Petites villes, grandes ouvertures

Article paru à l’origine dans Beyond Big City Law, une publication du Comité de l’accès à la justice de la division albertaine de l’ABC, abrégé et reproduit avec la permission des auteures.

Il n’est jamais facile, pour l’étudiant à l’affût d’un stage, d’en trouver un hors des grands centres. Nous avons tous vu, durant nos années de droit, les cabinets métropolitains courtiser les étudiants : représentants sur les campus, commandite d’événements, distribution d’articles promotionnels… Difficile alors d’imaginer que des cabinets en région et en milieu rural embaucheraient eux aussi volontiers des jeunes.

Se faire un nom (et un site)

Pas toujours simple de s’absenter une journée pour participer à un salon de l’emploi quand on travaille dans un petit cabinet. Pour faire connaître le vôtre et vous attirer un étudiant, dotez-vous d’un site Web.

• Publiez vos offres d’emploi pour étudiants et avocats adjoints sur la page de l’ABC en faisant un renvoi à votre site.
• Décrivez votre cabinet, votre localité, les services offerts aux alentours, l’emplacement des tribunaux et les particularités de leur fonctionnement.
• Précisez vos attentes ainsi que les avantages qu’offrent votre région et votre cabinet relativement à la vie familiale et sociale.
• Indiquez si votre cabinet assume ou non les frais de transport et d’hébergement pour les cours du CPLED.
• Ajoutez des renseignements sur le logement et les agences immobilières, et faites valoir les avantages pécuniaires de votre situation par rapport aux grands centres, où tout est plus dispendieux.

Promouvoir son cabinet

Pour un avocat, les petites agglomérations offrent des occasions en or de trouver rapidement des mandats nombreux et intéressants et de bâtir sa réputation socioprofessionnelle. Les petites localités sont conscientes de l’importance d’attirer de jeunes professionnels pour se développer. Faites valoir ce que votre cabinet peut offrir aux étudiants et aux avocats adjoints :

• autonomie et prise en charge de dossiers dès les premiers temps;
• possibilités d’avancement rapide;
• esprit d’équipe;
• assistant juridique et bureau particulier.

Mettez l’accent sur l’aide que vous pouvez apporter dans la recherche de mandats, et faites savoir en quoi l’expérience que vous offrez peut s’avérer enrichissante pour un stagiaire ou un avocat adjoint. Les étudiants – surtout ceux qui n’ont jamais vraiment vécu hors des grands centres – s’imaginent souvent que la pratique en région se borne nécessairement au droit familial, au droit pénal et à l’immobilier, et qu’ils trouveront peu de débouchés en droit des affaires, en droit commercial ou en droit civil. Faites-leur savoir que la pratique du droit dans une petite localité est aussi diversifiée que stimulante.

Les avocats en région et en milieu rural sont loin de se tourner les pouces : il y a tant de travail, et si peu d’heures dans une journée! Il faut composer avec un calendrier fixe de séances au tribunal, les jours d’audience et des clients parfois difficiles – quand il ne faut pas en éconduire parce qu’on a déjà trop de dossiers sur les bras –, et se rendre dans des localités voisines pour rencontrer des clients ou des confrères. Sans oublier de réserver du temps pour sa famille, son milieu et ses loisirs. Voilà qui promet une vie professionnelle trépidante, ce que vous devez montrer aux stagiaires potentiels.

Certes, il peut être difficile de devenir hautement spécialisé en région, mais ce n’est pas si différent de ce que vivent les avocats des grands centres. La différence, c’est qu’au lieu de n’être qu’un simple rouage de la machine d’un grand cabinet, où on est cantonné à un seul type de travail, on n’a pas le choix de se diversifier.

En outre, le barreau local est souvent très soudé, ravi de recevoir du sang neuf et plus qu’heureux de refiler des mandats en trop à un nouvel arrivant, sitôt connus ses domaines de pratique.

Promouvoir sa localité

S’il est important de souligner les avantages de votre cabinet, il ne faut pas non plus négliger ceux de votre localité. L’honnêteté est toutefois de mise : il n’est pas toujours facile de se refaire une vie sociale quand on débarque dans un nouveau patelin, surtout quand il y a peu de professionnels de son âge. Soyez conscient qu’à moins que l’étudiant soit originaire du coin ou qu’il y ait des proches, il se sentira isolé. Aidez-le à s’intégrer; invitez-le à des activités et mettez-le en relation avec d’autres jeunes professionnels pour qu’il s’acclimate et acquière un sentiment d’appartenance. Voici quelques caractéristiques de votre localité à faire connaître aux stagiaires potentiels :

• les écoles et garderies;
• les événements locaux (ex. : rodéo annuel; festival de la citrouille, de l’ail, etc.; marchés publics hebdomadaires);
• les activités de réseautage et d’engagement communautaire;
• l’état du marché de l’habitation, et particulièrement le coût du logement;
• les associations communautaires et organismes bénévoles qui pourraient avoir besoin d’une aide juridique ou d’un avocat;
• les sports et activités pour enfants, le nombre de jeunes familles dans le secteur et les endroits où celles-ci se rencontrent.

Conclusion

Le plus important, pour attirer des stagiaires ou des avocats adjoints, c’est de leur faire savoir que vous êtes là. En effet, comment viendront-ils vers votre cabinet s’ils ne savent même pas qu’il existe? Une présence sur le Web est donc essentielle. Enfin, vous savez bien que les régions et les milieux ruraux regorgent de belles occasions pour les jeunes d’acquérir du savoir-faire et de fonder un cabinet – c’est d’ailleurs pour cette raison que vous y êtes. Il ne vous reste plus qu’à le leur dire.

À propos des auteurs

Anna Choles est associée chez Pahl Howard LLP à Leduc (Alberta) et Suzette Golden-Greenwood est associée chez Lamoureux Culham LLP à Saint-Paul (Alberta).