Le gouvernement du QuĂ©bec a rĂ©cemment prĂ©sentĂ© son budget 2018-2019, dans lequel il a fait l’annonce de plusieurs mesures fiscales, dont une initiative visant Ă Ă©largir la portĂ©e de la taxe de vente du QuĂ©bec par la mise en place de l’obligation pour les non-rĂ©sidents de la province, dans certains cas, de s’inscrire pour percevoir et verser la TVQ applicable sur leurs fournitures vendues dans la province.
Le rĂ©gime de la TVQ est l’Ă©quivalent, au QuĂ©bec, du rĂ©gime canadien de taxe sur les produits et services, et de taxe de vente harmonisĂ©e. La TVQ est calculĂ©e au taux de 9,975 % sur les fournitures taxables (autres que les fournitures dĂ©taxĂ©es) et peut ĂŞtre rĂ©cupĂ©rĂ©e au moyen d’un système de remboursement de la taxe sur les intrants, mais seulement si les fournitures taxables sont utilisĂ©es par un fournisseur inscrit Ă la TVQ (Ă l’exception des fournitures exemptĂ©es).
Comme l’indique le budget, le rĂ©gime de la TVQ ne prĂ©voit actuellement aucune règle particulière quant aux transactions effectuĂ©es en ligne. La fourniture de biens meubles (corporels et incorporels) ou de services par Internet est gĂ©nĂ©ralement soumise Ă la TVQ si les biens ou services sont fournis pour consommation au QuĂ©bec (principe de destination), que le fournisseur soit Ă©tabli au QuĂ©bec, ailleurs au Canada ou Ă l’Ă©tranger. Toutefois, le commerce Ă©lectronique prĂ©sente un dĂ©fi de taille : en ce moment, les fournisseurs non rĂ©sidents qui offrent des biens meubles ou services taxables par Internet aux consommateurs situĂ©s au QuĂ©bec ne sont en gĂ©nĂ©ral tenus de s’inscrire pour percevoir la TVQ et la remettre Ă Revenu QuĂ©bec que s’ils sont Ă©tablis de façon permanente ou s’ils exploitent une entreprise dans la province. La vente de biens et services en ligne ne suffit pas Ă remplir ces conditions pour les fournisseurs qui n’ont pas de prĂ©sence physique ou significative au QuĂ©bec.
Le gouvernement estime que cette fuite a causĂ© la perte de 270 millions de dollars canadiens de TVQ sur les biens et services achetĂ©s en ligne en 2017, dont 43,1 millions seraient liĂ©s aux achats en ligne auprès de fournisseurs Ă©tablis au Canada, mais hors QuĂ©bec, et 226,8 millions seraient attribuables Ă des fournisseurs situĂ©s Ă l’Ă©tranger. Pour le gouvernement, ces pertes reprĂ©sentent environ 1,5 % des recettes de TVQ annuelles totales (17 milliards de dollars).
Le gouvernement justifie les modifications proposĂ©es Ă la TVQ en citant les initiatives de l’Organisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©conomiques sur l’Ă©vasion fiscale, et plus prĂ©cisĂ©ment le projet sur l’Ă©rosion de la base d’imposition et le transfert de bĂ©nĂ©fices (projet BEPS). Le gouvernement semble s’ĂŞtre inspirĂ© de l’action 1 du projet, qui dĂ©finit et tente de surmonter les principaux problèmes fiscaux posĂ©s par l’Ă©conomie numĂ©rique dans l’application du cadre fiscal international, et dont le dernier rapport, publiĂ© en octobre 2015, prĂ©sente des façons de s’attaquer Ă ces problèmes, selon une vision globale et en considĂ©rant Ă la fois l’imposition directe et indirecte.
Plus de 110 pays, États et membres du cadre inclusif sur le BEPS de l’OCDE et du G20 ont convenu de faire pression pour la mise en place d’une solution internationale sur l’imposition du commerce Ă©lectronique d’ici 2020. Si le gouvernement du QuĂ©bec n’a pas lui-mĂŞme adhĂ©rĂ© Ă cette initiative du projet BEPS, les modifications proposĂ©es Ă la TVQ soulignent nĂ©anmoins son dĂ©sir de tracer la voie dans l’adoption de mesures fiscales visant spĂ©cialement l’Ă©conomie numĂ©rique. Pour sa part, le gouvernement du Canada a indiquĂ© peu après la publication du budget fĂ©dĂ©ral de 2018, par l’entremise de son ministre des Finances, qu’il Ă©tudie actuellement la nĂ©cessitĂ© d’un nouveau rĂ©gime fiscal pour le commerce Ă©lectronique au pays.
Ci-dessous sont prĂ©sentĂ©es quelques mesures importantes proposĂ©es dans le budget au sujet des modifications Ă la TVQ, mesures qui, selon le gouvernement, ont Ă©tĂ© conçues pour veiller Ă ce que les recettes fiscales lĂ©gitimes soient perçues en vue d’assurer une concurrence plus Ă©quitable entre les entreprises Ă©tablies au QuĂ©bec et celles de l’Ă©tranger.
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