Par un beau matin du dĂ©but octobre Ă Ottawa, le Centre Shaw, dont l’atrium en verre en forme de tulipe surplombe le canal, est baignĂ© de soleil et fourmille de juristes prĂ©sents pour l’incontournable confĂ©rence conçue pour les professionnels exerçant dans leur domaine du droit.
La Section du droit de la concurrence de l’ABC organise deux confĂ©rences par an : une rencontre printanière d’une journĂ©e Ă Toronto et sa confĂ©rence de premier ordre organisĂ©e Ă Ottawa Ă l’automne. Cette dernière offre, au cours de deux jours, formation continue et rĂ©seautage ainsi que des occasions de rencontrer les fonctionnaires du Bureau de la concurrence.
« Cette confĂ©rence Ă laquelle nous participons en ce moment fait partie intĂ©grante du calendrier des juristes », a dĂ©clarĂ© le prĂ©sident de la section, Rod Frank, qui a pris le temps, malgrĂ© une matinĂ©e chargĂ©e commencĂ©e, comme celle de la veille, avec une rĂ©union Ă 7 h 30, pour parler de ce qui motive les travaux de la section. « Ils savent que c’est le seul moment de l’annĂ©e oĂą ils peuvent venir, rĂ©seauter et se mettre Ă jour dans le domaine de la concurrence une bonne fois pour toutes. Un programme coĂ»tant moins de 1 000 $. C’est un bon prix. Si vous exercez dans le domaine du droit de la concurrence et que vous ne venez pas Ă cette confĂ©rence, quelle en est la raison? Il est de notoriĂ©tĂ© publique que c’est l’Ă©vĂ©nement Ă ne pas manquer au Canada. »
La confĂ©rence commence avec une activitĂ© sociale, le tournoi de golf annuel de bienfaisance organisĂ© par le Bureau de la concurrence. Ensuite, les membres se mettent au travail. Pendant les deux jours que dure la confĂ©rence, ils auront 13 options de FC, neuf occasions de rĂ©seauter, et la possibilitĂ© d’assister Ă un dĂ®ner au cours duquel le commissaire Ă la concurrence fera une allocution et une confĂ©rencière ou un confĂ©rencier prononcera un discours. Cette annĂ©e, c’est la journaliste Chantal HĂ©bert, a dit Me Frank. Le vendredi, le groupe des avocates canadiennes en droit de la concurrence a commanditĂ© un dĂ©jeuner pour lequel, comme pour la confĂ©rence, il ne restait plus une seule place de libre.
Ă€ la question qui lui a Ă©tĂ© posĂ©e de savoir quel est le secret de la participation des membres, Me Frank a donnĂ© plusieurs rĂ©ponses. D’abord, dit-il, les juristes spĂ©cialisĂ©s en droit de la concurrence ne sont pas nombreux, ils exercent principalement Ă Ottawa et Ă Toronto, et tombent pour la plupart dans la catĂ©gorie de personnalitĂ© du type A, soit des gens qui, malgrĂ© la concurrence avec leurs homologues, cultivent des relations collĂ©giales et professionnelles.
« Nous avons une bonne relation avec le Bureau de la concurrence, c’est la raison pour laquelle cette confĂ©rence a lieu Ă Ottawa, c’est pour faciliter la participation de leur personnel », ajoute Me Frank. « Le commissaire, John Pecman, rĂ©alise la valeur d’une solide relation avec le barreau privĂ©. Nous pouvons leur fournir des commentaires et leur indiquer ce que disent nos clients. Parallèlement, l’avantage pour nous est de savoir ce que pense l’organe d’application de la loi. Ce sont des gens avec une personnalitĂ© de type A qui souhaitent rĂ©ussir et qui se rendent compte des avantages qu’ils tireront probablement de la collaboration. »
Ensuite, Me Frank accorde beaucoup de crédit aux solides travaux des comités. La section en possède 12, qui œuvrent dans des domaines tels que les politiques en matière de concurrence, la conformité des sociétés, les cartels, les comportements criminels. Ces comités ont des objectifs tels que, par exemple, organiser trois déjeuners-causeries de FC par an. Ils doivent tous préparer des plans détaillés présentant les travaux prévus chaque année.
« Par le passĂ©, c’Ă©tait très vague, du genre “ah, nous allons organiser une confĂ©rence et nous aimerions rencontrer les fonctionnaires du Bureau” […] Non. Cela ne suffit pas. Nous voulons savoir d’ici le 1er octobre ce que contient votre plan de travail. Quand vont avoir lieu ces dĂ©jeuners-causeries? Quel en sera le thème? Inviterez-vous des confĂ©renciers? Nous en avons fait la responsabilitĂ© des comitĂ©s et avons ensuite rendu cela agrĂ©able. »
Il souligne en outre les solides liens entre la section et l’ABA, qui a une très grande section sur le droit antitrust disposant d’Ă©normes ressources. La section de l’ABC est la seule organisation Ă©trangère invitĂ©e Ă leur confĂ©rence, et les membres de l’ABA viennent assister aux rencontres canadiennes. Les deux sections collaborent pour offrir des dĂ©jeuners-causeries de FC. « Un jeune juriste peut presque obtenir une maĂ®trise juste en assistant aux dĂ©jeuners-causeries. Vous pouvez vraiment en apprendre beaucoup grâce Ă ces programmes qui sont essentiellement gratuits. Il suffit d’adhĂ©rer Ă l’ABC et vous pouvez y assister. »
Le ComitĂ© des jeunes avocats et avocates, qui a organisĂ© une sĂ©ance de mentorat lors de la confĂ©rence d’automne et offre un symposium d’une demi-journĂ©e au printemps, est particulièrement prĂ©cieux pour les juristes qui commencent tout juste Ă exercer le droit de la concurrence, dĂ©clare Me Frank, qui reconnait qu’il lui a fallu beaucoup de temps pour s’intĂ©grer dans ce domaine et au sein de cette communautĂ©.
« La profession est dominĂ©e par des gens qui exercent depuis de nombreuses annĂ©es. L’apprentissage est très long. Il faut beaucoup de temps pour se faire une clientèle, une rĂ©putation. Je pense que les jeunes juristes se sentaient quelque peu tenus Ă l’Ă©cart », dit-il. « C’est la raison pour laquelle cela a Ă©tĂ© mis en place : pour leur permettre d’avoir leur propre rencontre lors de la confĂ©rence. […] C’est une façon, pour eux, de s’intĂ©grer et de se sentir soutenus. Tous les autres comitĂ©s collaborent avec les jeunes juristes et cela s’avère une très bonne occasion pour eux de faire avancer leur carrière. »
Pour les jeunes juristes, ou pour toute personne qui souhaite obtenir de plus amples renseignements sur des points complexes du droit de la concurrence, il y a Fundamentals of Canadian Competition Law (les fondements du droit canadien de la concurrence (qui comporte deux chapitres en français)). C’est un ouvrage entièrement rĂ©digĂ© par des bĂ©nĂ©voles, disponible sous forme de ressource en ligne pour les membres (la version imprimĂ©e peut ĂŞtre achetĂ©e par les membres et les non membres auprès des Ă©ditions Carswell).
Outre les solides travaux des comitĂ©s, l’un des secrets rĂ©vĂ©lĂ©s par Me Frank aux autres sections pour augmenter la participation de leurs membres est de les encourager Ă publier des articles afin d’accroĂ®tre leur profil professionnel (la section publie des articles professionnels dans la Revue canadienne du droit de la concurrence), de commenter la lĂ©gislation et les politiques, d’offrir des prix universitaires aux Ă©tudiants et Ă©tudiantes en droit et aux jeunes juristes et, de façon gĂ©nĂ©rale, de trouver des moyens d’offrir des possibilitĂ©s aux membres. « L’ABC regorge de possibilitĂ©s de vous perfectionner du point de vue professionnel, de trouver des amis et de rendre votre pratique beaucoup plus intĂ©ressante », dit Me Frank. « Le plus souvent, le droit de la concurrence est plutĂ´t rĂ©barbatif : vous ĂŞtes Ă votre bureau et vous rĂ©glez des problèmes, un par un. Cependant, si vous pouvez trouver une communautĂ© de gens qui partagent vos intĂ©rĂŞts qui vous soutiennent, n’hĂ©sitez pas, et l’ABC a toujours Ă©tĂ© lĂ pour nous. Le jeu en vaut vraiment la chandelle. »