Le prĂ©sident de l’ABC nationale et la prĂ©sidente de la Division du QuĂ©bec montrent l’exemple de comportement que devraient adopter le gouvernement fĂ©dĂ©ral et les gouvernements provinciaux et territoriaux en collaborant au nom d’une cause mĂ©ritoire, Ă savoir la crĂ©ation d’une constitution bilingue.
La Constitution du Canada garantit l’Ă©galitĂ© du français et de l’anglais, mais la majoritĂ© des documents constitutionnels n’existent qu’en anglais. L’article 55 de la Loi constitutionnelle de 1982, exige que soient rĂ©digĂ©es et promulguĂ©es des versions françaises des documents constitutionnels « dans les meilleurs dĂ©lais ».
Ces versions françaises ont Ă©tĂ© terminĂ©es en 1990, mais n’ont jamais Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es devant le Parlement.
Le problème ne se limite pas Ă des dĂ©finitions donnĂ©es par les gouvernements successifs Ă l’expression « meilleurs dĂ©lais » qui sont diffĂ©rentes de celles que lui attribuerait le commun des mortels, comme le reconnaĂ®t le prĂ©sident dans une lettre adressĂ©e au ministre de la Justice.
« Dans les annĂ©es 1990, le gouvernement fĂ©dĂ©ral a tentĂ© d’entamer des nĂ©gociations avec les provinces pour adopter une version française intĂ©grale de la Constitution. Toutefois, le gouvernement fĂ©dĂ©ral a mis fin au processus Ă l’Ă©poque en raison du refus du QuĂ©bec d’y participer, estimant ce refus rĂ©dhibitoire. La question n’a plus Ă©tĂ© envisagĂ©e depuis. »
Après l’adoption de la rĂ©solution de l’ABC en 2018 visant Ă promouvoir la conformitĂ© Ă l’article 55, le prĂ©sident Ray Adlington et Audrey Boctor, la prĂ©sidente de la Division du QuĂ©bec, ont respectivement Ă©crit au ministre fĂ©dĂ©ral de la Justice, David Lametti et Ă la ministre de la Justice du QuĂ©bec, Sonia Lebel, pour suggĂ©rer qu’il est temps d’agir.
Dans sa lettre, le prĂ©sident Adlington affirme que « le dĂ©faut de fournir une Constitution entièrement bilingue mine la primautĂ© du droit et l’accès Ă la justice. Alors que nous reconnaissons la complexitĂ© du processus de modification de la Constitution, Ă©tant donnĂ© le contexte politique canadien actuel, le moment pourrait ĂŞtre bien choisi pour faire de la Constitution un texte officiellement bilingue ».
L’ABC exhorte le gouvernement Ă « prendre l’initiative et […] inviter les provinces et les territoires Ă proposer, en vue de sa promulgation, une version française officielle de la Constitution ».
Dans sa lettre, la prĂ©sidente Boctor reconnaĂ®t les raisons historiques de l’absence d’une constitution intĂ©gralement bilingue, mais signale que cela constitue un problème non seulement pour le QuĂ©bec, mais pour l’ensemble de la population francophone du Canada.
« Compte tenu du contexte actuel dans lequel les droits des francophones Ă l’extĂ©rieur du QuĂ©bec se voient de plus en plus menacĂ©s, le QuĂ©bec se doit d’ĂŞtre un leader afin d’assurer le respect du bilinguisme dans nos textes les plus fondamentaux. C’est pourquoi nous vous demandons de bien vouloir faire toutes les interventions utiles afin de faire en sorte que soient francisĂ©s les textes constitutionnels dans des versions officielles, complètes et cohĂ©rentes. »