Le retour au Canada


Alerte aux frontières!

Votre appareil est une « marchandise »

Ă€ votre retour au Canada, un agent des services frontaliers du Canada pourrait vous demander de lui remettre votre appareil. L’appareil est en effet considĂ©rĂ© comme une « marchandise » susceptible d’inspection.

L’agent peut :

a) tant qu’il n’y a pas eu dĂ©douanement, examiner toutes marchandises importĂ©es et en ouvrir ou faire ouvrir tous colis ou contenants, ainsi qu’en prĂ©lever des Ă©chantillons en quantitĂ©s raisonnables;

Alinéa 99(1)a) de la Loi sur les douanes, L.R.C. (1985), ch. 1.

L’inclusion des appareils Ă©lectroniques dans la dĂ©finition de « marchandises » a Ă©tĂ© dĂ©crĂ©tĂ©e par le ministre fĂ©dĂ©ral de la SĂ©curitĂ© publique Ralph Goodale, dans une lettre du 28 juin 2017 au prĂ©sident de la Law Society of British Columbia :

[traduction] L’alinĂ©a 99(1)a) de la Loi sur les douanes autorise les agents des services frontaliers Ă  examiner toute marchandise importĂ©e au Canada pour assurer l’observance de nos lois. La dĂ©finition de « marchandises » inclut tout document, quel que soit son support, ce qui comprend donc les appareils Ă©lectroniques et leur contenu. En effet, l’inspection d’un appareil Ă©lectronique peut faire dĂ©couvrir des Ă©lĂ©ments caractĂ©ristiques de divers types d’infractions douanières, tels que des reçus Ă©lectroniques attestant qu’une marchandise a Ă©tĂ© sous-Ă©valuĂ©e ou non dĂ©clarĂ©e, ou des marchandises prohibĂ©es qu’il sera alors possible de saisir (pornographie infantile, matĂ©riel obscène, etc.).

Directives de l’Agence des services frontaliers du Canada

En 2014, l’Agence des services frontaliers du Canada a fait circuler un bulletin opĂ©rationnel portant spĂ©cialement sur l’inspection de documents faisant l’objet du secret professionnel de l’avocat. Cette directive de deux pages Ă©nonce des balises sommaires Ă  l’intention des douaniers; l’ABC fait toujours des dĂ©marches pour demander Ă  l’administration de clarifier la situation.

Une directive de 2015 indique aux agents des services frontaliers canadiens comment faire l’examen d’un appareil Ă©lectronique et comment mettre la main sur des pièces Ă  conviction. Il leur y est prĂ©cisĂ© que « la fouille d’appareils et de supports numĂ©riques Ă©tant de nature plus personnelle que la fouille des bagages, l’examen doit se faire dans le plus grand respect de la vie privĂ©e du voyageur ».

On ajoute qu’« il ne faut pas demander les mots de passe donnant accès Ă  quelque type de compte (notamment les comptes de rĂ©seaux sociaux, de rĂ©seaux professionnels, d’entreprises et les comptes utilisateurs), dossier ou information pouvant ĂŞtre archivĂ© Ă  distance ou en ligne ».

Agence des services frontaliers du Canada, Bulletin opĂ©rationnel PRG-2015-13, Examen des appareils et des supports numĂ©riques aux points d’entrĂ©e – Lignes directrices, 30 juin 2015.

Sur la question du secret professionnel, le ministre fĂ©dĂ©ral de la SĂ©curitĂ© publique Ralph Goodale a Ă©crit, dans sa lettre du 28 juin 2017 :

[traduction] Les agents de l’ASFC se font rappeler l’importance du secret professionnel de l’avocat Ă  plusieurs Ă©tapes de leur formation. Ils ont pour instruction de ne pas examiner un document s’ils soupçonnent que celui-ci pourrait ĂŞtre protĂ©gĂ© par ce principe, s’il porte spĂ©cialement une marque indiquant que c’est le cas, ou si l’avocat ou le notaire qui les a en sa possession invoque ce principe.

Le ministre ajoute que l’Agence des services frontaliers du Canada n’a pas pour politique d’examiner les appareils Ă©lectroniques « sans raison particulière ». Il faut des [traduction] « signes d’infraction » et « un lien clair avec le mandat d’administration et d’exĂ©cution confiĂ© Ă  l’ASFC concernant l’application de la loi qui rĂ©git la circulation transfrontalière des personnes et des marchandises ».

Il n’en reste pas moins que le meilleur moyen d’Ă©viter de risquer de divulguer de l’information sur un client ou de violer le secret professionnel consiste Ă  voyager avec un appareil blanc. Dans ce cas, si un douanier demande Ă  voir votre appareil, remettez-le-lui et fournissez-lui le mot de passe. Si l’ouverture de l’appareil se fait par empreinte digitale ou par reconnaissance vocale, indiquez-le Ă  l’agent, qui vous demandera de procĂ©der et de lui remettre l’appareil immĂ©diatement après.

Si vous devez remettre Ă  un agent des services frontaliers canadiens un appareil que vous n’avez pas vidĂ© :

  • DĂ©clarez au douanier que vous ĂŞtes un juriste. Montrez-lui une preuve.
  • Expliquez au douanier que votre appareil contient des renseignements confidentiels. S’il contient aussi des documents protĂ©gĂ©s par le secret professionnel, prĂ©cisez-le. Indiquez-lui comment reconnaĂ®tre les documents protĂ©gĂ©s. Ce sera plus facile si vous utilisez un système qui fait cette distinction.
  • Demandez le motif de la fouille.
  • N’oubliez pas que le douanier peut ne pas ĂŞtre au courant de la teneur des bulletins opĂ©rationnels de l’ASFC, de la lettre du 28 juin 2017 du ministre de la SĂ©curitĂ© publique, ou de la protection spĂ©ciale du secret professionnel de l’avocat.
  • Soupesez vos options. Si vous refusez de remettre votre appareil, vous pouvez susciter des soupçons. Si vous acceptez de le faire, tout ce qui se trouve sur votre appareil pourra ĂŞtre copiĂ© et analysĂ©.
  • Sachez reconnaĂ®tre une situation oĂą vous risquez sĂ©rieusement d’enfreindre votre devoir de discrĂ©tion et de compromettre le secret professionnel. Demandez Ă  parler au supĂ©rieur de l’agent qui s’adresse Ă  vous. Pensez aux façons dont vous pourriez saisir la justice afin de pouvoir vous en remettre Ă  un juge.
  • Appelez le conseiller juridique de votre ordre professionnel.

Pour ce qui est de votre retour, sachez qu’un citoyen canadien et un rĂ©sident permanent du Canada ne peuvent ĂŞtre interdits d’entrĂ©e au Canada. On vous laissera donc passer. Toutefois, on pourrait vous confisquer votre appareil.