Quand un avocat ou une avocate d’un grand cabinet dĂ©cide de fermer son bureau, le stress associĂ© Ă un changement d’une telle ampleur est allĂ©gĂ© lorsqu’il ou elle sait que ses associĂ©s, associĂ©es et collègues peuvent reprendre les rĂŞnes en temps opportun.
L’avocat doit avertir ses clients et clientes, expĂ©dier quelques documents au Barreau, prĂ©parer des notes Ă classer contenant les dates d’Ă©chĂ©ances et presto, il est libre comme l’air, avec la conviction que ses clients sont toujours entre bonnes mains.
Quand un avocat exerçant seul dĂ©cide de fermer boutique, cependant, il est confrontĂ© Ă des situations – et Ă des listes de vĂ©rification – fort diffĂ©rentes.
Quand Marc L. Richard, de Beresford (Nouveau-Brunswick), a commencĂ© Ă songer Ă la fermeture de son cabinet en 1996, il ne s’attendait pas Ă ce que le processus d’abandon de sa pratique prenne autant de temps..
« Le plus important, c’est d’essayer de complĂ©ter autant de travail que possible et de vous donner plus de temps que vous estimez nĂ©cessaire pour fermer le bureau », dĂ©clare Me Richard, qui a cessĂ© d’exercer en cabinet pour se joindre au Barreau du Nouveau-Brunswick Ă titre de directeur gĂ©nĂ©ral. « Certains avocats et avocates pensent qu’ils peuvent fermer boutique en trois mois mais le processus peut prendre jusqu’Ă 18 mois. Ça prend – ça m’a pris – beaucoup plus de temps que prĂ©vu. »
Vendre sa pratique
La plupart des avocats ont de la difficultĂ© Ă vendre leur pratique, rapporte le chef de la direction du Barreau du Manitoba, Allan Fineblit. « Jadis les bibliothèques avaient une grande valeur, mais plus maintenant. Les livres valaient une fortune mais aujourd’hui c’est tout juste si vous rĂ©ussissez Ă les donner – sauf peut-ĂŞtre aux studios de photographie comme arrière-plan. Et les clients ne peuvent faire partie d’une transaction puisqu’il faut leur laisser choisir leur nouvel avocat. L’achalandage n’a pas une grande valeur. »
Quand Me Richard a fermĂ© son bureau Ă Beresford il s’est considĂ©rĂ© « chanceux » d’avoir pu vendre sa pratique. « J’ai vendu mes dossiers de travaux en cours et de dĂ©boursements – mais c’est assez rare. En gĂ©nĂ©ral, du moins au Nouveau-Brunswick, un avocat qui vend sa pratique ne sera payĂ© que pour les dĂ©boursements d’un dossier. »
Me Richard prĂ©cise que la plupart des clients ont optĂ© pour l’avocat qui avait fait l’acquisition de son cabinet. Quant aux clients qui ne voulaient pas retenir les services de son successeur, leur nouvel avocat a remboursĂ© Me Richard pour le temps dĂ©jĂ facturĂ©.
Communiquer avec les clients
ConsidĂ©rant que les exigences des barreaux peuvent varier d’une province Ă l’autre, le Barreau de la Colombie-Britannique propose aux avocats d’avertir les clients par Ă©crit. « Nous suggĂ©rons aussi de publier un avis dans les journaux pour demander aux clients de communiquer avec l’avocat pour rĂ©cupĂ©rer leurs dossiers, ouverts ou fermĂ©s, les documents originaux et, bien sĂ»r, les objets de valeur, testaments et fonds en fiducie. Il y a plusieurs choses que le client peut rĂ©cupĂ©rer de l’avocat », prĂ©cise Barbara Buchanan, du Barreau de la Colombie-Britannique.
Me Buchanan ajoute que le site Web du Barreau de la C.-B. contient, parmi les lignes directrices et exigences, une liste de vĂ©rification, un modèle d’avis aux journaux et un modèle de lettre Ă la clientèle en situation de fermeture de cabinet.
Me Richard propose de tĂ©lĂ©phoner aux clients avec des dossiers actifs pour leur demander ce que l’on doit faire avec leurs dossiers. « Par exemple, si un procès s’annonce (dans un proche avenir), cette information est normalement communiquĂ©e par tĂ©lĂ©phone. »
Les dossiers
Le renvoi des dossiers ouverts au client ou leur transfert Ă un autre avocat constitue une dĂ©cision importante, selon Me Buchanan. « Le choix appartient au client, bien sĂ»r », dit-elle.
Me Richard ajoute que le Barreau du Nouveau-Brunswick a adoptĂ© une volumineuse directive concernant la conservation et la destruction de dossiers. « Tout dĂ©pend de quel type d’affaire il s’agit. Vous devez conserver certains dossiers pour la vie, tandis que d’autres peuvent ĂŞtre dĂ©truits après dix ans. Mais ici, au Nouveau-Brunswick, plusieurs avocats qui ferment boutique conserveront les dossiers chez eux. »
Un avis doit aussi ĂŞtre expĂ©diĂ© aux anciens clients les informant de la fermeture du bureau et les invitant Ă rĂ©cupĂ©rer les dossiers fermĂ©s. Encore une fois, dans la plupart des provinces, le Barreau doit ĂŞtre informĂ© de l’emplacement des dossiers fermĂ©s.
Affaires pendantes
Quand un avocat dĂ©cide de ne plus exercer le droit, il doit essayer d’assurer une transition sans heurts avec le client, surtout s’il existe des dossiers actifs, note Me Buchanan. Dans un tel cas, il suggère de prĂ©parer une note de service très dĂ©taillĂ©e indiquant la nature du dossier et des travaux Ă complĂ©ter.
Bien sĂ»r, l’avocat aurait besoin de discuter de la marche Ă suivre avec le client, et l’on espère que l’avocat songe Ă en informer les parties intĂ©ressĂ©es bien avant sa retraite ou la fermeture du bureau, ajoute Me Buchanan.
« Évidemment, l’avocat ne peut causer de prĂ©judice Ă la position d’un client et l’abandonner Ă la dernière minute », dĂ©clare Me Fineblit. « L’avocat a la responsabilitĂ© d’assurer une transition sans heurts. Pour ce qui a trait aux affaires pendantes, il aura aussi des obligations envers le tribunal et devra prendre les mesures appropriĂ©es pour ne plus ĂŞtre l’avocat au dossier. Je conseille toujours aux avocats exerçant seuls de trouver une ou un collègue dĂ©sireux et en mesure de le remplacer pour faciliter une transition imprĂ©vue – une invaliditĂ© ou tout autre motif. Pour ceux et celles qui n’agissent pas ainsi, le barreau finit le plus souvent par intervenir pour s’assurer que le client ne court aucun risque. »
Fonds en fiducie
Finalement, un compte en fiducie devrait ĂŞtre fermĂ© – retournĂ© au client ou au Barreau, ou transfĂ©rĂ© Ă un autre avocat – et un rapport final acheminĂ© au Barreau, estime Me Fineblit. « Les fonds peuvent ĂŞtre retenus en attendant de remplir les conditions de la fiducie et dans une telle situation ces mĂŞmes conditions devraient ĂŞtre imposĂ©es au nouvel avocat au moment du transfert des fonds. »
Dans les circonstances oĂą les fonds ne peuvent ĂŞtre localisĂ©s ou si l’avocat ne sait pas Ă qui les fonds en fiducie appartiennent, l’argent peut ĂŞtre remis au Barreau.
Assurances
GĂ©nĂ©ralement, les avocats n’ont plus besoin d’ĂŞtre assurĂ©s après avoir cessĂ© d’exercer le droit, Ă©tant donnĂ© que la plupart des polices d’assurances renferment des dispositions qui couvrent les rĂ©clamations survenant après leur retraite mais relatives aux travaux exĂ©cutĂ©s avant leur retraite, explique Me Fineblit.
Marlane Press est journaliste Ă la pige Ă Vancouver
Adaptation d’un texte du magazine National