L’honorable J. Michal Fairburn
QUELLE EXPÉRIENCE DE VOTRE CARRIÈRE JURIDIQUE VOUS A LE MIEUX PRÉPARÉ À VOTRE TRAVAIL AU SEIN DE LA MAGISTRATURE?
Il n’y a pas une expérience unique dans ma carrière juridique qui m’a mieux préparée à travailler à la magistrature, mais si je devais choisir un thème global de ma pratique juridique, je dirais que cela a un lien avec la diversification intentionnelle de ma carrière.
Avant de devenir juge, j’étais principalement avocate plaidante en appel. Cependant, j’ai tiré profit d’un large éventail d’expériences dans le système de justice. J’ai été à la fois avocate de la Couronne et avocate de la défense. J’ai exercé de nombreuses activités à la Cour de justice de l’Ontario, à la Cour supérieure de justice, à la Cour d’appel de l’Ontario et à la Cour suprême du Canada. J’ai travaillé avec la police et avec des victimes d’actes criminels, ainsi qu’avec des accusés. J’ai plaidé dans le cadre de présentation d’affaires complexes et j’ai aussi fait du travail plus routinier dans des tribunaux provinciaux.
Ces expériences m’ont non seulement permis d’acquérir une excellente base en droit, mais elles m’ont aussi donné une bonne idée du système de justice au travail, de la façon dont les différentes parties se mêlent et de la multitude d’intérêts au travail. Cette perspective large est inestimable pour le poste que j’occupe aujourd’hui.
QUELS CONSEILS DONNERIEZ-VOUS AUX JURISTES QUI COMPARAISSENT DEVANT VOUS?
Le conseil que je prodiguerais à toutes les avocates plaidantes est de se rappeler que, fondamentalement, nous sommes tous des humains engagés dans un processus profondément humain dans une salle d’audience. Il est possible d’obtenir des résultats plus équitables lorsque nous comprenons que nous avons chacun un rôle précis à jouer dans la salle d’audience et que nous devons le faire le mieux possible. Cela signifie que vous ne devriez pas trop vous en faire avec ce que pensent les juges ou avec ce qu’ils peuvent faire ou non. Ayant moi-même été avocate plaidante pendant des années, je peux vous dire que chaque fois que je me suis aventurée dans ce type de réflexion, j’avais généralement tort.
Présentez-vous devant le tribunal avec confiance et donnez le meilleur de vous-même, sans jamais porter tout le poids du monde sur vos épaules. Collectivement, nous partageons tous ce poids dans l’administration de la justice. Les juges finissent toujours par faire ce que font les juges et vous ne pouvez pas contrôler le résultat final. Ce que vous pouvez contrôler, c’est le travail que vous avez mis dans la préparation de votre cas pour être prête à défendre avec confiance votre position, en avançant des arguments raisonnés qui s’appuient sur des principes. Lorsque vous abordez votre exercice de plaidoyer dans cet esprit, vous avez une bien meilleure chance de profiter de l’expérience et de bien vous reposer en ayant la certitude que vous avez fait tout ce que vous pouviez pour que la justice soit faite.
QUE SOUHAITEZ-VOUS QUE LE PUBLIC SACHE AU SUJET DU SYSTÈME DE JUSTICE?
Je modifierais un peu le libellé de cette question : qu’espérez-vous sincèrement que le public sache au sujet du système de justice? Pour moi, la réponse à cette question est claire : le Canada jouit d’un système de justice dynamique et en constante évolution qui est inextricablement lié à notre mode de vie démocratique.
Il est évident que lorsque le public perd confiance dans le système judiciaire, et perd son respect pour le système judiciaire, la primauté du droit est en péril. Aussi, lorsque la primauté du droit est en péril, la démocratie est en danger, car la confiance de l’opinion publique dans le système judiciaire est essentielle au maintien d’une société stable, prévisible et ordonnée : Renvoi relatif à la sécession du Québec [1998] 2 R.C.S. 217, paragraphe 70.
Donc, ce que j’espère sincèrement que le public sait, c’est que nous avons un système de justice solide, ouvert et responsable qui est rempli de professionnels dévoués travaillant exceptionnellement fort à la poursuite de la justice.
Depuis maintenant plus de trente ans, j’observe des champions de la justice issus de toutes les sphères du système juridique. Je suis très fière de notre système de justice, qui se compose de professionnels extraordinaires qui donnent beaucoup d’eux-mêmes. Je me sens privilégiée de travailler avec toutes ces personnes. J’espère bien que le public sait que ce sont ces champions qui soutiennent non seulement la démocratie de notre pays, mais qui sont engagés dans un processus sans fin pour atteindre de plus hauts sommets.