Lors de la campagne électorale du Parti libéral, l'une des grandes promesses, réitérée par la suite dans les lettres de mandat adressées aux ministres et dans le discours du Trône, visait à renouer les liens entre le gouvernement fédéral et les peuples autochtones du Canada.
En décembre, le gouvernement a mis au point un plan pour honorer cette promesse.
« Le moment est venu de rĂ©inventer notre relation de nation Ă nation avec les peuples autochtones. D’avoir avec eux une relation montrant que les droits des Premières Nations garantis par la Constitution du Canada ne sont pas quelque chose qui nous dĂ©range mais plutĂ´t une obligation sacrĂ©e », a dit le premier ministre Justin Trudeau devant un groupe de chefs rassemblĂ©s lors d’un congrès de l’AssemblĂ©e des premières nations, qui a eu lieu Ă Gatineau.
La première de cinq prioritĂ©s du nouveau gouvernement : crĂ©er une commission d’enquĂŞte sur les femmes autochtones assassinĂ©es ou portĂ©es disparues. Les quatre autres prioritĂ©s sont les suivantes :
- faire d’importants investissements en matière d’Ă©ducation des Premières Nations
- éliminer le plafonnement à 2 % sur le financement des programmes des Premières Nations
- mettre en œuvre les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation
- abroger toutes les mesures législatives imposées aux peuples autochtones par le gouvernement précédent
La lettre de mandat qui lui est adressĂ©e enjoint Ă la ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould de « rĂ©viser les changements apportĂ©s depuis dix ans Ă notre système de justice pĂ©nale ainsi que les rĂ©formes de la dĂ©termination des peines apportĂ©es au cours de la dernière dĂ©cennie […]. Ce processus devrait notamment permettre d’accroĂ®tre le recours Ă la justice rĂ©paratrice et Ă d’autres initiatives visant la rĂ©duction du taux d’incarcĂ©ration chez les Autochtones du Canada ».
Elle a aussi comme mandat de collaborer avec les autres ministres concernĂ©s afin de « combler les lacunes associĂ©es aux services offerts aux Autochtones et aux personnes souffrant de problèmes de santĂ© mentale qui naviguent dans le système de justice pĂ©nale ».
Ces derniers points se retrouvent Ă©galement dans plusieurs des politiques de l’ABC, dont certaines des rĂ©solutions adoptĂ©es l’Ă©tĂ© dernier Ă l’occasion de la ConfĂ©rence juridique de l’ABC Ă Calgary. Dans ces rĂ©solutions, l’ABC exhorte les gouvernements Ă rĂ©gler la question de la surreprĂ©sentation des personnes autochtones dans les Ă©tablissements correctionnels et Ă leur fournir des programmes appropriĂ©s sur le plan culturel; on y incite Ă©galement le gouvernement fĂ©dĂ©ral Ă offrir des soins de santĂ© adĂ©quats aux dĂ©tenus, « en insistant tout particulièrement sur la formation des membres du personnel de prison et l’exercice de leurs responsabilitĂ©s dans le respect des besoins des dĂ©tenus qui souffrent de troubles mentaux et cognitifs ». Ă€ l’instar de ces deux rĂ©solutions, la Section du droit des autochtones, de concert avec la Section du droit pĂ©nal, a parrainĂ© deux autres rĂ©solutions. La première exhorte le gouvernement Ă prendre des mesures pour restreindre le recours abusif Ă l’isolement cellulaire et la seconde lui demande de mettre en place des rĂ©gimes garantissant aux prisonniers un contact « raisonnable » avec leurs avocats, « y compris des mesures rĂ©glementaires exhaustives rĂ©gissant le droit des contrevenants Ă la reprĂ©sentation d’un avocat, Ă l’accès Ă un avocat et Ă la communication, protĂ©gĂ©e en vertu du secret professionnel, avec un avocat. » L’ABC a Ă©galement demandĂ© que des mesures concrètes soient adoptĂ©es vis-Ă -vis des sĂ©quelles engendrĂ©es par les Ă©coles rĂ©sidentielles au Canada.
Selon la lettre de mandat de Carolyn Bennett, la ministre des Affaires autochtones et du Nord, son « objectif premier consistera Ă renouveler la relation entre le Canada et les peuples autochtones [et ses] travaux doivent permettre de nouer une relation de nation Ă nation fondĂ©e sur la reconnaissance, les droits, le respect, la coopĂ©ration et la collaboration ».
Mme Bennett a reçu comme directive, entre autres, d’« entreprendre un examen des lois, des politiques et des pratiques opĂ©rationnelles […] afin de veiller Ă ce que l’État respecte entièrement ses obligations de consultation et d’accommodement conformĂ©ment Ă ses obligations constitutionnelles et internationales, y compris en ce qui concerne les droits ancestraux et issus de traitĂ©s ».
Monsieur le juge Murray Sinclair du Manitoba, qui a prĂ©sidĂ© la Commission de vĂ©ritĂ© et rĂ©conciliation, a dĂ©clarĂ© qu’il est d’une importance primordiale pour le premier ministre de faire preuve de leadership dans ce dossier.
Il a affirmĂ© dans une entrevue avec l’Ottawa Citizen (uniquement en anglais) que si le Cabinet du premier ministre Ă lui seul fait preuve de leadership, cela permettra de rĂ©aliser des progrès considĂ©rables, « [traduction] parce qu’il enverrait de ce fait un message clair au sein du système politique, ainsi que dans l’ensemble de la fonction publique, que les gens doivent changer leur façon de penser Ă ce sujet ».