L’exercice du droit est une profession dans laquelle vos relations comptent Ă©normĂ©ment. Si vous connaissez les personnes appropriĂ©es, les portes s’ouvrent plus facilement devant vous. Les personnes qui sont les premières de leur famille Ă Ă©tudier le droit ont gĂ©nĂ©ralement peu de relations et il leur est plus difficile de s’en faire. Par consĂ©quent, lorsqu’elles commencent Ă chercher un emploi, elles rĂ©alisent gĂ©nĂ©ralement le manque de relations « de famille ». Manifestement, cela ne veut pas dire qu’on ne peut prospĂ©rer dans le monde du droit que si l’on peut compter sur les relations dĂ©jĂ tissĂ©es par notre famille. Cependant, d’aucuns affirment que les obstacles semblent plus Ă©vidents en leur absence.
Une « personne qui est la première de sa famille Ă Ă©tudier le droit » peut ĂŞtre dĂ©crite comme quelqu’un dont les parents n’ont pas poursuivi d’Ă©tudes universitaires. Mon père est un immigrant et ma mère une rĂ©fugiĂ©e. Ni l’un ni l’autre n’a pu poursuivre d’Ă©tudes universitaires. Je me retrouve donc, comme de nombreux Ă©tudiants en droit dans la mĂŞme position, sans aucun appui pour entrer dans le secteur du droit.
Sans expĂ©rience en personne dans le domaine de l’exercice du droit, un grand nombre d’entre nous n’ont personne auprès de qui trouver de l’aide. Nous n’avons pas de mère au sein de la magistrature pour nous tenir la main, pas de père avocat plaidant pour nous enseigner les secrets du mĂ©tier, pas de grands-parents ayant de l’expĂ©rience en tant qu’associĂ©s directeurs auxquels demander leur avis. En tant que personne qui est la première de sa famille Ă Ă©tudier le droit, au dĂ©but, j’ai vraiment eu l’impression de n’avoir aucun appui.
MalgrĂ© mon inscription Ă la FacultĂ© de droit de l’UniversitĂ© Thompson Rivers sans aucune relation dans le monde du droit, j’ai rĂ©cemment dĂ©crochĂ© mon diplĂ´me, armĂ© d’un solide rĂ©seau d’envergure nationale. Comment ai-je fait? Pour me construire un rĂ©seau, je reconnais l’utilitĂ© des stratĂ©gies suivantes, que je recommande aux personnes qui Ă©tudient le droit, qu’elles soient ou non les premières dans leur famille Ă le faire.
Tout d’abord, il faut adhĂ©rer Ă des organisations de juristes. L’ABC, par exemple, m’a permis de tisser des liens avec d’autres Ă©tudiants en droit, des stagiaires, des juristes et des juges de tout le pays. Les activitĂ©s de l’ABC m’ont permis d’aller Ă Ottawa Ă plusieurs reprises. LĂ , j’ai rencontrĂ© des chefs de file de ce secteur prĂŞts Ă transmettre leur sagesse. D’autres organisations nationales proposent aussi des possibilitĂ©s de mentorat. M’intĂ©ressant particulièrement au contentieux, j’ai adhĂ©rĂ© Ă la The Advocates’ Society et tissĂ© des liens avec certains des meilleurs juristes du pays. Je suis Ă©galement membre de la Federation of Asian Canadian Lawyers, une organisation nationale qui fait la promotion de l’Ă©quitĂ©, de la justice et des dĂ©bouchĂ©s pour les juristes qui ont les mĂŞmes origines que moi. Les juristes membres de ces organisations sont gĂ©nĂ©ralement ouverts Ă faire partie des rĂ©seaux des personnes qui Ă©tudient le droit.
Ma deuxième recommandation est de participer aux activitĂ©s juridiques hors des murs de votre facultĂ©. Ainsi, j’ai participĂ© Ă la Coupe Sopinka, un concours de plaidoirie pĂ©nale. Venus de toutes les rĂ©gions du Canada, des Ă©tudiants et juristes, ces derniers tous ravis de croiser le fer avec de futurs avocats plaidants, y participaient. Les concours de plaidoirie sont une occasion rĂŞvĂ©e pour rĂ©seauter car ils comportent frĂ©quemment des composantes sociales. Dans le cadre de la Coupe Sopinka, j’ai mĂŞme pu rencontrer les juges Moldaver, CĂ´tĂ© et Rowe. Parmi les autres activitĂ©s figurent des confĂ©rences, gĂ©nĂ©ralement axĂ©es sur un domaine particulier du droit ou un enjeu du système judiciaire, ou sont conçues spĂ©cifiquement pour certaines catĂ©gories de praticiens. Les confĂ©rences permettent aux Ă©tudiants non seulement d’assister aux exposĂ©s des juristes les plus brillants dans leur domaine, mais aussi de rencontrer des praticiens du droit passionnĂ©s par ce qu’ils font.
Enfin, je recommande aux personnes qui Ă©tudient le droit d’avoir recours Ă ce qui pourrait ĂŞtre considĂ©rĂ© comme une mĂ©thode « forte ». En d’autres termes, aborder des praticiens de front. Il existe un grand nombre de façons de tisser des liens avec les gens de nos jours. Les courriels et les appels Ă froid sont la base, mais point n’est besoin pour les Ă©tudiants en droit de se limiter aux mĂ©thodes traditionnelles. Les juristes sont de plus en plus prĂ©sents sur les mĂ©dias sociaux et sont ravis de recevoir des messages professionnels envoyĂ©s par des personnes qui Ă©tudient le droit. Personnellement, j’ai vraiment aimĂ© assister Ă des audiences et discuter avec les juristes pendant les pauses. Les avocats apprĂ©cient gĂ©nĂ©ralement que l’on s’intĂ©resse aux dossiers qu’ils plaident.
ĂŠtre une personne qui est la première de sa famille Ă Ă©tudier le droit comporte ses inconvĂ©nients, mais ce sont eux qui ont aiguillĂ© grand nombre d’entre nous vers la rĂ©ussite. Les facultĂ©s de droit fournissent Ă un grand nombre de premières personnes de leur famille Ă Ă©tudier le droit un tremplin pour construire leurs rĂ©seaux professionnels de manière novatrice. Avec ces rĂ©seaux les obstacles Ă l’entrĂ©e dans le secteur juridique peuvent alors ne plus sembler si insurmontables.
Vincent Li est vice-prĂ©sident de la Section nationale des Ă©tudiants et Ă©tudiantes en droit de l’ABC