Qu’est-ce qui vous a poussĂ© Ă choisir d’exercer le droit?
Mon parcours vers la facultĂ© de droit n’Ă©tait pas un objectif dĂ©fini, mais une idĂ©e rĂ©sultant de la prise de conscience de ce que j’aimais faire -- lire, Ă©crire, poser des questions, analyser des informations, offrir des opinions et argumenter (mes parents m’ont fait remarquer ce dernier trait Ă plusieurs reprises). Au moment oĂą j’Ă©tais Ă l’Ă©cole secondaire, je pensais au droit ou au journalisme. Je ne connaissais qu’un seul avocat dans la communautĂ© caribĂ©enne lorsque je grandissais ici (Ă Winnipeg). J’ai fait des Ă©tudes de lettres, puis j’ai passĂ© le LSAT pour voir ce que j’en pensais et, mĂŞme en entrant Ă la facultĂ© de droit, j’Ă©tais ouverte Ă l’idĂ©e de « voir comment ça se passerait ». J’ai adorĂ©.
Quelle a été votre expérience en tant que femme au sein de la profession juridique? Comment cela a-t-il changé depuis le début de votre carrière et où devons-nous encore aller?
J’ai commencĂ© Ă pratiquer le droit Ă une Ă©poque oĂą les femmes Ă©taient de plus en plus nombreuses Ă rejoindre la profession. Je la dĂ©crirais comme une pĂ©riode passionnante et pleine de dĂ©fis. Passionnante en raison du sentiment de faire partie de quelque chose de nouveau. Les femmes Ă©taient perçues comme une anomalie, et des questions ouvertes Ă©taient posĂ©es quant Ă leur aptitude et Ă leur capacitĂ© d’ĂŞtre juristes. Les femmes qui m’ont prĂ©cĂ©dĂ©e avaient commencĂ© Ă dĂ©fricher le chemin et j’ai eu la chance de travailler avec d’excellents modèles au dĂ©but de ma carrière. Une pĂ©riode pleine de dĂ©fis Ă cause de l’aggravation quotidienne du fait d’ĂŞtre congĂ©diĂ©e, ignorĂ©e ou sous-estimĂ©e. Le fait d’ĂŞtre une femme noire signifiait que l’impact de ma prĂ©sence se faisait sentir sur deux fronts. Je savais que le sexisme et le racisme faisaient partie de ma rĂ©alitĂ© depuis que j’en avais conscience dans mon enfance, mais je trouvais dĂ©cevant que la profession reflète ce mĂŞme degrĂ© d’ignorance. Avec du recul, ce n’Ă©tait pas surprenant; c’est un microcosme de notre sociĂ©tĂ©. J’ai bĂ©nĂ©ficiĂ© du fait d’ĂŞtre dans une communautĂ© juridique relativement petite oĂą les gens pouvaient rĂ©ellement apprendre Ă se connaĂ®tre. Établir ces relations personnelles et professionnelles a Ă©tĂ© un soutien important et j’ai beaucoup appris des autres collègues.
Les femmes en droit ont vraiment forcĂ© certaines conversations sur les stĂ©rĂ©otypes, les rĂ´les des sexes, la valeur de certains travaux, les responsabilitĂ©s familiales et le bien-ĂŞtre. Dès le dĂ©but, il y avait un dĂ©sir pressant de voir des changements et il y a eu des avancĂ©es – dans le droit, dans la profession et dans les attitudes. Il y a eu des changements, mais comme tant d’efforts vers l’Ă©galitĂ©, le travail doit se poursuivre pour qu’il se maintienne pour aller de l’avant. Le fait que les femmes quittent la profession ou semblent avoir moins de choix en son sein pour gĂ©rer le travail, une vie personnelle et leur santĂ© est un problème. Notre sociĂ©tĂ© a toujours exercĂ© certaines pressions sur les femmes et j’ai remarquĂ© que les problèmes d’anxiĂ©tĂ© et de confiance en soi chez les jeunes juristes semblent plus prononcĂ©s que par le passĂ©.
En outre, le discours sur l’inclusivitĂ© doit ĂŞtre significatif. La profession juridique dans son ensemble doit ĂŞtre ouverte aux praticiens et praticiennes qui reflètent l’Ă©tendue de la diversitĂ© au pays. Ma connaissance de l’histoire du Canada en ce qui concerne les peuples autochtones est nĂ©e de mon travail dans le domaine du droit pĂ©nal, et non de ce que j’ai appris Ă l’Ă©cole, y compris Ă la facultĂ© de droit. Je sais que cela commence Ă s’amĂ©liorer grâce Ă des efforts d’Ă©ducation mieux informĂ©s. Le dĂ©fi reste donc entier. Cependant, dans ce dĂ©fi, il existe des opportunitĂ©s pour faire avancer le changement.
Quels conseils donneriez-vous Ă votre jeune moi?
Prends soin de toi – de ta santĂ© et de ton bien-ĂŞtre.
Prends du temps pour ta famille et tes amis.
Ne t’inquiète pas tant.
Une carrière juridique peut ĂŞtre ce que tu veux qu’elle soit – poursuis tes propres attentes et non celles de quelqu’un d’autre.
Dites-nous une chose sur vous que la plupart des gens ne savent pas.
J’adore confectionner des gelĂ©es et des confitures et ma prĂ©fĂ©rĂ©e est le cassis. Nous avions l’habitude de cultiver nos propres raisins et framboises. La rĂ©colte de raisins de cette annĂ©e sera gracieusement offerte par le jardin d’un ami.
Catherine Ewasiuk est avocate chez Fulton & Company LLP Ă Vancouver.