Ce que vous devez savoir si votre client ouvre ou acquiert un restaurant ou un bar en Ontario

  • 11 juin 2019
  • Daniel Cherney

En Ontario, la Commission des alcools et des jeux de l'Ontario (CAJO) est chargĂ©e de la rĂ©glementation de la vente d’alcool dans les restaurants et les bars telle qu’elle est autorisĂ©e par la Loi sur les permis d’alcool et ses règlements d’application. Son mandat est clair : elle rĂ©glemente la vente d’alcool conformĂ©ment aux principes d’honnĂŞtetĂ© et d’intĂ©gritĂ©, et dans l’intĂ©rĂŞt du public. Par consĂ©quent, les juristes qui conseillent leurs clients concernant l’acquisition d’un restaurant ou d’un bar devraient maĂ®triser certains aspects de la Loi, soit la question de savoir si leur client peut prĂ©tendre Ă  un permis de vente d’alcool et la marche Ă  suivre pour dĂ©poser une demande devant la CAJO.

Votre client peut-il prĂ©tendre Ă  un permis de vente d’alcool en vertu de la Loi?

­Que votre client acquière un immeuble commercial aux fins de l’ouverture d’un restaurant ou d’un bar, qu’il prenne Ă  bail un immeuble commercial (dont le locataire ait ou non dĂ©tenu un permis), ou qu’il acquière un restaurant ou un bar existant, il est fondamental que vous dĂ©terminiez tout d’abord si votre client est admissible Ă  obtenir un permis de vente d’alcool en vertu de la Loi.

La Loi Ă©nonce plusieurs situations dans lesquelles l’auteur d’une demande pourrait ne pas avoir le droit d’obtenir un permis de vente d’alcool, dont les suivantes :

  • on ne peut raisonnablement s’attendre Ă  ce que l’auteur de la demande gère ses affaires sainement;
  • le comportement antĂ©rieur ou prĂ©sent de l’auteur de la demande, de l’un de ses dirigeants ou administrateurs, d’une personne qui est intĂ©ressĂ©e Ă  l’Ă©gard d’une autre personne (selon la dĂ©finition Ă©noncĂ©e dans la Loi), ou d’une personne ayant la responsabilitĂ© de la gestion ou de l’exploitation du commerce de l’auteur de la demande, donnerait des motifs raisonnables de penser que l’auteur de la demande ne gèrera pas ses affaires conformĂ©ment Ă  la loi et avec intĂ©gritĂ© et honnĂŞtetĂ©;
  • l’auteur de la demande exerce des activitĂ©s qui contreviennent ou contreviendront Ă  la Loi ou Ă  ses règlements d’application;
  • le local, l’amĂ©nagement, l’Ă©quipement et les installations Ă  l’Ă©gard desquels le permis est demandĂ© ne sont, ni ne seront conformes Ă  la Loi et Ă  ses règlements d’application si le permis est dĂ©livrĂ© Ă  l’auteur de la demande;
  • l’auteur de la demande n’est pas en mesure de montrer qu’il exercera un contrĂ´le suffisant sur l’entreprise, y compris sur le local, l’amĂ©nagement, l’Ă©quipement et les installations visĂ©s par la demande de permis;
  • le permis ne rĂ©pond pas Ă  l’intĂ©rĂŞt du public s’agissant des besoins et souhaits des rĂ©sidents de la municipalitĂ© dans laquelle le local est situĂ©.

Si, Ă  la lumière de faits connus, vous concluez que votre client a le droit d’obtenir un permis de vente d’alcool, le prochain Ă©lĂ©ment important est celui de savoir si, dans cette situation particulière, il s’agit de faire une nouvelle demande ou une demande de transfert du permis, y compris l’autorisation d’impartition.

Demande de transfert par opposition Ă  une nouvelle demande

Dans 99 % des acquisitions de restaurant ou de bar, une demande de transfert, combinĂ©e avec une demande d’autorisation d’impartition, est l’option la plus souhaitable pour obtenir un permis de vente d’alcool auprès de la CAJO en raison de la rapiditĂ© du processus et de la possibilitĂ© de continuer Ă  exploiter le restaurant ou le bar en attendant la dĂ©cision finale.

Si votre client prĂ©sente une demande de transfert combinĂ©e avec une demande d’autorisation d’impartition, la CAJO accordera gĂ©nĂ©ralement l’autorisation d’impartition dans les 10 Ă  15 jours et une dĂ©cision finale sera prise concernant la demande dans les 8 Ă  10 semaines. Pour l’aider Ă  prendre sa dĂ©cision, la CAJO exige que lui soient communiquĂ©s les renseignements nĂ©cessaires concernant l’entitĂ© auteure de la demande, des rapports sur les antĂ©cĂ©dents personnels des propriĂ©taires, actionnaires, gĂ©rants et personnes ayant un intĂ©rĂŞt dans l’entreprise, ainsi que des dĂ©tails prĂ©cis au sujet du local et un plan de l’endroit visĂ© par le permis demandĂ©.

MalgrĂ© le fait que ce sont les mĂŞmes renseignements qui sont exigĂ©s pour une demande de transfert, l’accord de l’approbation donnĂ©e par la CAJO au terme d’un processus de nouvelle demande peut prendre plusieurs mois. La chronologie pour une dĂ©cision finale concernant une nouvelle demande dĂ©pend principalement de la question de savoir si le local a dĂ©jĂ  fait l’objet d’un permis au cours des six derniers mois. Si c’est le cas, la dĂ©cision finale sera probablement prise au terme de 8 Ă  10 semaines, sinon, il faudra qu’un avis public soit donnĂ© et que toutes les questions qu’il pourra soulever soient rĂ©glĂ©es avant que la demande puisse ĂŞtre examinĂ©e. Quoi qu’il en soit, les juristes doivent correctement prĂ©voir et communiquer la chronologie connexe Ă  l’obtention d’une approbation pour une nouvelle demande.

Conclusion

Avant que vos clients ne soient liĂ©s par un accord de vente ou un bail commercial visant un restaurant ou un bar, il faut soigneusement envisager les probabilitĂ©s de succès d’une demande de permis commercial et la meilleure voie Ă  suivre pour prĂ©senter la demande.

Surtout, les juristes doivent s’assurer que toutes les opĂ©rations connexes Ă  un possible restaurant sont faites sous rĂ©serve de la dĂ©livrance d’un permis de vente d’alcool par la CAJO. En l’absence de la condition susmentionnĂ©e, votre client pourrait se voir forcĂ© d’occuper un local ou de prendre les rĂŞnes d’une entreprise alors qu’il lui manque une composante essentielle pour atteindre le succès.

Daniel Cherney est avocat dans le cabinet Soloway Wright LLP