Avec ce qu’un article (disponible uniquement en anglais) dĂ©nomme une « inquiĂ©tante politique de polarisation » qui remonte Ă l’Ă©lection, en 2015, du parti Droit et Justice (PiS), la Pologne conforte sa rĂ©putation d’enfant caractĂ©riel de l’Europe. Les problèmes ont atteint un point critique cet Ă©tĂ© lorsque le pays a prĂ©vu un certain nombre de rĂ©formes, qui auraient pour effet de mettre fin Ă l’indĂ©pendance de la magistrature et de soumettre les dĂ©cisions judiciaires Ă une influence politique.
Au mois de juillet, l’Union europĂ©enne (UE) a jugĂ© que ces projets de rĂ©forme constituaient un accroissement de la « menace systĂ©mique pesant sur l’Ă©tat de droit » en Pologne. L’UE a exigĂ© de la Pologne que celle-ci « remĂ©di[e] Ă ces problèmes dans un dĂ©lai d’un mois », faute de quoi l’UE Ă©tait prĂŞte Ă dĂ©clencher la procĂ©dure prĂ©vue Ă l’article 7 du traitĂ© sur l’UE, qui permet de suspendre les droits de vote d’un État membre au sein du Conseil europĂ©en.
Que ce soit en raison de l’agitation politique, de la critique internationale, ou des menaces de l’UE, le prĂ©sident Andrzej Duda a opposĂ© son veto Ă deux projets de loi controversĂ©s au mois de juillet. Le premier de ces projets de loi aurait Ă©tĂ© contraire Ă la Constitution de la Pologne, car il aurait augmentĂ© l’influence politique exercĂ©e par le Conseil qui propose les candidats Ă la magistrature, accordant ainsi un pouvoir accru au ministre de la Justice, qui aurait Ă©galement Ă©tĂ© habilitĂ© Ă recommander la promotion de juges en formation. Le deuxième projet de loi Ă©tait encore plus problĂ©matique, car il aurait permis au ministre de la Justice de congĂ©dier tous les juges de la Cour suprĂŞme polonaise et Ă nommer les successeurs de ceux-ci.
Vers la fin du mois de juillet, l’Association du Barreau canadien (ABC) a Ă©crit Ă la ministre des Affaires Ă©trangères, Mme Chrystia Freeland, exhortant son gouvernement « Ă inciter les pouvoirs publics polonais Ă respecter l’indĂ©pendance de la magistrature en tant qu’aspect fondamental de la dĂ©mocratie et des droits de la personne Ă l’Ă©chelle internationale ».
Relevant que l’ABC est membre de l’Association internationale du barreau (AIB), laquelle avait Ă©crit au prĂ©sident Duda pour exprimer ses propres prĂ©occupations au sujet des rĂ©formes prĂ©vues, la lettre indique que « [l]’ABC et l’AIB sont toutes deux profondĂ©ment convaincues qu’une saine dĂ©mocratie est fondĂ©e sur des principes qui incluent le respect de l’indĂ©pendance de la magistrature. D’ailleurs, il s’agit d’une norme des droits de la personne Ă l’Ă©chelle internationale, selon les principes fondamentaux relatifs Ă l’indĂ©pendance de la magistrature Ă©tablis par les Nations Unies. »
La lettre fait Ă©tat de l’accueil favorable que rĂ©serve l’ABC Ă la dĂ©cision du prĂ©sident polonais d’opposer son veto aux deux projets de loi, tout en reconnaissant que la situation « demeure instable » et en demandant au gouvernement du Canada de tirer parti de « ses Ă©troites relations bilatĂ©rales » avec la Pologne pour y encourager des projets de rĂ©forme qui appuient une magistrature indĂ©pendante.