Si le gouvernement fĂ©dĂ©ral peut ĂŞtre saluĂ© pour son engagement Ă mettre en Ĺ“uvre la Convention internationale sur l’Ă©limination de toutes les formes de discrimination raciale, des amĂ©liorations pourraient ĂŞtre apportĂ©es Ă ses rapports en la matière. Dans une lettre adressĂ©e Ă la Direction des droits de la personne du ministère du Patrimoine canadien (lettre disponible uniquement en anglais; les citations qui en sont tirĂ©es sont des traductions), le Sous-comitĂ© sur l’Ă©galitĂ©, la Section du droit international et la Section du droit de l’immigration de l’Association du Barreau canadien proposent quelques suggestions.
Bien que les sections soient satisfaites de la liste de sujets inclus dans la partie du rapport portant sur les considĂ©rations gĂ©nĂ©rales relatives Ă la mise en Ĺ“uvre de la Convention, elles soulignent l’importance particulière de deux Ă©lĂ©ments traitĂ©s : les consultations auprès de la sociĂ©tĂ© civile et les organismes autochtones, et les mĂ©canismes fĂ©dĂ©raux, provinciaux et territoriaux de lutte contre la discrimination raciale.
Un autre enjeu, actuellement absent du rapport, concerne le chevauchement de la discrimination raciale et de la discrimination religieuse, les progrès rĂ©alisĂ©s Ă cet Ă©gard et ceux qu’il reste Ă rĂ©aliser pour lutter contre la discrimination religieuse. « La discrimination raciale et la discrimination religieuse ne doivent pas ĂŞtre considĂ©rĂ©es comme des problèmes distincts, indique la lettre, et les problèmes dĂ©coulant de leur intersectionnalitĂ© doivent ĂŞtre mis en relief. » Enfin, chacune des considĂ©rations gĂ©nĂ©rales relatives Ă la mise en Ĺ“uvre devrait tenir compte de l’intersectionnalitĂ© des enjeux.
Les sections sont Ă©galement satisfaites des questions abordĂ©es dans la partie du rapport portant sur les groupes ethnoculturels, « notamment l’Ă©ducation, l’Ă©quitĂ© en matière d’emploi, les crimes et discours haineux, le signalement et l’indemnisation des victimes, les enquĂŞtes, la dĂ©tention des migrants, l’Entente sur les tiers pays sĂ»rs et le statut des travailleurs migrants temporaires ».
Les sections soulignent l’importance de ne pas amalgamer ces groupes dans une catĂ©gorie fourre-tout de « minoritĂ©s ethniques », puisque la discrimination raciale n’affecte pas tous les groupes de la mĂŞme manière.
Il faut Ă©galement, selon les sections, approfondir la discussion sur les crimes haineux Ă caractère raciste, et plus prĂ©cisĂ©ment sur l’Ă©galitĂ© d’accès aux services d’application de la loi et au système de justice pour les membres de tous les groupes. Le rapport devrait notamment tenir compte des complexitĂ©s entourant l’application de l’Entente sur les tiers pays sĂ»rs dans les situations oĂą des demandeurs d’asile racisĂ©s ou d’identitĂ© de genre non conventionnelle entrent au Canada depuis les États-Unis.
Les sections de l’ABC se disent satisfaites des questions incluses dans la section sur les peuples autochtones et ajoutent qu’une consultation auprès des groupes autochtones est nĂ©cessaire pour dĂ©terminer celles qui sont prioritaires et celles qui pourraient manquer dans cette liste.
Sur les questions liĂ©es Ă la justice, la lettre de l’ABC indique que le rapport « ne doit pas se cantonner Ă la seule justice pĂ©nale, mais englober l’ensemble des interactions avec le système de justice, en particulier les interactions des groupes minoritaires avec le système de justice administrative en matière d’immigration, d’emploi et de droits de la personne ». La formation des juges, en particulier, devrait Ă©pouser une approche « antiraciste » plutĂ´t qu’une approche daltonienne, ou qui se dit indiffĂ©rente Ă la couleur de peau, laquelle contribue Ă perpĂ©tuer la discrimination et les inĂ©galitĂ©s en ignorant « le rĂ´le fondamental de l’appartenance raciale dans les tĂ©moignages et dans les faits ».