La production commerciale de chanvre industriel a Ă©tĂ© lĂ©galisĂ©e au Canada en 1997. Ce chanvre diffère du cannabis, que le gouvernement libĂ©ral lĂ©galisera Ă son tour le 17 octobre 2018. Le Canada est l’un des quelques pays Ă avoir lĂ©galisĂ© le chanvre industriel, lequel est dĂ©fini dans le Règlement sur le chanvre industriel comme :
« [l]es plantes ou parties de plantes du genre Cannabis dont les feuilles et les tĂŞtes florales ne contiennent pas plus de 0,3 % de THC p/p, ainsi que leurs dĂ©rivĂ©s. La prĂ©sente dĂ©finition exclut les parties de plantes du genre Cannabis que sont les graines de cannabis stĂ©riles — Ă l’exception des dĂ©rivĂ©s de ces graines — et les tiges de cannabis matures — Ă l’exception des branches, des feuilles, des fleurs et des graines —, ainsi que les fibres obtenues de ces tiges. »
Ainsi, le chanvre industriel englobe les dĂ©rivĂ©s des plantes et parties de plantes, Ă l’exception des feuilles et tĂŞtes florales. Administrativement, il est traitĂ© au Canada comme un stupĂ©fiant plutĂ´t qu’un produit agricole. Le chanvre industriel et toutes les formes de cannabis sont des substances dĂ©signĂ©es aux termes de la Loi rĂ©glementant certaines drogues et autres substances (LRCDAS) du Canada, qui en fait la liste Ă l’annexe II.
Il y a quatre grands marchĂ©s pour le chanvre industriel : l’alimentation humaine, l’alimentation animale, la fibre textile et les produits mĂ©dicinaux. Nombreux sont les produits – farines, huiles, lotions et crèmes pharmaceutiques, cosmĂ©tiques, vĂŞtements, cordes, etc. – qui contiennent du chanvre industriel, et bon nombre d’entre eux sont importĂ©s au Canada. Qui plus est, de nouveaux produits dĂ©rivĂ©s s’inventent sans cesse. L’importation du chanvre industriel et de ses dĂ©rivĂ©s est encadrĂ©e par un système sĂ©vère de règles et de permis et licences, certes, mais le gouvernement canadien est très favorable au dĂ©veloppement du marchĂ©.
Les importateurs de chanvre industriel et de ses produits dĂ©rivĂ©s doivent connaĂ®tre les règles de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et de SantĂ© Canada. C’est SantĂ© Canada qui contrĂ´le l’importation, la production, le traitement, la possession, le transport, la livraison et l’offre et la vente du chanvre industriel. Elle prĂ©sente beaucoup d’information sur le Règlement sur le chanvre industriel et les politiques connexes sur son site Web; la ressource la plus utile est sans doute la foire aux questions. L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) s’occupe de l’application de la Loi sur les semences et de la Loi sur la protection des vĂ©gĂ©taux (ainsi que leurs règlements connexes), lesquelles encadrent l’importation des graines et des plantes, respectivement. Quant Ă l’ASFC, elle a le rĂ´le de chien de garde; c’est elle qui fait respecter les règles de SantĂ© Canada et de l’ACIA Ă la frontière canadienne. Elle a d’ailleurs Ă©tabli sa politique sur le sujet dans son MĂ©morandum D19-9-2, « Importation et exportation de substances dĂ©signĂ©es et de prĂ©curseurs ».
Il y a plusieurs consignes Ă respecter en trait Ă l’importation de chanvre industriel. Voici quelques-unes des plus importantes :
- Un particulier ne peut pas importer de chanvre industriel au Canada. En effet, ni les règlements, ni l’exemption de catĂ©gories de personnes prise en vertu de l’article 56 n’autorisent explicitement l’importation (et l’exportation) de chanvre industriel Ă titre de particulier, ce qui en fait le seul domaine des importateurs commerciaux.
- Il ne faut jamais donner des informations fausses ou inexactes dans les demandes et autres documents déposés au gouvernement du Canada; autrement, les marchandises importées peuvent être saisies et détruites.
- L’ASFC peut retenir des marchandises aux douanes pour vĂ©rifier si elles font l’objet d’une restriction ou interdiction immĂ©diatement applicable, et si toutes les obligations s’y rapportant (obtention de permis, etc.) ont Ă©tĂ© remplies. Elle peut aussi demander conseil Ă SantĂ© Canada.
- L’importateur doit dĂ©tenir une licence valide de SantĂ© Canada, faute de quoi il ne peut agir comme importateur officiel et risque la saisie et la destruction de ses marchandises.
- Le titulaire d’une licence ne peut pas importer de chanvre industriel sans aussi dĂ©tenir une licence d’importation particulière en règle, laquelle n’est valide que pour une seule expĂ©dition. L’envoi doit absolument respecter la limite de quantitĂ©, le point d’entrĂ©e et le lieu d’expĂ©dition qui sont indiquĂ©s sur cette licence. Les marchandises peuvent ĂŞtre saisies et dĂ©truites si l’importateur n’a pas de licence d’importation particulière valide.
- Les importateurs de semences doivent s’enregistrer auprès de l’ACIA et en respecter les règles et politiques. Seuls les producteurs dĂ©tenant une licence ont le droit d’importer des semences de chanvre industriel au Canada; ils doivent aussi obtenir pour cela une licence d’importation particulière. Les semences Ă importer doivent ĂŞtre nettoyĂ©es (dĂ©barrassĂ©es des mottes de terre, dĂ©bris de plantes et toutes autres matières du genre) et s’accompagner d’un certificat phytosanitaire.
- Les importateurs de certains produits dérivés doivent avoir une licence, dont le type dépend de la nature du produit. Par exemple, les cosmétiques et produits de santé contenant du chanvre industriel nécessitent une approbation de Santé Canada.
- Chaque expĂ©dition pour importation de produits ou dĂ©rivĂ©s du chanvre industriel doit s’accompagner d’un certificat d’analyse dĂ©livrĂ© par un laboratoire compĂ©tent dans le pays d’origine du produit ou dĂ©rivĂ© et indiquant que ce dernier contient au plus 10 µg/g de THC.
- Il faut employer la bonne classification du Système harmonisĂ© (SH) de tarifs douaniers pour la marchandise Ă importer, son code tarifaire pouvant dĂ©pendre de sa composition chimique. L’emploi de la mauvaise classification constitue une faute de nature technique qui peut mener Ă la saisie de la marchandise.
- Il faut connaĂ®tre et respecter toutes les exigences en matière d’Ă©tiquetage.
- Il est recommandĂ© aux importateurs de chanvre industriel et de ses produits dĂ©rivĂ©s de demander des conseils juridiques lorsqu’ils prĂ©parent leurs demandes de licences et autres documents, puisqu’ils courent le risque de perdre leurs privilèges d’importation s’il s’y glisse des renseignements erronĂ©s (voir le point 2 plus haut).
Cyndee Todgham Cherniak, LexSage Professional Corporation