens et les Canadiennes », affirme le mĂ©moire. « Toutefois, le fait de communiquer trop d’information – ou une information qui n’est pas fiable, comme on l’a vu dans l’affaire Maher Arar – ou d’en communiquer trop peu pose un risque pour la sĂ©curitĂ© nationale et peut ĂŞtre lourd de consĂ©quences. »
L’ABC nourrit un certain nombre d’inquiĂ©tudes au sujet de la LCISC qui « élargit considĂ©rablement le domaine des renseignements qui peuvent ĂŞtre communiquĂ©s Ă l’intĂ©rieur du gouvernement ». Parmi ses sept recommandations, l’ABC suggère que la Loi prescrive des processus efficaces qui garantissent une surveillance indĂ©pendante et la responsabilisation, ainsi que des mesures Ă©lĂ©mentaires de protection de la vie privĂ©e et des restrictions claires quant aux motifs de divulgation.
Le paragraphe 5(1), qui autorise la divulgation de renseignements personnels si l’information devant ĂŞtre divulguĂ©e « se rapporte Ă la compĂ©tence ou aux attributions de l’institution destinataire » est particulièrement prĂ©occupant.
« Le simple rapport avec la compĂ©tence ou les attributions d’une institution est un critère bien faible pour une divulgation interministĂ©rielle censĂ©e ĂŞtre une mesure exceptionnelle », affirme le mĂ©moire. L’ABC souligne notamment que cela impose un fardeau Ă l’institution effectuant la divulgation qui se doit de connaĂ®tre suffisamment le mandat de l’institution destinataire pour savoir quels sont les renseignements spĂ©cifiques pertinents Ă ses travaux.
« Le commissaire fait Ă©galement observer que la Loi sur le Service canadien du renseignement de sĂ©curitĂ©Â n’autorise le Service Ă recueillir des renseignements que “dans la mesure strictement nĂ©cessaire”. Il serait sans doute souhaitable que la LCISC prĂ©voie un critère Ă©quivalent. »
MĂŞme dans ces circonstances, la tâche est lourde pour l’institution effectuant la divulgation. L’ABC suggère la crĂ©ation d’une nouvelle instance qui serait la « seule instance centrale, experte en la matière. Cette instance communiquerait les renseignements – selon leur pertinence et dans la mesure strictement nĂ©cessaire ».
Une fois les renseignements communiquĂ©s, l’ABC est prĂ©occupĂ©e par le fait que la LCISC ne restreint pas de façon adĂ©quate la communication subsĂ©quente Ă d’autres institutions ou Ă des tiers, y compris des gouvernements Ă©trangers.
« Selon l’ABC, la communication d’information entre institutions gouvernementales envisagĂ©e dans la LCISC devrait ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme une mesure extraordinaire prise dans un but explicite et clairement dĂ©fini. Il incombe donc au gouvernement fĂ©dĂ©ral de limiter explicitement l’utilisation et la communication subsĂ©quentes de cette information, car les lois propres Ă certains secteurs qui rĂ©gissent les activitĂ©s des institutions destinataires dĂ©signĂ©es ne suffiront pas Ă encadrer la communication subsĂ©quente. »