Un projet de loi suscitĂ© par le dĂ©cès d’un policier qui est passĂ© du SĂ©nat Ă la Chambre des communes grâce Ă une vague de sympathie Ă son Ă©gard est tellement imparfait qu’il ne devrait pas ĂŞtre promulguĂ©, affirme la Section du droit pĂ©nal de l’ABC.
Le projet de loi S-217, parrainĂ© par le sĂ©nateur conservateur Bob Runciman, a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© Ă la suite du dĂ©cès de David Wynn, gendarme du dĂ©tachement de la GRC d’Edmonton. Il a Ă©tĂ© tuĂ© par un « criminel de carrière » en libertĂ© sous caution.
Le projet de loi modifierait le Code criminel pour « ajouter des motifs justifiant la dĂ©tention sous garde » et exiger que le poursuivant, lors de l’audience sur la mise en libertĂ© sous caution, prĂ©sente de la preuve concernant le casier judiciaire de l’accusĂ© et toute autre accusation en suspens.
Le gouvernement n’appuie pas ce projet de loi pour un grand nombre de raisons similaires Ă celles Ă©numĂ©rĂ©es par l’ABC dans sa lettre adressĂ©e au ComitĂ© permanent de la justice et des droits de la personne.
« Elle [la section] le juge constitutionnellement vulnĂ©rable, superflu et Ă contre-courant des efforts actuellement dĂ©ployĂ©s pour amĂ©liorer le système de justice et son efficacitĂ© », affirme la section.
Énonçant d’abord les principes fondamentaux, la section souligne que le droit canadien est fondĂ© sur l’hypothèse qu’une personne est innocente jusqu’Ă ce que sa culpabilitĂ© soit prouvĂ©e, et que la dĂ©tention prĂ©alable au procès est une exception et non la règle. « Le fait d’ordonner automatiquement la dĂ©tention irait Ă l’encontre du “droit fondamental Ă une mise en libertĂ© assortie d’un cautionnement raisonnable sauf s’il existe une juste cause justifiant le refus de l’accorder”. »
Selon la section, la mise en Ĺ“uvre du projet de loi S-217 allongerait les retards des tribunaux et retarderait les audiences de mise en libertĂ© sous caution. Le projet de loi est vulnĂ©rable aux contestations sur le plan constitutionnel, car il peut ĂŞtre perçu comme une ingĂ©rence dans l’indĂ©pendance et le pouvoir discrĂ©tionnaire du ministère public en exigeant des poursuivants qu’ils fournissent des preuves du casier judiciaire de l’accusĂ©, et comme une ingĂ©rence dans l’indĂ©pendance des procureurs gĂ©nĂ©raux provinciaux et territoriaux.
Qui plus est, un grand nombre des dispositions du projet de loi existent déjà en droit, les rendant par conséquent inutiles.
« En rĂ©sumĂ©, nous croyons que le projet de loi S-217 ne contribuerait pas Ă amĂ©liorer le système de justice pĂ©nale, mais qu’il serait plutĂ´t susceptible d’entraver l’Ă©quitĂ©, l’indĂ©pendance et la discrĂ©tion de la poursuite ainsi que l’efficacitĂ© de la justice. Nous recommandons de ne pas considĂ©rer son ajout au droit pĂ©nal canadien. »