J’ai eu l’occasion de faire partie du groupe de conseillers et conseillères techniques de l’Association du Barreau canadien qui s’est rendu Ă Arusha, en Tanzanie, pour le premier forum rĂ©gional organisĂ© dans le cadre du projet le plus rĂ©cent menĂ© par Initiatives internationales de l’ABC dans la rĂ©gion, intitulĂ© Soutien Ă l’exploitation inclusive des ressources en Afrique de l’Est.
Les Ă©volutions du secteur de l’extraction en Afrique orientale regorgent d’enjeux sociaux, politiques et juridiques Ă la fois complexes et sensibles. Non seulement il existe dans ce contexte des normes culturelles et de genre complexes et diverses, mais l’application de structures lĂ©gislatives, telles que les accords de permis, les dividendes et les incidences environnementales, est difficile et manque de transparence. La propriĂ©tĂ© foncière et les lois sur l’expropriation ne produisent pas des rĂ©sultats Ă©quitables pour les femmes et autres personnes vivant dans les communautĂ©s isolĂ©es touchĂ©es par le dĂ©veloppement du secteur de l’extraction. Les questions de santĂ© et de sĂ©curitĂ© prĂ©dominent particulièrement dans les activitĂ©s minières artisanales et Ă petite Ă©chelle, le plus souvent dĂ©nuĂ©es de toute rĂ©glementation, qui apparaissent gĂ©nĂ©ralement aux pourtours des activitĂ©s minières commerciales Ă grande Ă©chelle.
Le forum, intitulĂ© Pour plus de transparence et de sensibilitĂ© aux enjeux de genre et un plus grand respect de l’obligation de rendre des comptes – NouveautĂ©s dans le secteur extractif en Afrique de l’Est, a rassemblĂ© des personnes reprĂ©sentant l’East African Law Society et les barreaux de la Tanzanie, du Kenya et de l’Ouganda, ainsi que d’autres s’exprimant au nom d’organisations de la sociĂ©tĂ© civile, du milieu universitaire et du secteur de l’extraction.
Au fil d’un ordre du jour très serrĂ© rĂ©parti sur deux jours, les participants ont Ă©changĂ© des connaissances, discutĂ© des dĂ©fis et mis en commun les pratiques exemplaires visant Ă apporter un soutien aux femmes et aux communautĂ©s touchĂ©es par le dĂ©veloppement du secteur de l’extraction, y compris l’idĂ©e de leur donner des occasions de participer plus activement Ă l’extraction des ressources dans leur pays et d’en tirer un meilleur parti.
Le forum Ă©tait axĂ© sur quatre thèmes gĂ©nĂ©raux : (1) les dĂ©fis et possibilitĂ©s du point de vue des femmes dans le contexte des industries extractives, (2) la nĂ©cessitĂ© de susciter la participation des communautĂ©s en gĂ©nĂ©ral et des femmes en particulier afin d’accroĂ®tre les avantages et de rĂ©duire les prĂ©judices, (3) les rĂ©percussions des dommages environnementaux sur les communautĂ©s en gĂ©nĂ©ral et les femmes et filles en particulier, et (4) les difficultĂ©s de la gestion des diffĂ©rends entre l’industrie et les communautĂ©s. Le groupe canadien a fait des exposĂ©s sur des points tels que les droits des Autochtones, la rĂ©glementation environnementale, les mĂ©canismes de règlement des diffĂ©rends et les arrangements visant Ă faire profiter les communautĂ©s; exposĂ©s qui ont ouvert la porte Ă des discussions et ont facilitĂ© un apprentissage comparatif et une mise en commun.
Les personnes qui ont participĂ© au forum ont dĂ©terminĂ© plusieurs exigences fondamentales pour pouvoir aller de l’avant dans ce milieu très complexe. Il faut tout d’abord comprendre clairement les cadres internationaux et nationaux actuels quant Ă l’Ă©galitĂ© et aux droits des femmes, ce qui aidera Ă asseoir le travail de reprĂ©sentation dans ce domaine. Il faut Ă©galement appuyer l’accession d’un plus grand nombre de femmes Ă des positions de leadership au sein de leurs communautĂ©s, tant dans le domaine politique qu’au sein du secteur de l’extraction. Cela nĂ©cessitera une formation en leadership et un mentorat destinĂ©s aux femmes, ainsi que des politiques et programmes sur la diversitĂ© de genre pour favoriser l’Ă©mergence de milieux dans lesquels les femmes peuvent avancer dans la hiĂ©rarchie. Les femmes doivent pouvoir obtenir des emplois dans le secteur de l’extraction lui-mĂŞme ou dans des industries connexes afin de pouvoir recueillir les avantages Ă©conomiques produits par le secteur. Ces exigences fondamentales constituent en elles-mĂŞmes des dĂ©fis complexes dont certains, notamment la lutte pour faire accĂ©der les femmes Ă des positions de leadership dans le domaine politique et dans l’industrie, sont des dĂ©fis constants mĂŞme au Canada. Il n’existe aucune panacĂ©e. MalgrĂ© tout, les participants ont quittĂ© le forum en ayant le sentiment d’avoir accompli quelque chose et armĂ©s d’une dĂ©termination renouvelĂ©e.
Personnellement, je peux affirmer que c’est l’une des expĂ©riences professionnelles les plus fascinantes qu’il m’ait Ă©tĂ© donnĂ© de vivre jusque-lĂ . J’avais indiquĂ© souhaiter participer au projet d’une façon ou d’une autre en raison de mon expĂ©rience en matière de rĂ©daction lĂ©gislative et de mon intĂ©rĂŞt Ă l’Ă©gard d’un projet international qui cherche Ă amĂ©liorer la vie des femmes. Je n’aurais jamais pensĂ© que mon expression d’intĂ©rĂŞt m’aurait conduite Ă aller en Afrique pour la première fois et Ă participer Ă cette activitĂ© inaugurale. J’espère que ce n’est que le dĂ©but de mes apports Ă ce projet qui n’en est qu’au tout dĂ©but de sa durĂ©e de cinq ans.
Kelly McLaughlin vit Ă Yellowknife oĂą elle travaille pour le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Elle participe activement aux activitĂ©s de l’ABC tant Ă l’Ă©chelle nationale que territoriale.