De nos jours, nous entendons souvent dire que les « mĂ©dias traditionnels », tels la tĂ©lĂ©vision et les journaux, sont en voie de disparition et qu’ils seront vite remplacĂ©s par les « nouveaux mĂ©dias ». Toutefois, comme Ă l’habitude, hier soir, Radio-Canada a diffusĂ© l’Ă©mission The National; mon journal The Globe & Mail Ă©tait Ă ma porte ce matin et la dernière fois que j’ai allumĂ© ma radio, les stations locales annonçaient toujours les conditions de trafic toutes les dix minutes. Il serait alors un peu prĂ©maturĂ© de dĂ©clarer que la rĂ©volution est chose accomplie.
Les avocats dĂ©sireux de se faire mieux connaĂ®tre par le public afin d’attirer des clients commettent une grave erreur s’ils sont d’avis que les journaux, revues et organismes de radiodiffusion ne leur sont pas utiles Ă cette fin. Lorsque les rĂ©dacteurs et journalistes publient vos connaissances et opinions sur un sujet donnĂ©, suite Ă une entrevue ou une soumission Ă©crite de votre part, ils vous prĂ©sentent auprès du grand public comme Ă©tant un expert fiable, et ce, Ă titre gracieux — pas du tout mauvais!
Par contre, voici le hic : l’un des moyens les plus efficaces d’attirer l’attention des mĂ©dias traditionnels est de se servir des nouveaux mĂ©dias pour le faire. Par le biais des nouveaux mĂ©dias, il est très facile d’Ă©tablir votre degrĂ© d’expertise auprès des rĂ©dacteurs en chef, journalistes et rĂ©alisateurs Ă l’information. Et le tout se fait presque gratuitement!
Voici quelques façons d’utiliser les nouveaux mĂ©dias, dont on vante tant les mĂ©rites, afin de se faire remarquer par les vĂ©nĂ©rables mĂ©dias traditionnels.
Blogues : Il est important de retenir ce qui suit : les journalistes lisent les blogues. Je me fonde sur mon expĂ©rience du passĂ© Ă titre de journaliste et de rĂ©dacteur en chef d’un magazine, et aussi sur le fait que j’ai dĂ©jĂ reçu de multiples demandes de la part des mĂ©dias amĂ©ricains et britanniques Ă partir d’un seul blogue. Non seulement les journalistes sont-ils abonnĂ©s Ă diffĂ©rents blogues, mais ils entreprennent constamment des recherches au moyen de Google, moteur de recherche qui, pour diverses raisons, « aime » les blogues.
Les journalistes reconnaissent que les blogues d’avocats offrent les tout derniers rebondissements dans leur domaine du droit, et aussi, que les auteurs de ces blogues sont Ă©loquents, intĂ©ressants, honnĂŞtes et qu’ils ont confiance dans leur propre opinion – exactement le genre de source recherchĂ© par les journalistes. De surcroĂ®t, plus la quantitĂ© et la frĂ©quence des blogues affichĂ©s sont Ă©levĂ©es, plus le journaliste sera portĂ© Ă communiquer avec l’auteur de ces blogues.
Les pages Internet sont remplies de blogues ayant des titres vagues comme « blogue en droit de l’emploi » ou « blogue en matière de blessures corporelles ». Je recommande ainsi de prĂ©ciser le thème de votre blogue le plus possible. Distinguez-vous des autres en mettant l’accent sur votre domaine d’expertise : blogue sur la nĂ©gociation collective, blogue sur les traumatismes crâniens, blogue sur la protection confĂ©rĂ©e par un brevet Ă l’intention des jeunes entreprises… c’est-Ă -dire, votre spĂ©cialisation, pour laquelle vous souhaitez ĂŞtre reconnu. Si vous voulez mettre l’accent sur plusieurs domaines de votre pratique, rĂ©digez un blogue pour chacun de ces domaines diffĂ©rents. Si votre pratique englobe vraiment un peu de tout, ciblez un autre aspect : la ville ou rĂ©gion dans laquelle vous pratiquez, le genre de client que vous desservez le plus souvent ou votre système de facturation alternatif.
Enfin, en passant, faites savoir Ă ceux qui frĂ©quentent votre blogue que vous ĂŞtes disponible si les mĂ©dias souhaitent vous interviewer et prĂŞt Ă soumettre des articles aux fins de publication dans des pĂ©riodiques. Si vous voulez ardemment donner une entrevue, affichez un court clip (de deux minutes) de vous-mĂŞme en train de discuter d’un sujet de l’heure dans votre champ du droit afin de fournir aux rĂ©alisateurs un aperçu de vos connaissances. Si vous dĂ©sirez rĂ©diger des articles, affichez des rĂ©sumĂ©s d’articles (d’au plus 800 mots) sur des thèmes d’actualitĂ© Ă tĂ©lĂ©charger. Il est aussi bon d’afficher vos coordonnĂ©es personnelles bien en vue sur votre page Web.
Twitter: Je pense qu’il est temps de mettre de cĂ´tĂ© les blagues plates voulant que Twitter serve uniquement pour compter aux autres ce que fait votre chat ou ce que vous avez mangĂ© pour le dĂ©jeuner. Twitter est une plateforme de microblogues unique qui sert aux fins de communication et de stratĂ©gie de marque, par l’entremise de laquelle vous pouvez mettre en Ă©vidence votre expertise, organiser vos connaissances spĂ©cialisĂ©es, vous bâtir une base d’abonnĂ©s et nouer des liens prĂ©cieux. Dans le cadre de l’Internet, ce qui est affichĂ© sur Twitter Ă©quivaut aux manchettes d’un journal, et les journalistes se fient de plus en plus Ă cette plateforme de microblogues.
Les journalistes se servent de Twitter pour la mĂŞme raison qu’ils lisent les blogues : ils cherchent des nouvelles de dernière heure, des opinions intĂ©ressantes et des experts fiables; le tout en temps rĂ©el. Ainsi, les fils d’actualitĂ©s Twitter typiques des cabinets juridiques n’intĂ©ressent pas vraiment les journalistes puisqu’ils ne font que reprendre leurs annonces de dotation et communiquĂ©s de presse; bref, ils mettent l’accent sur le cabinet et non sur l’utilisateur.
Les membres des mĂ©dias s’intĂ©ressent plutĂ´t aux messages Twitter qui soulignent pour le lecteur des articles pertinents sur le sujet en question, qui suggèrent d’autres comptes Twitter Ă suivre et qui, au moins de temps Ă autre, comprennent des liens vers le site Web, le blogue ou la source de l’expertise de l’auteur du microtexte. Les avocats qui procèdent ainsi ont plus de chance que les lecteurs fassent suivre leurs textes, les envoient de nouveau via Twitter et les citent partout dans Internet.
Une fois que vous aurez Ă©tabli un fil d’actualitĂ©s Twitter digne d’intĂ©rĂŞt conformĂ©ment Ă ces critères, la meilleure façon d’attirer les mĂ©dias, c’est de trouver, via Twitter, des journalistes qui travaillent pour le compte de l’organisme de radiodiffusion ou du journal que vous ciblez, et « suivez-les » ensuite sur Twitter. Dans la plupart des cas, ces derniers vous suivront aussi et dĂ©couvriront l’Ă©tendue de vos connaissances. Vous pouvez par la suite correspondre avec eux grâce Ă la fonction de messagerie directe qu’offre Twitter et commencer Ă tisser des liens avec ces journalistes.
LinkedIn: les relations sont, bien sĂ»r, au coeur de LinkedIn – le fichier Rolodex universel en ligne (vos contacts Twitter deviennent souvent les gens avec lesquels vous nouez des liens dans LinkedIn). Cet atout fait de LinkedIn un service utile pour les avocats dans le cadre de leurs relations avec les mĂ©dias, car les collaborations les plus fructueuses et productives entre avocats et journalistes sont Ă©tablies dans le contexte de relations fondĂ©es sur le respect et la comprĂ©hension mutuels. Toutefois, il faut du temps et de l’effort afin de tisser de tels liens.
Si vous avez dĂ©jĂ Ă©tabli des rapports avec les membres des mĂ©dias, vous pouvez vous servir de LinkedIn pour cultiver et affermir ces relations. Par contre, il faut ĂŞtre plus mĂ©fiant lorsque vous utilisez LinkedIn pour amorcer une relation. Une demande de communication impromptue auprès d’un journaliste sans laisser de message expliquant pourquoi vous dĂ©sirez communiquer avec lui, n’est pas toujours bien accueillie. Il faut plutĂ´t communiquer avec cette personne par le biais de connaissances mutuelles, en rĂ©ponse Ă une publication ou diffusion rĂ©cente, ou bien encore, offrir de discuter sans frais d’un sujet de l’heure dans votre domaine de compĂ©tence.
LinkedIn renferme des avantages semblables aux blogues et Ă Twitter quant au rehaussement de votre profil. Par exemple, certains avocats apprĂ©cient Ă©normĂ©ment la fonction « Answers » offerte par LinkedIn, qui invite les utilisateurs Ă rĂ©pondre aux questions posĂ©es par d’autres utilisateurs (ce nouveau service en ligne est essentiellement le mĂŞme qu’offre aussi Quora). LinkedIn permet Ă©galement aux utilisateurs, y compris les mĂ©dias, de lire vos Ă©crits dans le fil d’actualitĂ©s de Twitter par le biais de votre compte LinkedIn.
Les « nouveaux mĂ©dias » ne diffèrent pas tellement des « mĂ©dias traditionnels » - tous les deux servent de plateformes par l’entremise desquelles les gens recueillent les connaissances qui y sont diffusĂ©es. Les diffĂ©rences principales sont les suivantes : a) les nouveaux mĂ©dias sont axĂ©s sur les conversations et les relations et b) tout un chacun (vous inclut) peut s’en servir afin d’Ă©tablir de l’expertise et de la crĂ©dibilitĂ©, sans le soutien organisationnel considĂ©rable qu’exigent les rĂ©seaux de radiodiffusion et les journaux. Vous n’avez pas Ă choisir entre les nouveaux mĂ©dias et les mĂ©dias traditionnels; vous pouvez tout simplement vous prĂ©valoir d’un type de mĂ©dias pour avoir accès Ă l’autre.
Jordan Furlong est conseiller en chef au sein de Stem Legal, entreprise qui conseille les clients sur les stratĂ©gies Web, les communications et les mĂ©dias sociaux. Il est Ă©galement associĂ© avec Edge International, sociĂ©tĂ© qui analyse l’Ă©volution extraordinaire du marchĂ© juridique. Il est l’auteur du blogue prisĂ© Law21 : Dispatches from a Legal Profession on the Brink (http://law21.ca). Vous pouvez communiquer avec lui Ă l’adresse Ă©lectronique suivante : jordan@law21.ca.