La Section du droit de l’immigration de l’Association du Barreau canadien exprime clairement son engagement envers l’accès Ă la justice et Ă un solide système de dĂ©termination du statut de rĂ©fugiĂ©. Cependant, le nouveau Portail canadien de la protection des rĂ©fugiĂ©s qu’a lancĂ© le 6 octobre 2021 Immigration, RĂ©fugiĂ©s et CitoyennetĂ© Canada comme principal outil pour la prĂ©sentation de demande d’asile soulève des inquiĂ©tudes au sein de la section.
Dans une lettre Ă IRCC (disponible uniquement en anglais, les citations qui en sont tirĂ©es sont des traductions), la section s’inquiète du fait que le nouveau portail « empĂŞchera de nombreuses personnes de prĂ©senter avec succès une demande d’asile, ce qui bafoue l’engagement de longue date du Canada de protĂ©ger les rĂ©fugiĂ©s ». Il existe aussi une certaine crainte que les obstacles que prĂ©sente le portail amène des demandeurs d’asile Ă se tourner vers des reprĂ©sentants en immigration non autorisĂ©s pour obtenir de l’aide qui, « nous le savons trop bien, lèse souvent les demandeurs et nuit Ă l’intĂ©gritĂ© du système de dĂ©termination du statut de rĂ©fugiĂ© du Canada ».
Le portail présente plusieurs problèmes techniques et de fond qui, selon la section, auraient pu être traités en menant une consultation en aval avec divers intervenants. Ces problèmes sont résumés ci-dessous.
Représentation juridique, difficulté à obtenir des renseignements, confidentialité
L’une des questions les plus Ă©pineuses rĂ©side dans le fait que les juristes n’ont pas leur propre portail de reprĂ©sentants et la plupart utilisent des identifiants de connexion appartenant aux demandeurs d’asile. « Cela empĂŞche les demandeurs d’obtenir des conseils juridiques et d’ĂŞtre reprĂ©sentĂ©s », explique la section de l’ABC.
Les demandeurs d’asile doivent fournir des renseignements importants Ă l’appui de leur demande, mais il n’y a pas de directives d’IRCC sur les informations Ă prĂ©parer. Ainsi, sans l’accès Ă des conseils juridiques, les demandeurs sont susceptibles d’omettre des informations qui pourraient mener Ă des allĂ©gations de fausse dĂ©claration, avec des consĂ©quences dĂ©sastreuses pour leur admissibilitĂ©.
En plus de ces difficultĂ©s, l’exigence qu’ont les demandeurs de fournir les coordonnĂ©es des membres de leur famille « soulève des inquiĂ©tudes en matière de protection de la vie privĂ©e et de sĂ©curitĂ© pour les membres vulnĂ©rables de leur famille, et pour les demandeurs dont les agents de persĂ©cution sont des membres de la famille ».
Accès aux technologies
Ce ne sont pas tous les demandeurs qui ont accès Ă un courriel sĂ©curisĂ©, Ă un numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone canadien ou Ă du matĂ©riel pĂ©riphĂ©rique, comme une imprimante ou un numĂ©riseur. Pourtant, le portail exige tout cela, ce qui peut « empĂŞcher certains demandeurs d’exercer leur droit de demander asile au Canada ou compromettre leur capacitĂ© Ă prouver eux-mĂŞmes le bien-fondĂ© de leur demande », soutient la section.
Lacunes du portail
Le portail exige des demandeurs qu’ils remplissent leur demande en une seule sĂ©ance, car les renseignements partiels ne peuvent ĂŞtre sauvegardĂ©s ou entrĂ©s d’une autre façon que chronologiquement. Les utilisateurs ne sont pas autorisĂ©s Ă avancer ou Ă reculer pour modifier des renseignements saisis Ă une Ă©tape antĂ©rieure.
De plus, une fois la demande remplie, les demandeurs ne peuvent pas vĂ©rifier l’Ă©tat d’avancement de son traitement.
Parmi les autres problèmes techniques, les membres de la section de l’ABC mentionnent les accès frĂ©quemment refusĂ©s, l’incapacitĂ© des demandeurs de sĂ©lectionner l’anglais comme langue première ou l’impossibilitĂ© de ne rien inscrire dans certaines cases des dates d’expiration de documents d’identitĂ© qui n’en ont pas.
La section de l’ABC appuie l’objectif de rĂ©duction des dĂ©lais de dĂ©termination d’admissibilitĂ© au statut de rĂ©fugiĂ©. Toutefois, les problèmes du portail actuel reprĂ©sentent des obstacles importants pour un groupe très vulnĂ©rable.
Ces problèmes sont si importants que la section croit que le portail devrait ĂŞtre suspendu jusqu’Ă ce qu’il puisse ĂŞtre rĂ©parĂ©.