La Section du droit de l’immigration de l’ABC rĂ©pète au gouvernement fĂ©dĂ©ral depuis 20 ans que les personnes les mieux placĂ©es pour conseiller les immigrants, tant nouveaux que potentiels, sont les juristes et les consultants en immigration seulement si ces derniers sont rigoureusement rĂ©gis par un organisme de rĂ©glementation.
Suite Ă la plus rĂ©cente Ă©tude du ComitĂ© de la citoyennetĂ© et de l’immigration de la Chambre des communes portant sur le cadre applicable aux consultants et consultantes en matière d’immigration, la section a retirĂ© l’appui qu’elle leur apportait. Le 3 avril, lors de sa comparution devant le comitĂ©, Ravi Jain a dĂ©livrĂ© le message sans aucune Ă©quivoque possible selon lequel les seules personnes qualifiĂ©es pour effectuer ce travail sont les juristes.
« Puisque les tentatives d’encadrer la pratique des consultants et consultantes en immigration s’avèrent inefficaces – ce qui entraĂ®ne des consĂ©quences graves pour le système d’immigration du Canada et les personnes souhaitant prĂ©senter une demande –, nous estimons qu’il est temps de modifier l’article 91 de la LIPR afin que la reprĂ©sentation moyennant rĂ©tribution soit rĂ©servĂ©e aux avocats et avocates membres en règle d’un barreau canadien et aux notaires membres en règle de la Chambre des notaires du QuĂ©bec », affirme la section dans son mĂ©moire.
La section renvoie Ă son mĂ©moire de 1995 pour dĂ©montrer que les enjeux connexes aux consultants et consultantes en matière d’immigration n’ont changĂ© en rien. Ce mĂ©moire soulignait l’existence de « problèmes rĂ©currents » tels que « les pratiques frauduleuses de consultants en immigration [qui] se manifestent par de fausses demandes d’asile, des visas de travail dĂ©livrĂ©s illĂ©galement, la perte d’investissements effectuĂ©s par les immigrants-entrepreneurs et la hausse du nombre d’immigrants illĂ©gaux ». La section affirmait dans son mĂ©moire de 1995 que ce sont les personnes ayant une formation officielle de juriste qui devraient faire ce travail, mais que si les consultants et consultantes en immigration devaient ĂŞtre autorisĂ©s Ă le faire, il devrait ĂŞtre exigĂ© d’eux qu’ils Ă©tablissent un organisme autonome d’attribution de permis ayant « des exigences d’admission, des normes de compĂ©tence, une assurance ou un fonds d’indemnisation, un code de dĂ©ontologie, un mĂ©canisme de plainte de mĂŞme que des infractions et des sanctions bien dĂ©finies ».
La SociĂ©tĂ© canadienne de consultants en immigration (SCCI) a commencĂ© ses activitĂ©s en 2004. Cependant, dans un mĂ©moire publiĂ© en 2010, l’ABC a soulignĂ© son inefficacitĂ© quant Ă la rĂ©glementation des consultants et consultantes « fantĂ´mes » et autres personnages peu scrupuleux qui poursuivaient leurs activitĂ©s.
En 2011, la SCCI a Ă©tĂ© remplacĂ©e par le Conseil de rĂ©glementation des consultants en immigration du Canada (CRCIC) qui fait aujourd’hui face au mĂŞme genre de critiques au sujet de la mauvaise gestion et de problèmes de gouvernance que l’organisme qui l’a prĂ©cĂ©dĂ©. Au cours des cinq annĂ©es d’activitĂ© du CRCIC, 1710 plaintes ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es Ă l’encontre de consultants et consultantes, et la section indique qu’il est fort probable que ce chiffre ait Ă©tĂ© rectifiĂ© Ă la baisse dans les rapports.
Il est fréquent que les immigrants et réfugiés potentiels connaissent mal les langues officielles du Canada et son système juridique. Ils sont, par conséquent, des proies faciles pour les consultants et consultantes dont les activités échappent au CRCIC. Même ceux et celles qui œuvrent sous le regard du CRCIC peuvent, en raison de leur manque de compétences, prodiguer des conseils juridiques erronés qui peuvent nuire à une demande.
« Nous avons vu des consultants et consultantes accepter des honoraires pour dĂ©poser une demande de prolongation de permis de travail depuis le Canada alors que le dĂ©lai de rĂ©tablissement de 90 jours Ă©tait depuis longtemps expirĂ©. Dans les cas les plus graves, nous avons vu des consultants et consultantes conseiller Ă leur client d’inventer des histoires et de dĂ©poser une fausse demande d’asile. »
Le gouvernement fĂ©dĂ©ral et les organismes de rĂ©glementation qu’il a Ă©tablis ont failli Ă leur obligation de protĂ©ger le public contre les personnes sans scrupules dans ce domaine. La question de savoir si les consultants et consultantes en immigration sont capables de s’autorĂ©glementer demeure en suspens, affirme la section. En revanche, les avocats et avocats canadiens et les notaires du QuĂ©bec ont Ă©tabli une autorĂ©glementation, de rigoureuses normes professionnelles, pĂ©dagogiques et de formation, ainsi qu’un cadre efficace tant pour les mesures disciplinaires que pour la mise en Ĺ“uvre des sanctions.
« Dans le monde du droit de l’immigration, une reprĂ©sentation incompĂ©tente peut avoir des consĂ©quences graves sur la vie des demandeurs et de leur famille. Vu l’Ă©chec systĂ©matique des efforts dĂ©ployĂ©s pour rĂ©glementer adĂ©quatement le travail des consultants et consultantes en immigration, la Section de l’ABC recommande de limiter, Ă l’article 91 de la LIPR, la reprĂ©sentation et la prestation de conseils moyennant rĂ©tribution aux avocats et avocates membres en règle d’un barreau canadien et aux notaires membres en règle de la Chambre des notaires du QuĂ©bec. »