Si vous avez dĂ©jĂ dĂ©mĂ©nagĂ© votre cabinet, vous savez que l’organisation d’un tel Ă©vènement peut ĂŞtre pĂ©nible. Mais si vous trouvez que les dĂ©sagrĂ©ments d’un dĂ©mĂ©nagement sont importants, essayez ceci : dĂ©mĂ©nager deux fois dans la mĂŞme annĂ©e.
C’est ce qui est arrivĂ© au cabinet de Kasandra Cronin, La LibertĂ© Cronin & Company, Ă Vancouver. Le bail de Mme Cronin arrivait Ă son terme et elle ne parvenait pas Ă conclure une entente convenable avec son propriĂ©taire. Elle trouva alors un espace Ă partager Ă quelques kilomètres de lĂ , dans le quartier Gastown, et y dĂ©mĂ©nagea.
« Nous avons louĂ© un grand espace avec un avocat qui avait un cabinet très occupĂ© en droit de l’immigration », raconte-t-elle. Mais peu de temps après le dĂ©mĂ©nagement, l’avocat avec qui ils partageaient l’espace dĂ©cida de partir pour s’associer Ă un grand cabinet. L’Ă©quipe de Mme Cronin ne pouvait pas rester dans ses nouveaux locaux, qui Ă©taient quatre fois trop grands pour ses besoins. On proposa au propriĂ©taire de diviser l’espace pour en sous-louer une partie, mais les nĂ©gociations n’aboutirent pas.
Besoin d’un nouveau toit, Ă six semaines de prĂ©avis
Ainsi, après seulement neuf mois dans son nouveau bureau, Mme Cronin devait encore dĂ©mĂ©nager. Et elle ne disposait que de six semaines pour trouver le nouvel endroit, faire ses boĂ®tes et partir. Mme Cronin embaucha un agent qui lui « sauva la mise ».
Identifier les besoins du cabinet pour trouver un espace de travail appropriĂ© et Ă un coĂ»t appropriĂ© n’est qu’une partie de ce qu’un agent ou une agente peut faire pour vous. L’avocat et conseiller Arthur G. Green, basĂ© au New Hampshire, a ce conseil : assurez-vous de planifier le dĂ©mĂ©nagement longtemps Ă l’avance, de dĂ©mĂ©nager pour les bonnes raisons (pas seulement pour une adresse plus chic) et d’embaucher des professionnels pour faire tout le travail. Ne faites rien vous-mĂŞme.
Le succès d’un cabinet repose avant tout sur ses relations et ses contacts, et un bureau chic n’apporte ni les unes ni les autres. Alors, un conseil avant d’envisager un dĂ©mĂ©nagement : les revenus d’abord, les locaux ensuite. Pour l’avocate indĂ©pendante Christine Kark, de MontrĂ©al, la taille des locaux doit correspondre Ă celle de la clientèle du cabinet. « Commencez petit. Ensuite, vous pourrez grossir. Lorsque les frais fixes sont très Ă©levĂ©s, ils vous poussent Ă bâtir rapidement votre clientèle pour payer le loyer. Ne dĂ©mĂ©nagez que lorsque les affaires sont dĂ©jĂ au rendez-vous. »
Grâce Ă son agent, Mme Cronin put obtenir rapidement une liste restreinte d’emplacements possibles. Après cette mauvaise expĂ©rience de partage de bureau, elle voulait son propre espace, et un espace qui serait disponible immĂ©diatement, pas trop grand et situĂ© près du palais de justice.
Après lui avoir montrĂ© quelques bureaux, l’agent lui apprit qu’une importante avocate avait quittĂ© ses locaux rĂ©cemment et que le propriĂ©taire cherchait un nouveau locataire. Il ne le lui annonça pas tout de suite, mais il s’agissait de ses anciens locaux. Et donc… « Nous sommes revenus! Pendant l’annĂ©e, le marchĂ© immobilier avait complètement changĂ© et le propriĂ©taire Ă©tait très content de nous ravoir », dit-elle. « Nous payons maintenant moins que nous aurions payĂ© si nous Ă©tions restĂ©s. »
Elle fit changer les tapis et rafraĂ®chir la peinture, et elle Ă©changea son bureau avec son associĂ© pour remuer un peu les choses. « Grâce Ă ces amĂ©liorations, les locaux donnent une toute nouvelle impression. »
Des propriétaires bien disposés
Lorsque Kelly Sample, associĂ©e directrice de Kelly Santini s.r.l., commença Ă regarder pour de nouveaux locaux, les planètes Ă©taient bien alignĂ©es : le bon espace Ă©tait disponible, les propriĂ©taires Ă©taient disposĂ©s Ă nĂ©gocier, l’entrepreneur idĂ©al Ă©tait libre et prĂŞt Ă rĂ©nover, et les principaux membres de son Ă©quipe avaient acceptĂ© de travailler tout le week-end pour s’assurer que les affaires reprendraient le lundi matin comme si de rien n’Ă©tait. Une situation idĂ©ale? Oui.
Kelly Santini occupait le mĂŞme Ă©difice depuis treize ans et le bail arrivait Ă son terme. Mme Sample envisagea diffĂ©rentes options, dont le renouvellement du bail et la rĂ©novation des locaux, mais en fin de compte elle conclut qu’il fallait plus d’espace pour les soixante-cinq avocats du cabinet.
Le loyer Ă©tait Ă©galement important. Et elle voulait un Ă©difice de bonne qualitĂ©, mais pas luxueux. Au bout de quelques mois, elle trouva un espace de 15 000 pieds carrĂ©s au centre-ville d’Ottawa. L’emplacement Ă©tait parfait : un bureau ouvert et contemporain, avec moins de dĂ©placements, un meilleur stationnement et plus de services qu’Ă ses anciens locaux. Il Ă©tait tout près du palais de justice et offert au bon prix.
Diviser pour régner
Le dĂ©nichement des locaux idĂ©aux prit quelques mois, mais elle ne fut pas difficile. Le plus gros dĂ©fi Ă©tait en fait de planifier le partage de l’espace et l’emplacement des bureaux.
Mme Sample opta pour une approche individuelle, discutant avec chacun des avocats sĂ©parĂ©ment. L’expĂ©rience lui avait appris que cette approche lui permettrait d’obtenir l’avis de ses collègues sans crĂ©er de drame.
Une fois terminĂ© le marchandage des bureaux, restait l’autre gros dĂ©fi, soit la communication du dĂ©mĂ©nagement Ă la clientèle du cabinet. Mme Sample employa un Ă©ventail de mĂ©thodes pour assurer une transition en douceur. « Nous n’avons pas eu de gros problèmes avec nos clients institutionnels, parce que nous Ă©tions constamment en contact avec eux. Mais nous avons plusieurs clients individuels, et pour s’assurer qu’ils Ă©taient au courant du dĂ©mĂ©nagement, il fallait penser Ă la meilleure stratĂ©gie possible. »
Elle avertit les clients par des envois postaux, des annonces dans les journaux et des rappels par courrier Ă©lectronique. Son cabinet dĂ©cida aussi de faire de ce dĂ©mĂ©nagement une campagne de publicitĂ©, demandant l’aide d’un expert en marketing pour prĂ©senter le dĂ©mĂ©nagement comme un Ă©vènement positif.
Pour ce qui est du budget, le cabinet put nĂ©gocier certains avantages pour compenser les coĂ»ts plus Ă©levĂ©s. « Le dĂ©mĂ©nagement nous coĂ»te environ 1 million $, mais nos avocats disposent maintenant de plus d’espace, et cela signifie plus de revenus », dit-elle. « Pour nous, ça en valait la peine. »
Condenser la recherche
Selon Christine Kark, avocate de MontrĂ©al, le type de locaux que vous choisissez reflète votre genre de pratique. « Je veux que les clients voient l’adresse. Je crois que c’est important pour un avocat ou une avocate rĂ©putĂ©(e). Je crois que ça inspire confiance. »
Mais avant d’investir dans votre espace de travail prĂ©fĂ©rĂ©, il vous faut les clients, prĂ©vient-elle. Avant de lancer son propre cabinet en septembre 2009, elle avait rĂ©flĂ©chi Ă tout depuis longtemps. Lorsqu’elle quitta McCarthy TĂ©trault après sept ans de services, elle ne dĂ©mĂ©nagea pas dans des locaux chics comme le font souvent les avocats. Elle loua plutĂ´t un petit espace dans un cabinet existant pour Ă©pargner de l’argent et dĂ©velopper sa clientèle.
Cette situation lui fournit tout ce dont elle avait besoin Ă l’Ă©poque, dont un accès Ă Internet et une rĂ©ceptionniste pour prendre ses appels. Elle lui donna aussi l’occasion de dĂ©velopper sa propre clientèle.
Sachant qu’elle dĂ©mĂ©nagerait un jour dans ses propres bureaux, elle s’assura d’avoir son propre numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone, son propre numĂ©ro de tĂ©lĂ©copieur et sa propre adresse courriel, qui resteraient identiques après son dĂ©mĂ©nagement.
Quand vint le temps de chercher ses propres locaux, Kark Ă©tablit un budget, engagea un agent qui lui proposa une dizaine d’emplacements, et ils passèrent une journĂ©e Ă visiter les cinq ou six meilleurs choix. C’est un Ă©difice prestigieux du Vieux-MontrĂ©al qui s’imposa finalement Ă elle. « C’est un très bel espace, de la bonne taille pour moi… Je pouvais m’y voir. »
Ava Chisling (avachisling.com) est rédactrice depuis plusieurs années et avocate spécialisée dans les médias. Elle vit à Montréal.