Les heures non facturables sont inévitables dans un cabinet juridique. Que le juriste exerce seul ou dans un immense cabinet de la rue Bay en compagnie de centaines de collègues, certaines tâches qui doivent être accomplies ne peuvent tout simplement pas être facturées aux clients.
« Les heures non facturables se trouvent un peu partout », a remarquĂ© Nina Lavoie, avocate dans le petit cabinet SkyLaw spĂ©cialisĂ© en droit des sociĂ©tĂ©s et des valeurs mobilières. « Les tâches administratives distinctes du travail pour le client, la gestion de la pratique et la rĂ©daction de billets sur les Ă©volutions du droit et les sujets juridiques intĂ©ressant et Ă©duquant nos clients font partie de ces travaux que nous ne pouvons facturer », a-t-elle dit. Et puis, il y a « le rĂ©seautage pour Ă©largir la pratique, le dĂ©veloppement des relations avec le client, les exposĂ©s prĂ©sentĂ©s lors de congrès, et la participation Ă la vie communautaire au moyen de travail pro bono pour les organismes de bienfaisance, les entreprises sociales et les sociĂ©tĂ©s sans but lucratif que nous appuyons. »
La kyrielle d’heures non facturables dĂ©crite par Me Lavoie illustre le vaste Ă©ventail de tâches dont les juristes doivent ou souhaitent s’acquitter ou les deux. Le problème, c’est que le travail non facturable recouvre des tâches qui, elles, ne sont pas exĂ©cutĂ©es gratuitement et que les juristes y consacrent un temps qu’ils pourraient, dans l’absolu, utiliser pour gagner de l’argent. C’est Ă©videmment un problème pour les petits cabinets et les juristes exerçant seuls qui n’ont pas les multiples sources de revenus dont disposent les grands cabinets pour compenser de telles dĂ©penses.
La bonne nouvelle. Il est possible de rĂ©duire le total des heures non facturables d’un cabinet au moyen d’une combinaison de planification fondĂ©e sur les prioritĂ©s, de technologie de pointe ou d’applications infonuagiques, et d’une gestion constante et judicieuse. Voici la recette.
Choisissez vos priorités
Établissez des priorités pour combiner vos heures non facturables obligatoires (administration, communication avec le client et recherche de nouveaux clients) et facultatives souhaitées (rédaction de billets, exposés et travail pro bono), puis décidez du temps que vous allez consacrer à chacune.
La combinaison peut varier selon le cabinet.
Ainsi, dans le cabinet SkyLaw, « nous ne cherchons pas Ă rĂ©duire le nombre d’heures que nous consacrons au travail pro bono pour les organismes de bienfaisance et les organisations sans but lucratif », dit Me Lavoie. « Par consĂ©quent, nous tentons de trouver les outils technologiques appropriĂ©s et les personnes les plus compĂ©tentes pour gĂ©rer les diverses tâches non facturables, ce qui rĂ©duit le nombre total d’heures consacrĂ©es Ă rĂ©aliser du travail non facturable. »
Appeler la technologie Ă la rescousse
Comme l’a fait remarquer Me Lavoie, la technologie et les applications extĂ©rieures peuvent aider les cabinets juridiques Ă rĂ©duire le nombre d’heures consacrĂ©es aux tâches non facturables en permettant de s’acquitter d’un grand nombre d’entre elles de façon beaucoup plus efficiente.
Par exemple, le service en ligne uLawPractice (disponible uniquement en anglais) offre aux juristes une gamme d’outils complète et Ă jour pour la gestion de leur pratique moyennant 44 $ par mois (34 $ par mois avec un paiement annuel).
« Notre logiciel infonuagique fusionne la gestion de la pratique et la comptabilitĂ© juridique, vous Ă©quipant avec un système correspondant aux normes du barreau et Ă l’Ă©preuve de tout audit », a affirmĂ© Praveen Srinivasan, directeur des ventes chez uLawPractice. « En outre, nous effectuons le suivi des heures pro bono, ce qui vous permet de voir combien d’heures de service non facturables vous fournissez rĂ©gulièrement, et le montant de revenus potentiels qui auraient pu ĂŞtre gĂ©nĂ©rĂ©s. »
Les solutions basĂ©es sur l’infonuagique peuvent en outre rĂ©duire l’Ă©cart entre les juristes exerçant seuls et les grands cabinets. « Si vous exercez seul au moyen de Word 365 dans le nuage, vous utilisez exactement la mĂŞme technologie qu’un très grand cabinet qui utilise la mĂŞme plateforme », a dĂ©clarĂ© Ivaylo Nikolov, directeur, Technologies de l’information dans le cabinet Davies Ward Phillips & Vineberg s.e.n.c.r.l., s.r.l. et prĂ©sident de The Law Office Management Association. « C’est la raison pour laquelle les juristes exerçant seuls et les petits cabinets devraient adopter des applications et services infonuagiques dès que possible », dit-il.
Les juristes qui exercent dans le cabinet SkyLaw ont rĂ©duit le nombre d’heures non facturables en utilisant le service de messagerie Slack qui permet de rapidement envoyer des messages au personnel au lieu d’envoyer des courriels complexes dont la composition nĂ©cessite beaucoup de temps. Ce cabinet spĂ©cialisĂ© se fie aussi Ă Evernote pour compiler et mettre en commun en temps rĂ©el les notes prises pendant les rĂ©unions. « La plateforme infonuagique d’Evernote me permet de dĂ©couvrir Ă mon propre rythme tout ce qui m’a Ă©chappĂ©, sans avoir Ă demander Ă quelqu’un de me mettre au courant », a dit Me Lavoie.
Éviter les fausses économies
L’une des façons les plus tentantes de compenser les heures non facturables est de diminuer les dĂ©penses partout oĂą c’est possible. Ă€ bon entendeur : ne succombez surtout pas Ă la tentation.
Effectivement, si vous ne payez personne pour entretenir votre matériel informatique ou si vous ne vous dotez pas du logiciel de sécurité dernier cri, cela vous donnera des fonds à court terme, mais ce faisant, vous jouez avec les ressources du cabinet. Similairement, si vous ne mettez à jour ni vos logiciels ni votre matériel lorsque des versions plus efficientes sont produites, cela fera des économies immédiates, mais à long terme, cela causera des dépenses.
Certaines mesures prises pour rĂ©duire les dĂ©penses peuvent finir par saper votre capacitĂ© Ă obtenir du travail facturable, par exemple, gaspiller le temps que vous pourriez consacrer Ă des tâches facturables Ă faire des travaux administratifs au lieu d’engager un professionnel moins payĂ© que vous pour les faire.
« Si vous ne regardez que les heures que vous pouvez effectivement facturer au client, vous n’investissez probablement pas dans le niveau appropriĂ© de formation professionnelle et dans les systèmes de conformitĂ© que les clients exigent de plus en plus », a dĂ©clarĂ© Amar Sarwal, V.-P. et stratège juridique en chef auprès de l’Association of Corporate Counsel. « Ă€ la lumière des nouvelles rĂ©alitĂ©s, se focaliser Ă l’excès sur les heures facturables peut sembler une Ă©conomie de bouts de chandelles », a dĂ©clarĂ© Amar Sarwal. « Les cabinets juridiques devraient plutĂ´t rĂ©examiner leurs modèles de profit pour veiller Ă tirer parti de toutes les possibilitĂ©s, sans se limiter aux heures qu’ils peuvent facturer. »
Le gain
Les juristes exerçant seuls et les petits cabinets peuvent réduire le nombre de leurs heures non facturables, libérant plus de temps pour effectuer des tâches facturables, mieux gérer leurs affaires et offrir un meilleur service à la clientèle.
Cela a certainement Ă©tĂ© le cas du cabinet SkyLaw. Grâce Ă la planification fondĂ©e sur les prioritĂ©s, Ă l’adoption de technologies de pointe et d’applications d’infonuagique, ainsi qu’au contrĂ´le permanent de l’Ă©quilibre entre les heures facturables et celles qui ne le sont pas, la santĂ© de ce cabinet juridique est meilleure que jamais.
« Ă€ date, les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© considĂ©rables », a dĂ©clarĂ© Me Lavoie. « Nous avons pu travailler de façon plus efficiente, tant individuellement qu’en tant qu’Ă©quipe. Il nous est plus facile de nous tenir au courant de l’emploi du temps de nos collègues et de ce qui se passe au sein du cabinet. Nous sommes mieux organisĂ©s et notre boĂ®te de rĂ©ception dĂ©borde moins. »
James Careless Ă©crit souvent des articles pour EnPratique de l'ABC.