Choisir oĂą travailler est une dĂ©cision cruciale pour les avocats exerçant seuls ou dans un petit cabinet. Les possibilitĂ©s sont diverses : bureau chez soi, virtuel, partagĂ©… Le paradis de tel avocat peut ĂŞtre l’enfer de l’autre.
Mike Beishuizen, fondateur de Westcoast Wills & Estates, un petit cabinet de North Vancouver, travaillait auparavant de son domicile et rencontrait ses clients chez eux; aujourd’hui il loue ses locaux.
« Louer des locaux sauve temps et argent, car je n’ai plus Ă me dĂ©placer du domicile d’un client Ă l’autre, indique-t-il. Il y a des coĂąts supplĂ©mentaires, mais j’y trouve mon compte en engageant du personnel pour gagner en efficacitĂ©. »
Ayesha Kumararatne, avocate exerçant seule spĂ©cialisĂ©e en droit criminel et de l’immigration, partage des locaux avec deux confrères Ă Ottawa. Selon elle, cette solution lui permet d’en faire plus.
Elle envisageait un bureau virtuel, mais a jugĂ© ce modèle d’entreprise peu compatible avec sa pratique.
« En droit de l’immigration, on vient sans cesse vous voir, explique-t-elle. Et il s’agit parfois de clients avec des problèmes urgents. Vous comprendrez qu’avoir un bureau virtuel et devoir sans cesse rĂ©server un local oĂą rencontrer mes clients n’est pas très commode dans ce contexte. J’ai besoin d’avoir pignon sur rue. Par ailleurs, mes causes criminelles exigent ma prĂ©sence au tribunal presque chaque jour. Louer un bureau juste en face du palais de justice est donc pour moi un choix logique. »
Me Kumararatne estime que le travail Ă domicile n’est pas non plus une bonne solution pour elle.
« Si j’ai prĂ©fĂ©rĂ© louer un bureau plutĂ´t que de travailler chez moi, c’est surtout pour ĂŞtre mentorĂ©e, car je dĂ©bute dans la profession, dit celle qui a Ă©tĂ© admise au Barreau de l’Ontario en 2014. Ă€ mon avis, le mentorat est très important pour un avocat qui fait ses premières armes. »
Les confrères partageant ses locaux, dont deux chevronnĂ©s avocats de la dĂ©fense en droit criminel, l’ont aidĂ©e de diffĂ©rentes façons, notamment en allĂ©geant sa facture de loyer quand sa pratique Ă©tait embryonnaire et en l’engageant comme assistante contractuelle dans leurs recherches et leurs causes.
« Ils m’ont aussi recommandĂ©e Ă des clients en immigration et en droit criminel, raconte-t-elle. Par exemple, ils peuvent me confier la dĂ©fense d’un coaccusĂ©. »
Aux autres nouveaux diplômés qui ouvrent leur propre cabinet, Me Kumararatne conseille de partager des locaux avec des avocats aguerris qui pourront être leurs mentors.
« Je recommande vivement cette voie, surtout Ă ceux qui dĂ©butent Ă leur propre compte, dit-elle. Je trouve indispensable de m’entourer de gens capables de me prĂŞter main-forte. »
Avant de faire le grand saut, il est non moins important d’ĂŞtre certain de pouvoir bien vous entendre avec vos futurs colocataires.
« C’est comme trouver un bon cochambreur, prĂ©cise-t-elle. Vous voulez travailler avec des gens que vous serez Ă l’aise de cĂ´toyer et que vous connaissez assez pour Ă©viter les mauvaises surprises. »
Elle connaissait ses « colocataires » depuis quelques annĂ©es et se sentait très Ă l’aise avec eux.
« Je savais qu’ils respecteraient ma pratique privĂ©e, mais qu’ils seraient prĂŞts Ă m’aider quand j’en aurais besoin. »
Le mentorat est aussi au cĹ“ur du modèle d’affaires de la Mississauga Law Chambers, Ă Mississauga (en Ontario). Cet immeuble pour cabinets rĂ©servĂ© aux membres offre des bureaux virtuels et physiques.
La Mississauga Law Chambers a été cofondée en octobre 2012 par Gary A. Bennett, avocat spécialisé en droit du travail et dans les contentieux civils.
C’est selon lui le tout premier Ă©tablissement du genre au Canada. On y trouve une gamme complète de services rĂ©servĂ©s aux avocats et parajuristes ontariens, notamment des locaux, un personnel de soutien, de l’orientation sur les banques, de l’aide en dĂ©veloppement de la marque et de sites Web et du mentorat.
« Tous nos forfaits comprennent un mentorat, prĂ©cise Me Bennett. Quand vous dĂ©marrez Ă votre compte, personne n’est lĂ pour vous dire comment bâtir votre clientèle, vous faire payer ou facturer vos heures Ă un client sans le froisser. »
« Nos bureaux virtuels, ce sont plus que des espaces Ă louer. Nous englobons la pratique du droit, rĂ©sume Dawn M. Bennett, avocate en droit de la famille et cofondatrice de la Mississauga Law Chambers. »
« Nous avons tout ce qu’il faut pour dĂ©marrer et exploiter un cabinet Ă frais raisonnables, poursuit-elle. C’est comme Ă Bay Street, mais c’est moins cher! »
Lea Scardicchio, avocate de la dĂ©fense en droit du prĂ©judice personnel et en droit criminel Ă la Scardicchio Law Office Professional Corporation, raconte que c’est au terme de longues recherches qu’elle a choisi oĂą s’Ă©tablir, en 2012. Elle avait passĂ© en revue « les bureaux d’assistance juridique, les bureaux communs dans des cabinets Ă©tablis ou partagĂ©s avec d’autres professionnels et les bureaux virtuels ».
Elle Ă©tait Ă la recherche d’un bureau peu cher, bien situĂ©, facilement accessible et offrant des heures flexibles, afin de pouvoir « fournir aux clients un service personnalisĂ© et bien adaptĂ© Ă leur horaire de travail comme Ă leur situation gĂ©ographique ». RĂ©flexion faite, elle a optĂ© pour un bureau virtuel.
Me Scardicchio a sa pratique Ă la Mississauga Law Chambers et peut accĂ©der Ă son bureau « en tout temps, sept jours sur sept ». Elle a aussi des bureaux virtuels non loin de lĂ , Ă Oakville et Ă Brampton.
« Ă€ ceux qui sont sceptiques Ă l’idĂ©e des bureaux virtuels, je tiens Ă prĂ©ciser que ce terme rend mal cette rĂ©alitĂ© : Ă mon avis, c’est une solution d’affaires efficace qui permet aux avocats de s’afficher Ă une adresse inspirant la crĂ©dibilitĂ©, dans la ville de leur choix et pour bien moins cher, conclut-elle. »
Carolynne Burkholder-James est stagiaire chez Heather Sadler Jenkins, s.r.l. Ă Prince George (C.-B.). Elle a fait son droit Ă l’UniversitĂ© d’Ottawa et Ă l’UniversitĂ© du Manitoba. Elle prĂ©voit ĂŞtre admise au Barreau de la Colombie-Britannique en mai 2015.