L'honorable Nancy Orr

Hon-Nancy-Orr-x2.jpegQUEL A ÉTÉ VOTRE CHEMINEMENT DANS LE MONDE DU DROIT ET DE LA MAGISTRATURE?

J’ai grandi sur une ferme de l’ÃŽle-du-Prince-Édouard. Bien que mon père ait quitté l’école à l’âge de quinze ans pour travailler à la ferme, lui et ma mère étaient bien au courant de l’importance des études. Ils nous ont encouragés, mes frères et moi, à nous appliquer à l’école, sans quoi des corvées supplémentaires nous attendaient à la ferme! Dès ma tendre enfance, je voulais être avocate. Après l’obtention de mon diplôme en administration des affaires à l’Université Dalhousie, j’ai fréquenté la faculté de droit de l’Université d’Ottawa et je suis retournée à l’ÃŽle-du-Prince-Édouard avec un diplôme en droit.

J’ai été la huitième femme à être admise au Barreau de l’ÃŽle-du-Prince-Édouard et la septième à pratiquer le droit. Même s’il n’y avait pas beaucoup de femmes servant de modèles, tous les gens s’appuyaient les uns les autres.

Pendant quinze ans, j’ai été avocate-conseil au Programme d’aide juridique de l’ÃŽle-du-Prince-Édouard. J’ai initialement été embauchée dans le cadre d’un projet dont l’objectif était de voir si de l’aide juridique en droit de la famille était requise à l’ÃŽle-du-Prince-Édouard, phénomène confirmé dans la première demi-heure suivant mon embauche. Au fil du temps, la majorité de mon travail était dans le domaine de l’aide juridique en droit pénal.

En 1995, j’ai été la première femme nommée à la Cour provinciale de l’ÃŽle-du-Prince-Édouard. Après 26 ans à la magistrature, j’apprécie encore le défi de mon travail. Malgré la tristesse et la difficulté de plusieurs affaires, c’est l’imprévisibilité des procès qui fait qu’il y a rarement des moments ennuyeux et qui met en évidence l’importance d’attendre que toutes les preuves soient présentées avant de rendre une décision. J’aime le droit pénal, car une affaire a un début et une fin, contrairement au droit de la famille.

QUE SOUHAITEZ-VOUS QUE LE PUBLIC SACHE AU SUJET DU SYSTÈME DE JUSTICE?

Malheureusement, bien des gens se font une opinion du système judiciaire en se basant sur un article de journal de quelques lignes ou sur une manchette de trente secondes aux nouvelles du soir. Lorsque je parle à des groupes, je les encourage à venir faire un tour à la cour s’ils le peuvent et à constater d’eux-mêmes ce qui s’y passe. J’explique aussi que, malheureusement, un procès de deux jours ne peut être résumé en quelques lignes. J’essaie également d’expliquer qu’un juge ne peut rendre une décision qu’en se fondant sur la preuve entendue dans la salle d’audience, et non sur des rumeurs entendues dans la rue.

Il faut en faire plus dans les écoles pour éduquer le futur public sur le rôle des divers participants de l’appareil judiciaire, sur leurs droits et responsabilités et sur l’incidence que les décisions qu’ils prennent peuvent avoir sur leur avenir.