Cabinets de petites villes : comment proposer un emploi d’été ou un stage alléchant

Article paru à l’origine dans Beyond Big City Law, une publication du Comité de l’accès à la justice de la division albertaine de l’ABC, abrégé et reproduit avec la permission de l’auteur.

Attirer des étudiants dans mon joli patelin, Lloydminster, pose des défis particuliers. Comme Lloyd (de son petit nom) se situe sur la frontière entre l’Alberta et la Saskatchewan, les avocats d’ici pratiquent dans les deux provinces. La ville est à une certaine distance d’Edmonton et du centre judiciaire du Banc de la Reine le plus proche, et la météo peut se faire exécrable, surtout l’hiver. Cela dit, nous pouvons recruter dans les facultés de droit voisines de l’Université de l’Alberta, à Edmonton, et de l’Université de la Saskatchewan, à Saskatoon. L’emplacement de notre cabinet nous ouvre des tonnes de possibilités et rend notre pratique passionnante : nos clients – particuliers, entreprises et municipalités – sont aussi diversifiés que nos domaines, qui vont du droit de la famille à l’immobilier en passant par le droit des sociétés et les affaires criminelles.

Voici quelques conseils pour convaincre les étudiants de s’installer par chez vous.

Brossez un tableau fidèle et réaliste de votre localité

La ville de Lloyd, comme toute petite agglomération, n’est pas faite pour tout le monde, du moins pas à première vue. Il faut souligner les avantages et inconvénients, et se doter d’une stratégie de recrutement.

Pour promouvoir votre coin de pays, trouvez ce que les étudiants voudront y faire. Sortir (restaurants, bars, boîtes de nuit)? Garder la forme (conditionnement physique, cours de yoga, de danse)? S’engager dans la collectivité (communauté religieuse, bénévolat)? Profiter du plein air? Mettez ces points en valeur – ou d’autres aspects, moins apparents, mais qui font la qualité de vie : écoles réputées au bon rapport élèves-enseignant, logements abordables, perspectives d’emploi pour les conjoints, services de garde…

Dépeignez la vie locale aux intéressés de façon fidèle et réaliste. N’allez pas déprécier la richesse des possibilités qui s’offrent hors des grands centres, mais n’enjolivez pas non plus les choses.

Les étudiants ne se bousculent pas aux portes? Savent-ils seulement que vous existez?

La plupart du temps, les cabinets de petites localités n’offrent pas de stages ou d’emplois d’été chaque année, et ne jouissent pas de la notoriété que génèrent les grandes campagnes de promotion ou le parrainage des activités des facultés de droit. Vous voulez attirer un étudiant? Il faudra faire vous-même les premiers pas. Colligez l’information qu’il lui faut sur votre cabinet et votre région, puis diffusez-la.

Pensez à l’avenir : impliquez-vous auprès des jeunes de votre milieu

Si vous aimeriez mentorer un jeune qui, s’il est bien aiguillé, reviendra éventuellement vous voir pour un emploi d’été ou un stage, agissez en conséquence. Devenez conférencier bénévole lors de journées carrière ou de salons de l’emploi dans les écoles secondaires. Vous seriez surpris du nombre d’étudiants qui se montreront intéressés si vous prenez le temps de venir leur parler des perspectives de carrière en droit. À tout le moins, votre engagement communautaire leur démontrera qu’il y a assez de travail dans votre région pour qu’un avocat puisse en vivre. Vous verrez peut-être trop d’étudiants pour vous souvenir de chacun, mais l’un d’eux se souviendra peut-être de vous, lui, au moment de s’inscrire à la faculté de droit et de passer l’examen d’admission... ou de se trouver un stage.

Communiquez avec le service de placement des facultés de droit

Les services de placement voudront savoir s’il y a des débouchés dans votre cabinet ou votre région, et collaboreront avec vous pour diffuser l’information aux étudiants. Je vous recommande fortement de vous renseigner auprès d’eux avant d’afficher une offre d’emploi quelconque.

Informez-vous des événements carrière qu’ils organisent, et des services qu’ils offrent en général. Ils pourraient simplement annoncer pour vous les offres de votre secteur aux étudiants, mais aussi, vous inviter à parler de votre expérience à un salon de l’emploi, ou vous aider dans votre propre tournée de recrutement.

Faites la promotion de votre patelin avec originalité

La division saskatchewanaise de l’ABC et le Small Urban and Rural Committee de l’Université de la Saskatchewan soutiennent des projets en milieu rural auxquels participent les cabinets de Lloyd. Ainsi, lorsque ces derniers ont préparé une journée d’information et de réseautage (dîner, visite de la ville et des cabinets, dégustation de vins et fromages), l’Université a fait de la promotion sur son campus, puis organisé et payé le transport.

Restez à l’affût

Soyez proactifs et diffusez l’information aux étudiants avant qu’ils en fassent la demande. Si vous arrivez à promouvoir votre localité pendant l’été ou la période de stage, à générer de l’engouement et à rester au fait de la vie communautaire, ceux-ci auront moins l’impression de se lancer dans l’inconnu.

L’argent, c’est le nerf de la guerre

Il sera inévitablement question de salaire, alors préparez-vous. Cherchez la fourchette des salaires dans la région pour les stagiaires et les avocats adjoints débutants. Si vous ne trouvez rien, informez-vous auprès des universités ou de vos confrères. Les salaires d’un petit cabinet de petite ville ne pourront rivaliser avec ceux d’un grand cabinet régional ou national, certes, mais personne ne s’y attend non plus.

Les étudiants ont des frais de subsistance, auxquels peuvent s’ajouter une dette d’études, une famille à soutenir, et des enfants à choyer. Un juriste autonome ou un petit cabinet ne pourra probablement pas « se permettre » les services d’un étudiant ou d'un avocat adjoint éternellement, ce qui doit être bien clair entre vous. Vous êtes en période transitoire ou cherchez à réduire votre charge de travail, et aimeriez embaucher un étudiant motivé? Décrivez-lui les bénéfices que peut générer la pratique à temps plein, et donnez-lui la chance de se perfectionner et de diversifier ses mandats. Plus l’étudiant abattra de travail, moins vous en aurez sur les bras, et, en récompense de sa motivation, il verra les bénéfices – et sa paie – augmenter.

À propos de l'auteur

Ryan Armstrong est avocat chez Robertson Moskal Sarsons à Lloydminster, en Alberta.