La pĂ©riode des dĂ©clarations de revenus peut ĂŞtre stressante pour quiconque, mais particulièrement pour les nouveaux avocats exerçant seuls ou en petits cabinets qui produisent leur première dĂ©claration de revenu. Les tâches courantes affĂ©rentes Ă la comptabilisation des revenus et dĂ©penses d’une entreprise peuvent ĂŞtre deux fois plus difficiles pour les avocats compte tenu de leur gestion des comptes en fiducie et d’autres instruments financiers Ă contrĂ´les rigoureux.
Sachez que la plus petite erreur financière peut donner de vĂ©ritables maux de tĂŞte aux avocats, et non pas seulement lorsqu’ils traitent avec l’ARC. Par exemple, lorsque le Barreau du Haut- Canada a contestĂ© un Ă©cart de 47 cents dans sa première dĂ©claration, l’avocat torontois Omar Ha-Redeye, de Toronto, a dĂ» faire appel aux services d’un comptable judiciaire pour qu’il en trouve la source. Il raconte : « Il semble que l’Ă©cart a Ă©tĂ© causĂ© par une petite erreur de la banque lorsque celle-ci a prĂ©levĂ© des intĂ©rĂŞts de l’un des comptes de mon cabinet. Trouver l’Ă©cart m’a exigĂ© plus de temps et d’argent que 47 cents! »
Fait ironique, lorsqu’il n’exerce pas le droit Ă son cabinet, Fleet Street Law, Me Ha-Redeye enseigne la comptabilitĂ© judiciaire et d’autres cours au collège Centennial de Toronto. (Il a commencĂ© Ă enseigner la comptabilitĂ© judiciaire après avoir distillĂ© l’erreur de 47 cents.) Me Ha-Redeye connaĂ®t la comptabilitĂ©. NĂ©anmoins, Fleet Street Law a payĂ© le prix de l’erreur d’un autre et a appris Ă ses dĂ©pens l’importance d’une gestion financière minutieuse.
Me Ha-Redeye affirme que : « Il est vrai que l’Ă©cart a Ă©tĂ© causĂ© par une erreur de la banque, mais comme tous les nouveaux avocats, j’ai dĂ» apprendre tous ces principes comptables et les appliquer Ă la pratique. C’est cet apprentissage appliquĂ© que je communique Ă mes Ă©tudiants au collège Centennial. » Ce mĂŞme apprentissage guide Fleet Street Law quand vient le temps de la prĂ©paration de ses dĂ©clarations de revenus – particulièrement maintenant, la date de production Ă l’ARC approchant.
Joshua Lenon est « avocat interne » auprès de Clio, la plateforme en ligne de gestion de la pratique, de comptabilisation des heures, de facturation et de collaboration avec les clients. Le conseil fiscal qu’il donne aux avocats est simple : « La prĂ©paration de votre dĂ©claration de revenus commence lorsque vous obtenez votre premier reçu de dĂ©penses ou le premier paiement d’un client, selon le premier Ă survenir », dĂ©clare Me Lenon.
Me Lenon explique que : « La prĂ©paration de la dĂ©claration de revenu dĂ©pend de l’existence, dès le premier jour, d’un système comptable bien Ă©tabli. Si vous n’en avez pas, tenter de rassembler les renseignements Ă la dernière minute peut ĂŞtre un cauchemar et entraĂ®ner des difficultĂ©s qui vous causent des problèmes avec l’ARC. »
Donc, que dois faire le nouvel avocat exerçant seul ou en petit cabinet? Eh bien, Clio est un outil qui permet la consignation de tous les Ă©lĂ©ments des actes financiers d’une pratique. On peut aussi utiliser un programme de comptabilitĂ© destinĂ© aux petites entreprises comme QuickBooks : son interface conviviale fonctionnant sur presque tous les ordinateurs personnels est Ă©galement facile Ă comprendre, mĂŞme pour le pire des nĂ©ophytes.
Toutefois, la technologie n’est pas tout. Les nouveaux avocats auront besoin de classeurs pour conserver leurs reçus, leurs talons de chèques et les autres documents financiers – dans des dossiers bien Ă©tiquetĂ©s et classĂ©s, merci beaucoup! IdĂ©alement, ce processus devrait dĂ©buter dès que les avocats posent leur plaquette Ă la porte de leur bureau. Pour les avocats qui ne l’ont pas dĂ©jĂ fait, il n’est jamais trop tĂ´t – ou trop tard – pour commencer par les documents financiers en cours et Ă venir et pour prendre le temps de trier et classer les vieux reçus placĂ©s dans des boĂ®tes Ă souliers lorsque le temps le permet.
Une fois que le système de comptabilitĂ© et de classement est Ă©tabli, les avocats devraient envisager de faire appel Ă un commis comptable ou Ă un comptable Ă temps partiel s’ils n’ont pas les compĂ©tences nĂ©cessaires en comptabilitĂ© et le temps de s’y mettre. Selon Me Ha-Redeye, « Vous pouvez toujours en trouver un par le bouche-Ă -oreille et en parlant Ă d’autres avocats. Trouvez une personne qui a de l’expĂ©rience auprès de cabinets d’avocats car les exigences de production de dĂ©clarations de revenus comportent quelques particularitĂ©s concernant notre profession. »
MĂŞme si les revenus se font rares, les nouveaux avocats et nouveaux cabinets d’avocats doivent absolument faire appel, mĂŞme Ă temps partiel, Ă un expert financier. Il ne s’agit pas seulement d’Ă©viter les mauvaises surprises sur le plan fiscal – et non pas seulement en ce qui concerne l’impĂ´t sur le revenu, mais aussi concernant la TPS et la TVH! – mais aussi de faire en sorte que l’avocat ou le cabinet d’avocats rĂ©clame toutes les dĂ©ductions auxquelles il a droit. (Si le cabinet est constituĂ© en sociĂ©tĂ©, un comptable spĂ©cialisĂ© dans le domaine juridique est encore plus nĂ©cessaire puisque les dĂ©clarations de revenus des sociĂ©tĂ©s sont très complexes.)
Joshua Lenon affirme que : « Bien des gens ne sont pas conscients de toutes les dĂ©penses d’entreprise qui peuvent lĂ©gitiment ĂŞtre dĂ©duites. Supposons que vous avez un bureau Ă domicile qui occupe le quart de votre espace habitable total. Additionnez tous vos coĂ»ts, notamment l’Ă©lectricitĂ©, le chauffage, l’eau, l’entretien et les rĂ©parations, l’assurance maison et les autres coĂ»ts similaires, divisez-les par quatre et voici des dĂ©penses de bureau lĂ©gitimes qui peuvent ĂŞtre dĂ©duites du revenu imposable de votre pratique. »
Mais il incombe aux cabinets d’avocats de consigner et de documenter convenablement ses dĂ©penses, de manière Ă ce qu’elles rĂ©sistent Ă une vĂ©rification de l’ARC. (Me Ha-Redeye fait la mise en garde suivante : « Le Barreau fait aussi des vĂ©rifications au hasard visant les cabinets qui en sont Ă leur cinq premières annĂ©es, de sorte que vous devriez aussi ĂŞtre prĂŞts pour cela. La plupart des nouveaux avocats l’ignorent, mais cela fait partie de l’exercice de la profession d’avocat au Canada. ») Une fois que ces donnĂ©es sont compilĂ©es, avec tous les autres Ă©lĂ©ments, il est logique qu’un comptable spĂ©cialisĂ© dans le domaine juridique examine les chiffres afin de veiller Ă ce qu’ils soient bien calculĂ©s.
Enfin, l’engagement d’un comptable spĂ©cialisĂ© dans le domaine juridique procure un certain niveau de protection si l’ARC a des questions après le traitement des dĂ©clarations de revenu. Un tel professionnel – s’il est bien choisi dès le dĂ©part – sera suffisamment pondĂ©rĂ© pour Ă©valuer calmement et minutieusement toutes les demandes de l’ARC. Il sait aussi comment nĂ©gocier avec les fonctionnaires de l’ARC si une nouvelle dĂ©claration de revenu est nĂ©cessaire, minimisant ainsi les pĂ©nalitĂ©s et le stress que subit l’avocat ou le cabinet d’avocats qu’il reprĂ©sente.
Me Ha-Redeye rappelle le vieux dicton selon lequel « L’avocat de celui qui se reprĂ©sente lui-mĂŞme Ă la cour est un idiot. Eh bien, le comptable de l’avocat sans connaissances financières qui tente de se reprĂ©senter lui-mĂŞme devant les autoritĂ©s fiscales est un idiot! »
Pour conclure, les nouveaux avocats devraient commencer Ă se prĂ©parer pour la pĂ©riode de production des dĂ©clarations de revenus dès qu’ils dĂ©butent l’exercice du droit, ce qui signifie Ă©tablir un système convenable de registres financiers, conserver l’ensemble des reçus et des talons de paiement et engager un comptable spĂ©cialisĂ© dans le domaine juridique pour qu’il tienne les livres convenablement et prĂ©pare les dĂ©clarations de revenus.
James Careless est journaliste pigiste.