L'honorable Mary McAuley
QUEL CHEMINEMENT VOUS A MENÉ AU MONDE DU DROIT ET À LA MAGISTRATURE?
Je n’ai pas envisagé d’exercer la profession de juriste dès mon plus jeune âge. Le simple fait d’avoir obtenu un diplôme de 12e année était en soi une source de fierté pour ma famille et ma communauté. Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai poursuivi un diplôme de coiffure et j’ai travaillé dans ce domaine pendant deux ans. Peu de temps après, j’ai découvert que mon travail ne me plaisait pas autant que je le pensais et que j’avais envie d’un métier plus stimulant. Je me suis inscrite dans un collège de commerce et j’ai occupé divers postes en administration pendant de nombreuses années, jusqu’à ce que je me heurte au redoutable plafonnement. Bien que mes emplois me plaisaient, je sentais qu’il y avait quelque chose quelque part qui correspondait mieux à mes compétences. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de m’inscrire à l’université, au grand dam de mes parents qui étaient déçus que je quitte un si bon emploi. Cependant, leur déception s’est rapidement transformée en joie lorsque j’ai obtenu un diplôme de droit.
À l’université, je me suis d’abord orientée vers la psychologie, car j’ai toujours aimé aider les gens. Cependant, après une rencontre avec l’un de mes professeurs, j’ai été encouragée à choisir une autre carrière où je pourrais enseigner ou représenter les gens, comme l’éducation ou le droit. Ce même professeur a remarqué que j’avais une grande aptitude pour la justice et que je prodiguais toujours des conseils lors de mes séances d’orientation pratique. Après une série d’événements intéressants, j’ai posé ma candidature à la faculté de droit de l’Université de Saskatchewan. J’étais initialement intéressée par le droit du travail et de l’emploi ou le droit de la famille. Cependant, après avoir suivi quelques cours sur les preuves, j’ai découvert que j’aimais le droit pénal. Après cette révélation, il m’est apparu que la raison pour laquelle j’aimais le droit pénal était due à mon inquiétude et à ma compréhension de la situation difficile dans laquelle se trouvent les peuples autochtones.
Après avoir obtenu mon diplôme de la faculté de droit avec une spécialisation en droit pénal, j’ai commencé ma carrière en tant que procureure de la Couronne à Regina, en Saskatchewan. Après ce poste, je me suis rendu à Prince Albert où j’ai été employée par l’Aide juridique en tant qu’avocate salariée, principalement auprès du Tribunal cri. Après avoir travaillé avec l’Aide juridique pendant cinq ans et remarqué que Prince Albert manquait de cabinets juridiques autochtones, j’ai ouvert le cabinet McAuley Law Firm en 2012. J’ai reçu deux stagiaires juridiques et mon cabinet comptait au total quatre juristes. J’ai continué à développer mon cabinet jusqu’à ma nomination à la magistrature en 2018.
QUELLE EXPÉRIENCE DE VOTRE CARRIÈRE JURIDIQUE VOUS A LE MIEUX PRÉPARÉ À VOTRE TRAVAIL AU SEIN DE LA MAGISTRATURE?
Je suis métisse parlant couramment le cri du village Cumberland House, en Saskatchewan. Ma ville natale, qui est une île isolée, compte des membres de la communauté qui luttent contre les mêmes facteurs de Gladue que ceux qui prévalent dans le système de justice pénale. Défendre des clients autochtones au tribunal cri et au tribunal de Prince Albert m’a permis de comprendre comment les Autochtones éprouvent des difficultés à naviguer dans le système de justice. Je représentais des délinquants autochtones dans le cadre de la procédure judiciaire, mais je les voyais revenir sans cesse. Il était très décourageant de les voir passer entre les mailles du filet et ne pas recevoir l’aide dont ils avaient besoin. Ma langue, le cri, m’a permis d’entamer des conversations personnelles avec mes clients en cri, ce qui a semblé rendre la procédure judiciaire moins intimidante pour eux. Au fil du temps, j’ai représenté davantage de délinquants autochtones qui se sont sentis à l’aise avec leur procès ou la détermination de leur peine, car ils pouvaient compter sur les services d’une avocate issue du même milieu qu’eux et qui pouvait comprendre leur parcours.
L’enfance que j’ai vécue dans ma ville natale et ma carrière à l’Aide juridique et dans un cabinet privé ont joué un rôle déterminant pour que je comprenne mieux les défis auxquels les Autochtones sont confrontés. Ces défis ne se limitent pas aux délinquants autochtones, mais aussi aux délinquants non autochtones pris dans le système de justice pénale. Principalement, j’ai découvert que là où il y a de la pauvreté, il y a une myriade d’autres problèmes sociaux.
Lorsque je siège, ces expériences passées de représentation d’un large éventail de clients m’aident à avoir une vue d’ensemble en termes de besoins. J’ai appris de mon expérience juridique passée qu’il n’y pas de solution qui convient à tout le monde.