Petz v. Duguay, 2017 ABQB 0090 (disponible uniquement en anglais)
Juge W.P. Sullivan
Edward Tawkin pour la demanderesse
Cory Ryan pour le défendeur
10 février 2017
La dĂ©cision rendue par la Cour dans l’affaire Petz v Duguay souligne l’importance de l’Ă©tablissement de la crĂ©dibilitĂ© d’un demandeur dans le contexte des prĂ©judices corporels puisque l’on ne peut se fier aux critères subjectifs et aux dĂ©clarations faites par le demandeur qui sous-tendent l’avis donnĂ© par l’expert, Ă moins que la crĂ©dibilitĂ© du demandeur ne soit prĂ©alablement Ă©tablie.
En l’espèce, la demanderesse avait dĂ©posĂ© une rĂ©clamation pour prĂ©judice corporel après un accident automobile survenu le 12 septembre 2004. Le vĂ©hicule du dĂ©fendeur avait tournĂ© Ă gauche, coupant la route au vĂ©hicule dans lequel la demanderesse Ă©tait passagère. La responsabilitĂ© a Ă©tĂ© admise, mais les questions devant ĂŞtre tranchĂ©es par le juge Ă©taient celles des blessures de la demanderesse et du montant des dommages-intĂ©rĂŞts.
Au cours d’un procès qui a durĂ© quatre semaines, monsieur le juge Sullivan a examinĂ© divers tĂ©moignages d’experts, la preuve dĂ©posĂ©e par la demanderesse et les dĂ©positions des tĂ©moins experts du dĂ©fendeur. Les experts de la demanderesse ont tĂ©moignĂ© qu’elle Ă©tait, de façon permanente, atteinte du syndrome de la douleur chronique et d’un trouble somatoforme. Leur tĂ©moignage d’expert Ă©tait discrĂ©ditĂ© par la conclusion gĂ©nĂ©rale de manque de crĂ©dibilitĂ© de la demanderesse. Selon la Cour, le tĂ©moignage de la demanderesse avait comportĂ©, au fil du procès, de nombreuses incohĂ©rences et la surveillance avait rĂ©vĂ©lĂ© qu’elle n’avait pas Ă©tĂ© franche.
En revanche, le dĂ©fendeur soutenait que les symptĂ´mes de la demanderesse connexes Ă la collision avaient disparu et qu’aucun des symptĂ´mes permanents n’avait de lien avec l’accident. En raison des prĂ©occupations quant Ă la crĂ©dibilitĂ© le juge Sullivan a accordĂ© la prĂ©fĂ©rence aux tĂ©moignages de deux chirurgiens orthopĂ©distes proposĂ©s par le dĂ©fendeur, le Dr Lowell van Zuiden et le Dr Richard Hu, plutĂ´t qu’aux tĂ©moignages d’experts proposĂ©s par la demanderesse.
En raison du manque de crĂ©dibilitĂ© de la demanderesse, son tĂ©moignage ainsi que ceux de ses fournisseurs de soins ont Ă©tĂ© Ă©cartĂ©s car ils Ă©taient presque entièrement fondĂ©s sur des plaintes Ă©manant de la demanderesse. D’ailleurs, la Cour a affirmĂ© que la preuve n’Ă©tait pas suffisante pour appuyer les rĂ©clamations de la demanderesse et qu’un grand nombre de ses plaintes ne pouvaient ĂŞtre vĂ©rifiĂ©es. Par consĂ©quent, elle a refusĂ© d’accorder Ă la demanderesse des dommages-intĂ©rĂŞts pour perte de capacitĂ© mĂ©nagère, coĂ»ts des soins Ă venir ou perte de revenus futurs ou de capacitĂ© de gagner sa vie. La Cour a conclu qu’en octobre 2008, les blessures de la demanderesse Ă©taient guĂ©ries, et elle lui a accordĂ© 76 028 $ en tout, soit des dommages-intĂ©rĂŞts gĂ©nĂ©raux de 50 000 $, une perte de revenu passĂ© de 21 710 $ et des dĂ©penses personnelles de 4 318 $.
Enseignements: la crĂ©dibilitĂ© du demandeur peut avoir de fortes rĂ©percussions sur le montant adjugĂ© par un tribunal. Les rapports d’experts devraient ĂŞtre Ă©valuĂ©s minutieusement pour voir si l’expert s’est fondĂ© presque entièrement sur les dĂ©clarations faites par le demandeur. Si c’est le cas et que le demandeur manque de crĂ©dibilitĂ© en fin de compte, le tĂ©moignage d’expert pourrait ĂŞtre Ă©cartĂ©.
Cette dĂ©cision a fait l’objet d’un appel qui est en cours.
Préparé par Ashley Christie, Navreet Bal et Tory Hibbitt, du cabinet McLennan Ross LLP