Au moment oĂą j’Ă©cris ces lignes, nous sommes Ă la mi-janvier, c’est-Ă -dire un moment privilĂ©giĂ© pour regarder en arrière et regarder devant. Lorsque je contemple 2013 et que j’envisage 2014, un mot me vient Ă l’esprit : rĂ©solution. Il est temps de faire le compte de ce que la rĂ©solution nous a apportĂ©, et d’Ă©valuer ce que la rĂ©solution peut encore nous rĂ©server.
L’un des projets Ă long terme de la Section du droit international Ă©tait d’inciter le Canada Ă ratifier la Convention pour le règlement des diffĂ©rends relatifs aux investissements entre États et ressortissants d’autres États, un traitĂ© majeur dans le domaine conclu en 1965 et ratifiĂ© par 149 pays. Les États signataires de la Convention ont accès Ă des dĂ©cisions arbitrales exĂ©cutoires auprès du Centre international pour le règlement des diffĂ©rends relatifs aux investissements. Les dĂ©cisions qui en Ă©manent sont reconnues comme exĂ©cutoires par les États membres, qui doivent les traiter comme les jugements dĂ©finitifs de leur plus haute cour d’appel.
La Section du droit international travaillait dĂ©jĂ sur le projet de ratification de la Convention lorsque j’ai commencĂ© Ă m’y impliquer comme prĂ©sidente de division, il y a une dizaine d’annĂ©es. La question Ă©tait toujours Ă l’ordre du jour de la Section en aoĂ»t 2012, lorsque j’ai acceptĂ© le poste de prĂ©sidente nationale. Dix ans de promotion de la ratification — au cours du mandat de pas moins de cinq prĂ©sidents diffĂ©rents — ont finalement portĂ© leurs fruits : le Canada a dĂ©posĂ© ses instruments de ratification le 1er novembre 2013, et la Convention est entrĂ©e en vigueur au Canada le 1er dĂ©cembre 2013. Les Canadiens et les Canadiennes peuvent dĂ©sormais profiter des avantages du traitĂ©. La route aura Ă©tĂ© longue pour y arriver, exigeant persĂ©vĂ©rance et fortitude, mais la rĂ©solution aura rĂ©ussi Ă nous y conduire.
Il y a une autre face Ă notre rĂ©solution Ă faire avancer le droit international au Canada. En aoĂ»t dernier, j’ai eu l’honneur d’assister Ă l’AssemblĂ©e du Conseil national Ă Saskatoon pour y prĂ©senter la rĂ©solution 13-08-A, relative aux « Directives ministĂ©rielles concernant le partage d’informations avec des entitĂ©s Ă©trangères ». Ces Directives, Ă©mises par le ministre de la SĂ©curitĂ© publique, accordent au directeur du SCRS le pouvoir discrĂ©tionnaire de partager avec des États et des fonctionnaires Ă©trangers des renseignements susceptibles d’avoir Ă©tĂ© obtenus sous la torture ou sous d’autres formes de maltraitance ou d’exposer certaines personnes Ă un risque de torture ou de maltraitance. Bien que ce pouvoir discrĂ©tionnaire soit limitĂ©, il demeure incompatible avec la prohibition absolue de la torture en droit international et les interdictions adoptĂ©es au Canada Ă l’Ă©gard de la torture et de la maltraitance, notamment en vertu de la Charte canadienne des droits et libertĂ©s.
La rĂ©solution 13-08-A exige du ministre qu’il modifie les Directives afin de supprimer le pouvoir discrĂ©tionnaire de partager tout renseignement entachĂ© de torture ou de maltraitance, ou susceptible d’y conduire. Elle a Ă©tĂ© adoptĂ©e et applaudie Ă l’AssemblĂ©e du Conseil national. Le prĂ©sident de l’ABC , Fred Headon, a Ă©galement Ă©crit une lettre Directives ministĂ©rielles Ă l'intention du Service canadien du renseignement de sĂ©curitĂ© (SCRS) sur le partage au ministre de la SĂ©curitĂ© publique le 8 janvier dernier pour exhorter le gouvernement Ă assurer la conformitĂ© des Directives ministĂ©rielles avec les obligations juridiques du Canada.
Un autre projet de la Section en 2013 concernait notre publication phare, la Revue canadienne de droit international. Après avoir supervisĂ© la production de la revue pendant des annĂ©es, la rĂ©dactrice en chef fondatrice Elo Tulvig-Blais a menĂ© Ă terme son dernier numĂ©ro Ă l’automne 2013. La rĂ©daction de la revue relève dĂ©sormais de l’agente des communications de la Section du droit international, Noemi Gal-Or. Non seulement Noemi a hĂ©ritĂ© du poste de rĂ©dactrice en chef, mais la brillante Ă©quipe du ComitĂ© des communications et elle ont, au cours de l’annĂ©e 2013, Ă©laborĂ© un plan pour stabiliser le financement de la revue. Un travail qui n’a rien de spectaculaire, mais qui est fondamental. Ce plan financier assure que les juristes canadiens continueront d’avoir accès Ă une revue avec un comitĂ© de pairs publiant des articles spĂ©cialisĂ©s sur des questions intĂ©ressant les praticiens du droit international au Canada. Vous pouvez consulter les numĂ©ros passĂ©s de la Revue canadienne de droit international.
Se tournant dĂ©sormais vers l’avenir, on constate que l’annĂ©e 2014 rĂ©serve aussi un grand rĂ´le Ă la rĂ©solution. Lors de l’AssemblĂ©e de la mi-hiver, en fĂ©vrier, j’aurai le plaisir d’appuyer, au nom de la Section du droit international, la rĂ©solution 14-05-M prĂ©sentĂ©e par la ConfĂ©rence sur l’orientation et l’identitĂ© sexuelles, dans laquelle l’ABC exhorte (1) le ComitĂ© international olympique et d’autres membres du Mouvement olympique Ă mettre sur pied un mĂ©canisme permanent et indĂ©pendant de surveillance du respect des droits de la personne dans les pays hĂ´tes avant, pendant et après les Jeux olympiques, ainsi qu’au cours du processus de mise en candidature des pays, et (2) le ComitĂ© international paralympique Ă incorporer activement le point de vue des organisations non gouvernementales et de dĂ©fense des droits des handicapĂ©s sur les exigences en matière d’accessibilitĂ© lors du processus de mises en candidature des pays et avant, pendant et après les Jeux paralympiques. Je suis impatiente d’assister Ă la discussion de cette rĂ©solution au Conseil.
En mars 2014, la Cour suprĂŞme du Canada entendra la cause Succession de feu Zahra (Ziba) Kazemi, et al. c. RĂ©publique islamique d’Iran, et al., contestant la constitutionnalitĂ© du paragraphe 3(1) de la Loi sur l’immunitĂ© des États, SRC 1985, ch. S -18. Cette contestation survient dans le cadre de l’action en dommages-intĂ©rĂŞts de la Succession pour la dĂ©tention, la torture et le meurtre de la Canadienne Zahra Kazemi Ă TĂ©hĂ©ran en 2003. Ă€ l’initiative de la Section du droit international, l’ABC a demandĂ©, et obtenu, le titre d’intervenante dans cette affaire. Le mĂ©moire de l’ABC a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© Ă la Cour en novembre 2013.
En avril 2014, j’assisterai Ă la rĂ©union du printemps 2014 de l’American Bar Association, Ă New York. J’espère y rencontrer d’autres membres de la Section. Je vous rappelle que tous les membres de notre Section ont droit Ă des taux d’inscription prĂ©fĂ©rentiels aux congrès de droit international de l’ABA en vertu d’une entente entre la section de l’ABA et la nĂ´tre.
Le 30 mai prochain, la Section tiendra sa rĂ©union annuelle avec les reprĂ©sentants du ministère de la Justice, Ă Ottawa. Tous les membres de la Section sont invitĂ©s Ă y participer. Pour plus amples renseignements Ă ce sujet, veuillez communiquer avec Noah Arshinoff, avocat de l’ABC au noaha@cba.org.
Pour conclure, si vous ĂŞtes rĂ©solu Ă vous impliquer davantage au sein de la Section du droit international de l’ABC en 2014 (et j’espère que vous l’ĂŞtes!), je mentionne que les Ă©lections du ComitĂ© exĂ©cutif de la Section se tiendront au milieu de l’annĂ©e. Je vous invite Ă envisager sĂ©rieusement de poser votre candidature.
Ă€ propos de l'auteur
Monique Pongracic-Speier est avocate plaidante au cabinet Ethos Law Group, Ă Vancouver