Depuis 2001 et la promulgation de la première Loi antiterroriste suscitée par les attaques du 11 septembre, le gouvernement canadien maintient un équilibre précaire entre la protection de ses citoyens face à des menaces internes et externes et la protection de leurs libertés civiles.
On peut dire qu’au cours des dernières annĂ©es, il existe une profonde controverse, tant philosophique que juridique, quant au tracĂ© de cette nouvelle frontière et Ă l’approche appropriĂ©e pour la respecter.
L’ABC a Ă©tĂ© ravie par le discours du TrĂ´ne du nouveau gouvernement et la lettre de mandat de Ralph Goodale, le ministre de la SĂ©curitĂ© publique, qui ont tous deux indiquĂ© une intention d’examiner la lĂ©gislation et les politiques, telles que le projet de loi C-51, la Loi antiterroriste 2015, dont l’Association avait soutenu, dans des mĂ©moires au gouvernement, qu’elles devraient ĂŞtre modifiĂ©es et amĂ©liorĂ©es.
L’une des principales prioritĂ©s de Ralph Goodale est de : « En collaboration avec la ministre de la Justice, travailler Ă la rĂ©vocation des Ă©lĂ©ments problĂ©matiques du projet de loi C-51 et adopter de nouvelles mesures lĂ©gislatives renforçant la reddition de compte en matière de sĂ©curitĂ© nationale et mieux Ă©quilibrer la sĂ©curitĂ© collective avec les droits et les libertĂ©s ».
La prĂ©sidente Janet Fuhrer a inclus le mĂ©moire de l’Association portant sur le projet de loi controversĂ© dans la lettre de bienvenue (disponible en anglais uniquement) qu’elle a adressĂ©e au ministre Goodale, faisant remarquer que l’ABC s’oppose au projet de loi [traduction] « en raison de son manque de mĂ©canismes de surveillance parlementaire, de la conscription des juges pour autoriser les atteintes portĂ©es Ă la Charte par les autoritĂ©s policières, des rĂ©percussions sur l’expression et les protestations politiques lĂ©gitimes et davantage encore ». C’est avec plaisir que l’ABC collaborerait avec Ralph Goodale et avec la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, pour modifier la loi, a-t-elle dit. [traduction] « Plus particulièrement, nous appuyons la crĂ©ation d’un comitĂ© d’origine lĂ©gislative responsable de la surveillance de tout ministère et toute agence qui ont des responsabilitĂ©s en matière de la sĂ©curitĂ© nationale, tel qu’il est Ă©noncĂ© dans votre lettre de mandat. »
Elle a, en outre, louĂ© la rĂ©cente annonce faite par le ministre Goodale (article disponible en anglais uniquement) selon laquelle il allait examiner la politique sur le partage de l’information (disponible en anglais uniquement) avec les entitĂ©s Ă©trangères.
[Traduction] « L’ABC souhaite favoriser une relation solide et productive avec vous. Nous sommes heureux que votre gouvernement se soit engagĂ© Ă traiter de nombreuses questions nous prĂ©occupant tous », a ajoutĂ© Janet Fuhrer. « Nous avons hâte de collaborer avec vous et vos fonctionnaires pour exprimer le point de vue de la profession juridique sur ces questions et bien d’autres. »
Parmi les « questions nous prĂ©occupant tous » mentionnĂ©es dans la lettre de Janet Fuhrer, notons les suivantes.
La prĂ©vention de la criminalitĂ© – L’ABC encourage le gouvernement Ă examiner les modifications apportĂ©es au droit pĂ©nal qui ont fait fi des preuves et de la recherche [Traduction] « concernant ce qui prĂ©vient et dissuade rĂ©ellement la criminalitĂ© et aura les incidences positives les plus importantes sur la sĂ©curitĂ© publique ».
Faire confiance aux juges canadiens – Les peines minimales obligatoires [Traduction] « privent les juges de leur pouvoir discrĂ©tionnaire d’imposer des peines appropriĂ©es aux contrevenants en fonction des circonstances spĂ©cifiques Ă chaque affaire », et « exacerbent des problèmes dĂ©jĂ graves au sein des Ă©tablissements pĂ©nitentiaires du Canada, aggravant considĂ©rablement le problème de longue date du taux d’incarcĂ©ration supĂ©rieur des Autochtones ».
Secret professionnel de l’avocat au passage des frontières – Faisant remarquer que l’ABC avait, en 2014, exhortĂ© les ministres de la Justice et de la SĂ©curitĂ© publique d’alors Ă le faire, Janet Fuhrer a, Ă son tour, exhortĂ© le ministre Goodale Ă [Traduction] « crĂ©er un groupe de travail pour dĂ©finir la question des revendications du secret professionnel de l’avocat Ă la frontière canado-amĂ©ricaine et Ă Ă©tablir une politique gouvernementale officielle Ă ce sujet ». Elle suggère que soit formĂ© un groupe composĂ© de reprĂ©sentants de l’ABC, de Justice Canada et de l’Agence des services frontaliers du Canada, couverte par le mandat de SĂ©curitĂ© publique, qui collaborerait Ă l’Ă©laboration d’une telle politique.
PrĂ©occupations quant Ă l’immigration – Faisant remarquer que l’ABC a exprimĂ© de graves prĂ©occupations au sujet des vastes changements apportĂ©s au cours des dernières annĂ©es Ă la lĂ©gislation et aux processus connexes Ă l’immigration, aux frontières et Ă la sĂ©curitĂ©, Janet Fuhrer soumet plusieurs prioritĂ©s Ă l’examen du ministre Goodale, y compris la crĂ©ation d’une entitĂ© indĂ©pendante pour superviser l’AFSC, la crĂ©ation d’Ă©quipes « d’experts en immigration » qui travailleraient aux frontières et la promotion de l’entrĂ©e des rĂ©fugiĂ©s sans compromettre la sĂ©curitĂ© canadienne.