Travailleurs domestiques, bonnes d’enfants, ouvriers agricoles et employĂ©s peu qualifiĂ©s du secteur des services. Lorsque nous entendons parler des abus du programme des travailleurs Ă©trangers temporaires tels que le versement de salaires infĂ©rieurs au minimum et de mauvaises conditions de travail, ce sont toujours les travailleurs de ces catĂ©gories qui en sont victimes. Lorsque les gens parlent de travailleurs Ă©trangers « importĂ©s » pour exĂ©cuter des travaux qui suppriment artificiellement les taux de salaires dans un domaine, ce sont les employeurs de ces travailleurs qui sont les premiers visĂ©s par la critique.
Pourtant, les règles et règlements adoptĂ©s par le gouvernement prĂ©cĂ©dent pour tenter de faire face Ă ces abus ont Ă©galement des rĂ©percussions sur les employeurs de travailleurs hautement qualifiĂ©s dont on n’entend jamais parler : ceux qui occupent des postes pour lesquels absolument aucun Canadien n’est qualifiĂ© et qui sont rĂ©munĂ©rĂ©s Ă un juste taux; les emplois pour lesquels le dĂ©sĂ©quilibre entre employeur et employĂ© est beaucoup moins prononcĂ©.
Il faut certes protĂ©ger les travailleurs Ă©trangers et canadiens contre les abus du programme des TET tels que les situations dans lesquelles les travailleurs canadiens forment les Ă©trangers qui vont les remplacer, mais il faut Ă©galement reconnaĂ®tre que lorsqu’il fonctionne correctement, le programme des TET peut motiver un essor Ă©conomique qui profite Ă l’ensemble de la population canadienne.
Dans une lettre adressĂ©e Ă un comitĂ© parlementaire chargĂ© d’examiner le programme des TET, la Section du droit de l’immigration de l’ABC suggère d’Ă©liminer cette tension en crĂ©ant deux programmes distincts : l’un visant les travailleurs Ă©trangers très qualifiĂ©s, l’autre visant ceux qui le sont moins.
« [L]es affichages de postes et les exigences pour les mĂ©tiers peu spĂ©cialisĂ©s diffèrent grandement de ceux pour les mĂ©tiers hautement spĂ©cialisĂ©s », Ă©crit StĂ©phane Duval, prĂ©sident de la Section. « En outre, l’Ă©quilibre des pouvoirs entre l’employeur et le travailleur varie grandement selon le niveau de qualification de celui-ci. Cette diffĂ©rence doit ĂŞtre prise en compte dans la crĂ©ation des politiques et des procĂ©dures de conformitĂ© et de prĂ©vention des pratiques abusives. »
La formation et l’Ă©ducation vont crĂ©er un ensemble de travailleurs canadiens hautement spĂ©cialisĂ©s Ă moyen et long termes, ajoute la lettre. Cependant, Ă court terme, les travailleurs Ă©trangers comblent les lacunes documentĂ©es des effectifs s’agissant de compĂ©tences et expĂ©rience essentielles.
« Les TET ayant des qualifications recherchĂ©es permettent aux entreprises canadiennes de saisir des occasions et d’entreprendre des projets qui leur auraient Ă©chappĂ© autrement, crĂ©ant ainsi plus d’emplois. »
Ă€ cette fin, la Section recommande que le programme pour les travailleurs hautement qualifiĂ©s soit axĂ© sur les avantages nets pour l’Ă©conomie, soit assez souple pour tenir compte des normes des industries et des rĂ©alitĂ©s des entreprises, reflète la diffĂ©rence de l’Ă©quilibre des pouvoirs et soit efficace et moins bureaucratique.
Bien que nous croyons possible de crĂ©er un PTET flexible, pratique et efficace pour les travailleurs hautement qualifiĂ©s, nous proposons comme autre solution que ces derniers soient rĂ©gis par le Programme de mobilitĂ© internationale (PMI). Pour ce faire, les catĂ©gories de dispense de l’Ă©tude d’impact sur le marchĂ© du travail (EIMT), comme C-10 (Avantage important) ou C-11 (Entrepreneurs), devraient ĂŞtre Ă©largies pour faciliter l’embauche de certains travailleurs Ă©trangers hautement qualifiĂ©s sans qu’il soit nĂ©cessaire de prouver prĂ©alablement qu’une EIMT serait difficilement rĂ©alisable. Cette politique nĂ©cessiterait Ă©galement une modification des critères du Système de classement global (SCG) du système EntrĂ©e express pour que les personnes qui travaillent au Canada grâce Ă un permis de travail sans EIMT aient droit Ă des points du SCG pour un emploi rĂ©servĂ© sans qu’une EIMT soit obligatoire.
Depuis la dernière rĂ©vision, les employeurs de travailleurs peu qualifiĂ©s subissent, eux aussi, le fardeau des règles du PTET. Les travailleurs peu qualifiĂ©s jouent aussi un rĂ´le essentiel au Canada, affirme la Section de l’immigration, plus particulièrement dans les rĂ©gions rurales. La Section offre un certain nombre de recommandations visant Ă accroĂ®tre la transparence, amĂ©liorer la cohĂ©rence et rĂ©duire les problèmes de conformitĂ©.
« La section de l’ABC applaudit les efforts raisonnables qu’on dĂ©ploie pour protĂ©ger les travailleurs Ă©trangers et la main-d’Ĺ“uvre canadienne des pratiques abusives ou dĂ©loyales d’employeurs » affirme la lettre. « Nous avons relevĂ© plusieurs problèmes de l’actuel programme de conformitĂ©, notamment le manque de transparence et de procĂ©dures adĂ©quates, les sanctions trop sĂ©vères et l’absence d’un processus d’appel efficace. Ces lacunes nuisent Ă la crĂ©ation d’une structure flexible, stable et adaptĂ©e aux besoins des entreprises canadiennes et des travailleurs. »