Les événements marquants sont de bonnes occasions pour prendre le temps de réfléchir et d’examiner la situation. Il y a cent ans, l’Association du Barreau canadien est devenue une société constituée au moyen d’une loi d'intérêt privé du Parlement, comme c’était alors la coutume. C’est sir James Albert Manning Aikins, président de l’ABC de 1914 à 1927 et neuvième lieutenant-gouverneur du Manitoba de 1916 à 1926 qui a eu l’idée de constituer l’ABC en corporation alors qu’elle existait depuis 1896. Samuel Jacobs, le membre représentant George-Étienne Cartier, a parrainé le projet de loi devant le Parlement.
Avocat ayant consacré la plus grande partie de sa carrière à la promotion de causes progressistes, Me Jacobs a fondé le cabinet qui deviendra Davies Ward Phillips & Vineberg s.e.n.c.r.l., s.r.l. Il a en outre été la première personne issue de la communauté juive à siéger à la Chambre des communes. Il a accepté un grand nombre de dossiers dans le domaine des droits civils, y compris celui d’Annie Langstaff, qui, en 1914, est devenue la première Québécoise à obtenir un diplôme en droit. Il a appuyé ses efforts pour être admise au barreau malgré l’absence d’autorisation de son ex-conjoint. (Il faudra attendre jusqu’à 1941 pour que le Québec promulgue une loi autorisant les femmes à devenir avocates; un statut qu’Anne Langstaff n’a pas réussi à obtenir de son vivant. Elle a été admise au barreau à titre posthume en 2006.)
Tout au long de son existence, l’ABC s’est fait la championne du respect de normes élevées au sein de la profession juridique, a défendu la primauté du droit, s’est efforcée d’améliorer l’accès à la justice et a fait la promotion de l’innovation au sein du système juridique.
Les sections de l’ABC ont permis aux juristes de réseauter et de promouvoir leurs intérêts communs depuis les années 1930.
En 1983, l’ABC et la Cour suprême du Canada ont collaboré pour entendre des demandes d’autorisation de pourvoi relayées par satellite à son siège à Ottawa depuis une salle d’audience à Vancouver, dans l’espoir que cela ouvrirait la voie vers une utilisation accrue de la technologie audio et vidéo dans les palais de justice de tout le Canada. Nous avons parcouru beaucoup de chemin pour parvenir à la prolifération des audiences virtuelles que nous connaissons aujourd’hui.
En 1993, le rapport Les Assises, produit sous la direction de madame la juge Bertha Wilson, constituait la toute première exploration exhaustive, réalisée par la profession juridique, de la discrimination envers les femmes en son sein. L’ABC a également produit des rapports marquants sur le racisme au sein de la profession et l’égalité devant la justice.
Parmi ses innombrables initiatives, l’ABC est fière d’avoir lancé la publication de la Revue du Barreau canadien, exhorté à la création de l’entité qui est devenue la Fédération des ordres professionnels de juristes du Canada, cofondé la Fondation canadienne de la fiscalité, créé la Fondation canadienne pour la recherche juridique, et facilité l’établissement du Forum canadien sur la justice civile.
L’ABC a joué un rôle fondamental dans la création de la Conférence pour l'harmonisation des lois au Canada en 1918 pour promouvoir une législation harmonisée à l’échelle du Canada, et dans l’établissement, en 1971, de la Commission de réforme du droit du Canada, dont elle avait exhorté la création dans une résolution présentée lors de son assemblée annuelle de 1966. Cette commission devait fournir une assistance et des conseils d’experts en matière de réforme du droit, étudier et examiner les lois canadiennes, et présenter des recommandations pour leur amélioration puisque le droit doit évoluer tout en demeurant stable.
De nos jours, l’ABC continue à prôner une diversité et une inclusion accrues au sein de la profession, notamment en faisant une priorité des efforts de réconciliation avec les Peuples autochtones, et en favorisant l’utilisation des pronoms de préférence (article disponible uniquement en anglais) au cours des instances. Tout au long de notre histoire, nous nous sommes efforcés d’être utiles pour nos membres et de leur fournir des ressources leur permettant d’exercer leur profession du mieux possible au profit de la société. Nous avons la ferme intention de poursuivre dans cette voie.
Vive un autre siècle d’influence!