Il est temps que le droit fiscal entre dans le 21e siècle s’agissant des ruptures familiales.
Tout Ă fait rĂ©volue est l’Ă©poque Ă laquelle la sĂ©paration et le divorce signifiaient automatiquement que les enfants Ă©taient confiĂ©s Ă l’un des parents et pouvaient voir l’autre pendant les fins de semaine. De nos jours, un nombre croissant de famille choisissent de partager la garde. Cependant, l’ABC ne voit pas d’option correspondante s’agissant du droit fiscal.
Lorsqu’un enfant vit principalement avec un parent, la section du droit de la famille affirme dans un mĂ©moire (uniquement en anglais) adressĂ© au ministre des Finances, les lignes directrices fĂ©dĂ©rales sur les pensions alimentaires pour enfants exigent que seulement l’un des parents verse des aliments, et seul le parent qui les reçoit est autorisĂ© Ă demander le crĂ©dit d’impĂ´t pour personne Ă charge Ă l’Ă©gard de l’enfant.
Lorsque l’enfant vit avec les deux parents, les lignes directrices exigent que les deux parents versent des aliments. Pour faciliter les choses, la plupart des familles adoptent une approche informelle dans laquelle le parent qui a le revenu le plus Ă©levĂ© soustrait le montant le moins Ă©levĂ© d’aliments exigibles du montant le plus Ă©levĂ© et ne verse que la diffĂ©rence. Cela Ă©vite aux parents de se verser mutuellement des montants Ă©gaux d’aliments exigibles.
Les parents dans cette situation peuvent aussi convenir de partager le crĂ©dit d’impĂ´t pour personne Ă charge concernant leurs enfants. Cependant, la Cour canadienne de l’impĂ´t a affirmĂ© que si un seul parent verse des aliments, seul ce parent est autoritĂ© Ă demander le crĂ©dit d’impĂ´t, mĂŞme s’il ne verse que la diffĂ©rence dans le cadre d’un Ă©change mutuel. Cela contredit Ă la fois l’intention des parents et les renseignements publiĂ©s par l’Agence du revenu du Canada sur son site Web.
La Cour canadienne de l’impĂ´t a conclu dans sa rĂ©cente dĂ©cision Harder que la Loi de l’impĂ´t sur le revenu contient une exigence obligatoire pour les parents de se verser mutuellement les sommes indiquĂ©es dans l’ordonnance du tribunal, et a ajoutĂ© qu’un accord de sĂ©paration portant que le versement des aliments sera compensĂ© constitue une preuve documentaire insuffisante pour permettre aux deux parents de se prĂ©valoir du crĂ©dit d’impĂ´t.
[TRADUCTION] « Cette interprĂ©tation […] signifie qu’un grand nombre de familles ne peuvent pas se conformer aux modalitĂ©s d’accords et d’ordonnances existants, et courent un risque important de se voir imposer des consĂ©quences financières en cas de vĂ©rifications », affirme le mĂ©moire. [TRADUCTION] « Les parents devraient plutĂ´t se verser mutuellement et rĂ©ellement le montant total des aliments et garder des traces de chacun des versements afin de pouvoir demander tous les deux le crĂ©dit d’impĂ´t pour personne dĂ©pendante. »
Les décisions créent des injustices entre différentes sortes de familles séparées, affirme la lettre. Elles peuvent en outre causer des problèmes lors que les aliments sont une pomme de discorde, lorsque, par exemple, le parent ayant des revenus inférieurs verse consciencieusement ses aliments, mais ne reçoit pas les paiements réciproques que doit verser le parent ayant des revenus plus élevés.
[TRADUCTION] « Au Canada, de plus en plus de familles sĂ©parĂ©es ont recours Ă la garde partagĂ©e », affirme la section, qui exhorte le gouvernement Ă faire preuve de son soutien envers les familles en modifiant la Loi de l’impĂ´t sur le revenu pour faciliter l’approche de compensation et autoriser les deux parents Ă se prĂ©valoir du crĂ©dit d’impĂ´t pour personne dĂ©pendante admissible.
[TRADUCTION] « Nous pensons qu’il est essentiel de veiller Ă ce que les familles Ă©vitent la nĂ©cessitĂ© de renĂ©gocier ces questions ou de les porter de nouveau devant les tribunaux, ainsi que les coĂ»ts, le stress et les incertitudes inhĂ©rentes Ă ces processus. »