Il est tout aussi dangereux de renvoyer les gens dans leur pays d’origine aujourd’hui que cela l’Ă©tait en mars 2020 lorsque le gouvernement fĂ©dĂ©ral a suspendu temporairement les renvois, dit la Section de l’immigration de l’ABC, qui s’inquiète du fait que les renvois ont repris.
[TRADUCTION] « La situation sanitaire et de sĂ©curitĂ© sur laquelle reposait la dĂ©cision prise par l’Agence des services frontaliers du Canada de suspendre les renvois en mars n’a pas fondamentalement changĂ© », dit la section dans une lettre (disponible uniquement en anglais) adressĂ©e au ministre de la SĂ©curitĂ© publique et de la Protection civile. Elle y souligne que les taux d’infection et de mortalitĂ© ont augmentĂ© depuis le dĂ©but de la deuxième vague et que les propres donnĂ©es du gouvernement indiquent une augmentation similaire dans d’autres pays.
Reprendre les renvois risque de se traduire par des infections et des morts supplĂ©mentaires, dit la section, alors que les autoritĂ©s sanitaires continuent Ă exhorter Ă la limitation des dĂ©placements internationaux puisque le potentiel d’infection augmente dans le milieu fermĂ© qu’est la cabine d’un avion.
[TRADUCTION] « Au cours des deux dernières semaines de novembre 2020, l'Agence de la santĂ© publique du Canada a confirmĂ© que 74 vols intĂ©rieurs et 71 vols internationaux avaient transportĂ© une personne qui a ultĂ©rieurement eu un rĂ©sultat positif au test de dĂ©pistage de la COVID-19. Ni les transporteurs aĂ©riens ni les autoritĂ©s sanitaires n’ont rĂ©alisĂ© un suivi exhaustif des contacts ou informĂ© les passagers de ces avions après avoir dĂ©couvert ces expositions potentielles au virus. Les renvois mettent en danger non seulement les personnes renvoyĂ©es, mais Ă©galement le personnel de l’ASFC et des transporteurs aĂ©riens, ainsi que les communautĂ©s dans lesquelles les personnes sont renvoyĂ©es Ă l’Ă©tranger. »
S’ajoute aux possibilitĂ©s accrues de transmission du virus pendant le dĂ©placement, le fait que nombreuses sont les personnes renvoyĂ©es qui seraient confrontĂ©es Ă une situation moins stable dans leur pays d’origine oĂą il se pourrait qu’elles n’aient plus de foyer dans lequel retourner, ou qu’elles souffrent de troubles mĂ©dicaux les rendant plus vulnĂ©rables au virus.
Alors que l’ASFC affirme que des « mĂ©canismes de recours » sont Ă la disposition des personnes dĂ©portĂ©es, la Section de l’immigration dit, elle, que ces recours sont [TRADUCTION] « insuffisants dans le contexte d’une pandĂ©mie ». Les recours qui sursoient au renvoi sont de nature discrĂ©tionnaire et si un demandeur se voit refuser une suspension, son seul recours est de dĂ©poser une requĂŞte en sursis devant la Cour fĂ©dĂ©rale; une procĂ©dure Ă la fois lente et onĂ©reuse.
La section fait aussi remarquer qu’il a Ă©tĂ© dit aux demandeurs d’asile qui sont des fournisseurs de soins de santĂ© de première ligne que leurs efforts leur ouvriront « une voie d’accès Ă la rĂ©sidence permanente ». Le moment auquel le processus de renvoi a lieu pourrait signifier que des personnes qui sont admissibles Ă la rĂ©sidence permanente en raison de leur travail, mais qui n’ont pas encore reçu d’approbation, pourraient ĂŞtre renvoyĂ©es malgrĂ© tout.
[TRADUCTION] « Le pouvoir discrĂ©tionnaire crĂ©Ă©e une incertitude pour les demandeurs qui pourraient ĂŞtre admissibles », dit la section, et cette incertitude crĂ©Ă©e son propre fardeau administratif pour l’ASFC et pour la Cour fĂ©dĂ©rale.
[TRADUCTION] « La dĂ©cision de l’ASFC de poursuivre les procĂ©dures de renvoi manque de transparence et de justification, conclut la section. Nous exhortons l’ASFC Ă adopter et Ă suivre une politique claire qui rĂ©pute toutes les ordonnances de renvoi inapplicables en raison des risques pour la santĂ© publique. »