Quand Ches Crosbie a ouvert son cabinet au dĂ©but des annĂ©es 1990, il n’avait pas de plan de croissance particulier.
SpĂ©cialisĂ© en dommages corporels, fautes mĂ©dicales et recours collectifs, Me Crosbie a inaugurĂ© Ches Crosbie Barristers Ă St. John’s en 1991 avec un associĂ©. Au dĂ©part de ce dernier pour des raisons de santĂ©, la femme de Me Crosbie, Lois Hoegg, s’est jointe au petit cabinet.
« On pourrait dire que nous Ă©tions une petite entreprise familiale », lance Ă la boutade Me Crosbie, dont l’Ă©pouse est maintenant juge Ă la Cour d’appel de Terre-Neuve-et-Labrador.
« Si c’Ă©tait Ă recommencer, je pense que je planifierais davantage et me donnerais des objectifs plus arrĂŞtĂ©s. Il m’aurait Ă©tĂ© utile d’avoir des visĂ©es prĂ©cises concernant la taille du cabinet et ce genre de choses, confie-t-il. Quand je me suis lancĂ© en affaires, je me savais simplement une passion pour les cas de dommages corporels : je voulais reprĂ©senter les gens qui avaient de tels problèmes juridiques et faire tout en mon pouvoir pour eux. »
Me Crosbie s’est maintenant adjoint trois avocats. Il dit que son cabinet emploie habituellement quatre ou cinq juristes.
« C’est le nombre qui nous convient le mieux, explique-t-il. Quand on dĂ©passe cinq, les complications administratives commencent, et ça demande davantage de personnel pour s’en occuper... Non, nous sommes bien assez pour un petit cabinet spĂ©cialisĂ© en dommages corporels. »
John Lakes a une histoire similaire : il dit ne pas avoir réfléchi à la croissance quand lui et son associé ont fondé Lakes, Whyte LLP en 1986.
Me Lakes se spécialise en testaments et successions, en immobilier et en petites entreprises au sein de son cabinet de North Vancouver.
« Je pense que personne n’a vraiment de plan, dit-il. Beaucoup sont surpris de voir oĂą ils sont rendus. »
Son cabinet a grandi et compte maintenant deux associés, deux avocats adjoints et un stagiaire.
« Je n’ai jamais eu envie de faire cavalier seul. Mon père Ă©tait juriste autonome, et la solitude peut finir par peser. »
Du haut de leurs 50 ans et quelques d’expĂ©rience combinĂ©e Ă gĂ©rer leur propre cabinet, Mes Lakes et Crosbie ont plusieurs conseils Ă donner Ă ceux qui veulent agrandir le leur.
1. Analysez vos raisons de prendre de l’expansion
Plus d’avocats ne veut pas nĂ©cessairement dire plus d’efficacitĂ©, prĂ©vient Me Crosbie, en notant au passage que la plupart des cabinets qui majorent l’effectif cherchent en fait Ă augmenter leur productivitĂ© – et donc, leurs profits.
« Ne mesurez pas la taille de votre cabinet d’après l’effectif des avocats et du personnel, mais plutĂ´t selon la rentabilitĂ©, conseille-t-il. C’est Ă cet aspect que devraient s’intĂ©resser les juristes du secteur privĂ©, avant la croissance. Il est possible d’accroĂ®tre vos profits sans grossir vos rangs. »
Me Crosbie recommande de vĂ©rifier si la marche du cabinet peut ĂŞtre amĂ©liorĂ©e avant d’engager de nouveaux adjoints.
« Demandez-vous si votre logiciel de gestion des dossiers est bien utilisé, et si la technologie pourrait vous faire gagner en efficacité. Votre ratio juristes-personnel de soutien est-il optimal? Le soutien ainsi offert maximise-t-il la productivité de vos avocats? »
2. Prenez de bonnes dĂ©cisions d’affaires
Pour Me Lakes, pratiquer le droit, c’est brasser des affaires.
« Si vous voulez gĂ©rer un cabinet, vous devez ĂŞtre conscient d’ĂŞtre Ă la barre d’une entreprise. Vous ne pouvez ignorer cet aspect. Il faut penser Ă vos rĂ©sultats financiers, Ă votre marketing, et cultiver vos relations avec les clients. »
3. Faites la promotion de votre cabinet
« Vous avez beau ĂŞtre le meilleur avocat du coin : si vous n’avez pas de clientèle au service de qui mettre vos talents, vous ne servez Ă rien, dĂ©clare Me Crosbie. La promotion, c’est indispensable. »
Il affirme toujours essayer d’Ă©pater le client.
« L’expĂ©rience de faire affaire avec votre cabinet devrait toujours dĂ©passer les attentes du client, pour qu’en son for intĂ©rieur, il se dise “Wow!”. Si vous voulez prendre de l’ampleur, vous devez vous prĂ©occuper de son expĂ©rience dès le dĂ©part. »
4. Demandez de l’aide
« Il ne faut pas hĂ©siter Ă chercher de l’aide au besoin, assure Me Lakes. Vous trouverez toujours des confrères prĂŞts Ă vous accorder quelques minutes de leur temps. »
Il est aussi avisĂ© de faire appel Ă des professionnels d’autres domaines.
« Il vous faut un bon comptable, prĂ©vient-il, quelqu’un qui peut vous conseiller sur votre cabinet, et qui en a une vision extĂ©rieure. Pour moi, c’est un ami des plus prĂ©cieux. »
« J’ai fait ma comptabilitĂ© environ un mois, et mon comptable m’a dit “Ne t’occupe pas de ça : toi, tu gères une entreprise.” »
5. Visez un sain Ă©quilibre travail-vie personnelle
Mes Crosbie et Lakes recommandent unanimement aux avocats propriĂ©taires d’un cabinet de consacrer du temps Ă leurs familles, amis et loisirs.
« Vous ne voulez pas que le travail dĂ©vore tout votre temps; ce n’est pas tenable, avertit Me Crosbie. Vous devez trouver un Ă©quilibre de vie sain. Le travail, les finances, ça n’en est qu’un aspect. »
Selon lui, les avocats devraient Ă©tablir leurs objectifs d’affaires en prenant en compte leur vie de famille et leurs loisirs.
Me Lakes abonde dans ce sens, notant que les temps libres sont aussi capitaux.
« Je rappelle toujours Ă mon personnel qu’il doit prendre des vacances. Je donne trois semaines de congĂ© Ă tout le monde parce qu’on en a besoin pour refaire le plein, mentalement », explique-t-il.
« J’ai encore du plaisir Ă faire ce que je fais, ajoute Me Lakes. Il ne faut pas que vous aspiriez Ă prendre votre retraite parce que vous dĂ©testez votre travail : la vie est trop courte pour ça. »
Carolynne Burkholder-James est avocate adjointe à Heather Sadler Jenkins LLP à Prince George, en Colombie-Britannique.