Les discussions sur les rĂ©percussions de la pandĂ©mie de COVID-19 sur les enfants tournent gĂ©nĂ©ralement autour de l’apprentissage en ligne ou de la manière de rĂ©pondre en toute sĂ©curitĂ© Ă leurs besoins tant physiques que d’activitĂ©s sociales.
Une mise Ă jour du rapport envoyĂ© au ComitĂ© des droits de l'enfant des Nations Unies par la Section sur le droit des enfants de l’ABC en fĂ©vrier (disponible uniquement en anglais) dresse un portrait intĂ©ressant des incidences juridiques de la pandĂ©mie sur l’une des tranches les plus vulnĂ©rables de la population du Canada.
Des mesures lĂ©gislatives retardĂ©es, des ajournements pro forma de dossiers judiciaires et des prĂ©occupations connexes Ă la violation, par des parents, d’ordonnances attributives de garde ne sont que quelques-unes des inquiĂ©tudes mentionnĂ©es dans la mise Ă jour.
[TRADUCTION] « Les enfants qui font face Ă des conflits et Ă la violence dans leur foyer ou autre contexte de rĂ©sidence sont plus vulnĂ©rables, en raison d’une visibilitĂ© moindre au sein de la communautĂ© », Ă©crit la section. « La pandĂ©mie a Ă©galement limitĂ© leur accès aux services de soutien tels que les travailleurs sociaux, les conseillers et les reprĂ©sentants juridiques qui ne sont disponibles qu’Ă distance dans certains cas. »
Les restrictions en matière de santĂ© publique ont crĂ©Ă© des « obstacles considĂ©rables » Ă l’Ă©tablissement de communications confidentielles entre les enfants et la reprĂ©sentation juridique, affirme la section, ce qui limite la capacitĂ© des reprĂ©sentants Ă Ă©valuer les intĂ©rĂŞts des enfants de manière adĂ©quate.
Au nombre des autres répercussions de la pandémie :
- Le projet de loi d’initiative parlementaire visant Ă Ă©tablir un Commissariat national Ă l’enfance et Ă l’adolescence est mort au feuilleton lorsque le Parlement a Ă©tĂ© prorogĂ© et a Ă©tĂ© de nouveau dĂ©posĂ© en septembre. L’entrĂ©e en vigueur des modifications de la Loi sur le divorce prĂ©vue pour juillet a Ă©tĂ© remise Ă mars 2021.
- Les difficultĂ©s rencontrĂ©es pour le fonctionnement normal des tribunaux et du système judiciaire spĂ©cialisĂ© en droit de la famille se sont traduites par de longs retards du traitement de maints dossiers impliquant des enfants. L’interruption de la tenue d’entrevues en personne par Immigration, RĂ©fugiĂ©s et CitoyennetĂ© Canada a conduit Ă des retards injustifiĂ©s de la dĂ©livrance de permis de travail et de documents d’identitĂ© des rĂ©fugiĂ©s nĂ©cessaires pour l’obtention de logement et l’inscription dans les Ă©coles, ce qui risquait de menacer l’accès des enfants Ă l’hĂ©bergement et Ă l’Ă©ducation.
- Les dĂ©cisions en matière de garde et d’accès rendues pendant la pandĂ©mie de COVID ont Ă©tabli qu’il est contraire Ă l’intĂ©rĂŞt d’un enfant d’interfĂ©rer avec le temps passĂ© avec un parent, sauf s’il est avĂ©rĂ© que ce contact serait dangereux. Les craintes qu’un parent ne respecte pas sĂ©rieusement les consignes de distanciation sociale ont Ă©tĂ© rĂ©putĂ©es insuffisantes pour mettre fin au contact entre parent et enfant.
- Les ajournements pro forma de nombreuses instances judiciaires ont limitĂ© la capacitĂ© de contester devant les tribunaux les interruptions de contacts en personne entre les enfants et les membres de leur famille, en violation de plusieurs articles de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant et de l’article 7 de la Charte.
- Depuis le 31 mars, pour les enfants en situation d’hĂ©bergement alternatif, les contacts en personne, supervisĂ©s et sans supervision, avec des membres de la famille ont Ă©tĂ© interrompus dans l’ensemble des provinces et territoires sauf trois, sous rĂ©serve, dans certaines rĂ©gions, d’exemptions en cas de circonstances attĂ©nuantes. Le nombre des enfants autochtones et Noirs affectĂ©s par cette dĂ©cision, qui sont surreprĂ©sentĂ©s dans le système de protection de l'enfance, est disproportionnĂ©.
- Des politiques territoriales et provinciales manquant d’uniformisation peuvent compliquer le maintien des contacts avec leurs familles et leur culture pour un grand nombre d’enfants autochtones. Les restrictions imposĂ©es sur les dĂ©placements ont accru les obstacles au maintien des liens familiaux et culturels pour les enfants autochtones vivant dans des rĂ©gions rurales.
- Une politique de la CISR rend facultative la prĂ©sence des enfants lors des audiences sur le statut de rĂ©fugiĂ©, ce qui enfreint le droit des enfants Ă ĂŞtre entendus et accroĂ®t le risque que ceux qui demandent le statut de rĂ©fugiĂ© soient refoulĂ©s, vivent des situations d’exploitation ou soient victimes de violence.
La section sur le droit des enfants rĂ©alise actuellement un sondage dans le cadre de son examen de la Trousse d’outils sur les droits de l’enfant, qui indique aux juristes comment la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant fait partie du droit canadien et comment l’utiliser pour soutenir les droits et le bien-ĂŞtre des enfants dans le cadre de l’exercice du droit.
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