Le gouvernement a prĂ©sentĂ© son budget le 22 mars; le premier depuis les Ă©lections d’octobre dernier. Tel que prĂ©vu, les pontes et les groupes d’intĂ©rĂŞts particuliers se sont empressĂ©s d’y mettre leur grain de sel, dĂ©clarant, parmi les applaudissements, qu’il n’y avait pas assez de ceci, ou trop de cela, ou arguant du non-respect de promesses Ă©lectorales dans un secteur ou dans un autre.
Vous ne pouvez pas toujours obtenir ce que vous voulez, dit le philosophe Mick Jagger. Cependant, avec ce premier budget fédéral, le ministre des Finances Bill Morneau a fait un louable premier pas pour accorder aux juristes canadiens ce dont ils ont besoin.
De façon gĂ©nĂ©rale, c’est un plan qui convient Ă l’ABC : il accorde des fonds Ă l’aide juridique en matière criminelle, au Programme d'assistance parajudiciaire aux Autochtones, et Ă la remise en vigueur du Programme de contestation judiciaire. Il rĂ©itère, en outre, l’engagement du gouvernement Ă « annuler les dispositions problĂ©matiques du projet de loi C-51 ».
Les mesures incorporĂ©es dans le budget « aideront les Canadiens Ă faire valoir leurs droits et permettront aux Canadiens dĂ©favorisĂ©s d’accĂ©der Ă un système de justice Ă©quitable, moderne et efficient », promet le document.
Les Libéraux avaient déjà annoncé leur intention de remettre en vigueur le Programme de contestation judiciaire en phase de clôture sous le gouvernement antérieur. Dans le budget, ils ont financé leur promesse, avec une allocation de 12 millions de dollars sur cinq ans qui sera combinée avec le financement existant, totalisant 5 millions de dollars par an pour le programme.
Le document cite Sarah Lugtig, membre de l’ABC et prĂ©sidente du ComitĂ© de l’accès Ă la justice : « L’Association du Barreau canadien est depuis longtemps en faveur du Programme de contestation judiciaire; elle l’a toujours soutenu et le considère comme une institution fondamentale de la dĂ©mocratie canadienne ».
Le Programme d'assistance parajudiciaire aux Autochtones est un autre programme soutenu depuis longtemps par l’ABC, auquel ce budget accorde un nouveau financement. Les Autochtones sont surreprĂ©sentĂ©s dans le système judiciaire et ce programme les aide Ă en franchir les nombreuses Ă©tapes et aide les personnes qui y travaillent Ă surmonter les obstacles culturels et linguistiques lorsqu’elles traitent avec des Autochtones. Le gouvernement accorde Ă ce programme 4 millions de dollars supplĂ©mentaires par an.
L’une des premières choses faites par le gouvernement libĂ©ral après son entrĂ©e en fonction a Ă©tĂ© d’annoncer la crĂ©ation d’une commission d’enquĂŞte sur les femmes autochtones portĂ©es disparues ou assassinĂ©es, une mesure louĂ©e par l’ABC. Le budget accorde 40 millions de dollars sur deux ans Ă la commission d’enquĂŞte.
L’ABC a prĂ´nĂ© une augmentation du financement de l’aide juridique en matière criminelle et constate que ce budget a accordĂ© certains fonds Ă ce poste avec une promesse de 88 millions de dollars sur cinq ans Ă partir de 2016-2017. Ce financement aidera Ă combler la lacune quant Ă l’accès Ă la justice dont souffrent les personnes les plus dĂ©savantagĂ©es au Canada.
Les projets de l’ABC Justice pour tous et Avenirs en droit ont tous deux dĂ©terminĂ© que l’absence d’une meilleure technologie dans les tribunaux constitue l’un des problèmes de l’accès Ă la justice. Le budget propose d’accorder 7,9 millions de dollars sur cinq ans au Service administratif des tribunaux judiciaires afin « d’investir dans des mises Ă niveau de l’infrastructure de la technologie de l’information pour assurer l’efficience du système judiciaire fĂ©dĂ©ral ».
En plus de promettre d’annuler les « dispositions problĂ©matiques » du projet de loi C-51, le gouvernement remarque que les menaces Ă la sĂ©curitĂ© du pays peuvent revĂŞtir maintes formes, qu’il s’agisse du terrorisme ou de catastrophes naturelles, et qu’il importe d’ĂŞtre prĂŞt. « Il nous faut les bons outils pour passer Ă l’action lorsque cela s’avère nĂ©cessaire pour assurer la sĂ©curitĂ© des Canadiens », dĂ©clare le document budgĂ©taire. « Le budget de 2016 comporte plusieurs mesures immĂ©diates qui permettront d’appuyer la sĂ©curitĂ© des Canadiens Ă l’intĂ©rieur de nos frontières. »
L’ABC est Ă©galement satisfaite par d’autres mesures qui ne sont pas directement connexes au système judiciaire.
Les membres de l’ABC font partie des millions de Canadiens qui ont Ă©tĂ© choquĂ©s Ă l’automne dernier par la situation critique des rĂ©fugiĂ©s syriens, et un grand nombre de membres de la Section du droit de l’immigration ont offert leur expertise. Le gouvernement libĂ©ral s’Ă©tait alors engagĂ© Ă fournir 678 millions de dollars sur six ans pour rĂ©installer 25 000 rĂ©fugiĂ©s syriens immĂ©diatement, puis 10 000 de plus d’ici la fin 2016. Dans ce budget, le gouvernement propose de dĂ©penser 245 millions de dollars supplĂ©mentaires sur cinq ans pour identifier, traiter leurs demandes et rĂ©installer 10 000 rĂ©fugiĂ©s syriens de plus.
Il propose aussi de fournir 25 millions de dollars en 2016-2017 pour rĂ©duire les retards de traitement des demandes de parrainage familial prĂ©sentĂ©es au Canada et Ă l’Ă©tranger, et 56 millions de dollars sur trois ans pour appuyer le traitement des demandes et les programmes d’Ă©tablissement au titre d’une augmentation du nombre des rĂ©sidents permanents dĂ©jĂ annoncĂ©e. La Section du droit de l’immigration de l’ABC reconnait que la rĂ©unification des familles est l’une des pierres angulaires du droit de l’immigration au Canada.
Le gouvernement consultera les groupes intĂ©ressĂ©s afin de clarifier les règles rĂ©gissant les activitĂ©s politiques des organisations de bienfaisance. La Section du droit des organismes de bienfaisance de l’ABC a Ă©tudiĂ© le traitement des activitĂ©s politiques dans le secteur des organismes de bienfaisance et Ă but non lucratif au Canada et dans les pays du Commonwealth, et a offert son assistance pour clarifier les règles.
Alors que le budget ne comble pas tous les souhaits de l’ABC, il comble certains des plus importants. Nous Ă©couterons attentivement les dĂ©bats sur le budget et ceux qui suivront.