Dans l’arrĂŞt 1588444 Ontario Ltd. v. State Farm Fire and Casualty Company, 2017 ONCA 42, la Cour d’appel de l’Ontario, et notamment les juges Laskin, Feldman et Hourigan, ont Ă©tĂ© appelĂ©s Ă infirmer l’ordonnance rendue le 16 octobre 2015 par le juge H.K. O’Connell, qui avait rejetĂ© la requĂŞte – prĂ©sentĂ©e par State Farm – pour permission de modifier sa dĂ©fense.
La rĂ©clamation dĂ©coulait d’un incendie, survenu le 4 juin 2006, qui a dĂ©truit un restaurant et une salle de rĂ©ception exploitĂ©s par la sociĂ©tĂ© Ă dĂ©nomination numĂ©rique. L’enquĂŞte a confirmĂ© qu’il s’agissait d’un incendie criminel. La propriĂ©tĂ© Ă©tait assurĂ©e en vertu d’une police consentie par State Farm. Dans une lettre du 9 juin 2006, le reprĂ©sentant de State Farm a avisĂ© 1588444 Ontario ltĂ©e qu’en dĂ©pit de l’enquĂŞte menĂ©e par State Farm et de tout règlement du sinistre, State Farm pourrait rejeter la rĂ©clamation en se fondant sur une disposition de la police permettant Ă l’assureur de refuser la couverture si la perte est causĂ©e par un geste malhonnĂŞte ou criminel posĂ© par l’assurĂ©. Le 9 juin 2006, M. Vincenzo Spartaco, l’âme dirigeante de la sociĂ©tĂ© Ă dĂ©nomination numĂ©rique, a Ă©galement signĂ© un document qui reconnaĂ®t que State Farm pourrait ne pas avoir Ă indemniser 1588444 Ontario ltĂ©e en raison de la perte subie, et autorisant l’assureur Ă mener une enquĂŞte sur l’incendie.
State Farm a engagĂ© les services d’un ingĂ©nieur afin d’enquĂŞter sur la cause de l’incendie. L’enquĂŞteur est parvenu Ă la mĂŞme conclusion que le service de police et le bureau du chef des services de prĂ©vention des incendies de la ville de Barrie, Ă savoir qu’il s’agissait d’un incendie dĂ©libĂ©rĂ©.
Le 4 juin 2007, la sociĂ©tĂ© Ă dĂ©nomination numĂ©rique a produit une dĂ©claration, dans laquelle la sociĂ©tĂ© et M. Spartaco Ă©taient dĂ©signĂ©s en tant que demandeurs. Dans sa dĂ©fense, en date du 14 septembre 2007, State Farm n’a ni invoquĂ© ni allĂ©guĂ©, de quelque façon que ce soit, que les demandeurs – ou quiconque agissant en leur nom – avaient mis le feu Ă la propriĂ©tĂ©.
Les interrogatoires prĂ©alables ont eu lieu en mai 2011. Lors de son interrogatoire prĂ©alable, State Farm a admis que la non-coopĂ©ration des demandeurs constituait sa seule raison de refuser l’indemnisation, et qu’elle ne prĂ©tendait pas que les demandeurs avaient Ă©tĂ© responsables de l’incendie. Toutefois, lors de l’interrogatoire prĂ©alable de M. Spartaco, State Farm a tentĂ© de poser des questions Ă l’appui d’allĂ©gations qu’il avait dĂ©libĂ©rĂ©ment mis le feu Ă la propriĂ©tĂ©. Ces questions ont Ă©tĂ© rejetĂ©es. State Farm a prĂ©sentĂ© une requĂŞte visant Ă obliger l’assurĂ© Ă respecter ses engagements. Une partie de cette requĂŞte avait pour but de contraindre l’assurĂ© Ă rĂ©pondre aux questions qui avaient Ă©tĂ© refusĂ©es au sujet de l’incendie criminel. Étant donnĂ© que State Farm n’avait pas fait valoir que M. Spartaco avait Ă©tĂ© responsable de l’incendie, le juge Mullins a rejetĂ© la partie de la requĂŞte qui demandait des rĂ©ponses aux questions allĂ©guant que M. Spartaco avait mis le feu Ă la propriĂ©tĂ©.
Lorsque l’avocat de State Farm a confirmĂ© que sa cliente n’avait eu connaissance d’aucune dĂ©rogation, de la part des demandeurs, aux dispositions de la police d’assurance, l’avocat de ces derniers a commencĂ© Ă prĂ©voir le dĂ©pĂ´t d’une requĂŞte en jugement sommaire. Lors d’une audience le 19 dĂ©cembre 2014, tenue afin de prĂ©voir la date de l’audition de la requĂŞte en jugement sommaire, l’avocat de State Farm a fait valoir, pour la première fois, que sa cliente allait prĂ©senter une requĂŞte pour permission de modifier sa dĂ©fense. Les documents dĂ©posĂ©s par State Farm au soutien de sa requĂŞte en modification comprenaient une dĂ©fense amendĂ©e, dans laquelle State Farm a retirĂ© son allĂ©gation de non-coopĂ©ration mais a ajoutĂ© l’argument voulant que la couverture ait Ă©tĂ© refusĂ©e parce que les demandeurs avaient commis une infraction d’incendie criminel.
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