La véritable définition du marketing est simple : repérez les personnes les plus susceptibles de vous engager pour effectuer le travail que vous souhaitez faire, communiquez avec elles pour leur faire savoir qui vous êtes, puis cultivez les relations avec elles pour démontrer la façon dont vous pouvez les aider à réaliser leurs buts.
Pour que cette dĂ©marche soit efficace, quelle que soit la taille du cabinet juridique et quelles que soient ses activitĂ©s globales de marketing, chaque avocat doit dĂ©montrer Ă la fois sa compĂ©tence et son enthousiasme pour convaincre un client potentiel de devenir un client. Divers moyens peuvent servir Ă cette fin, dont certains apportent davantage de crĂ©dibilitĂ© que d’autres : publier un article dans un journal ou une revue spĂ©cialisĂ©e; prononcer une allocution devant une organisation de la communautĂ©; publier de la publicitĂ©; lancer un site Web; envoyer un dĂ©pliant par la poste. Dans tous les cas, le but consiste Ă crĂ©er une relation personnelle avec le client potentiel.
Si vous acceptez cette hypothèse, il n’y a guère de meilleure option pour crĂ©er des relations efficaces avec des clients potentiels qu’en donnant Ă votre cabinet ou votre pratique une prĂ©sence Ă des salons commerciaux ou Ă des rĂ©unions d’associations de l’industrie. Si vous faites d’abord des recherches convenables et si vous orientez judicieusement votre prĂ©sence, vous pouvez rencontrer davantage de clients potentiels en un jour que vous ne le feriez autrement en plusieurs mois. Du reste, en Ă©tant physiquement prĂ©sent, vous dĂ©montrez aux clients potentiels que vous connaissez leur domaine, comprenez leurs prĂ©occupations et tenez Ă offrir des solutions.
Zone de confort
Les cabinets juridiques et les avocats qui ne saisissent pas bien ce qu’est le marketing croient qu’ils s’abaisseraient au rang de simples vendeurs en participant Ă des salons commerciaux. Après tout, pour bien faire, la participation exige de louer un stand, de s’entendre avec d’autres exposants pour se renvoyer des clients potentiels, de prendre la parole Ă des confĂ©rences et surtout de sacrifier du temps qui serait autrement facturable, pour rester au stand Ă rencontrer les visiteurs et discuter avec eux.
Mais les avocats sont bel et bien des vendeurs. Nous vendons des services professionnels. Les cabinets qui ne le reconnaissent pas sont condamnĂ©s Ă stagner et Ă Ă©chouer. La taille du cabinet n’y change rien : le marketing pour les avocats des petits cabinets n’est pas diffĂ©rent de celui des avocats des grands cabinets. Dans les deux cas, les avocats doivent se vendre individuellement.
Peut-ĂŞtre la rĂ©ticence envers la participation aux salons commerciaux est-elle au fond attribuable Ă ce que les avocats ne croient pas qu’ils soient axĂ©s sur le marketing ou compĂ©tents en la matière. Les gens prĂ©fèrent en gĂ©nĂ©ral rester dans leur zone de confort et faire les choses qui leur viennent naturellement.
Souvent, lorsque je conseille un avocat, il s’agit surtout de comprendre les contours de sa zone de contour et de dĂ©montrer qu’il ou elle peut en faire bien plus qu’on ne penserait sans quitter cette zone. Une fois que les avocats comprennent leur zone et les activitĂ©s qui y sont possibles, ils passent Ă l’action et apportent au cabinet une contribution qu’ils n’avaient jamais envisagĂ©e.
Un positionnement unique
Le fait de trouver sa zone de confort et celui de l’exploiter sont deux choses diffĂ©rentes. Peu importe de quelle façon ou Ă quel endroit vous faites votre promotion, et surtout si c’est Ă un salon commercial, il est essentiel de comprendre deux points pour crĂ©er une stratĂ©gie de marketing.
D’abord, qui visez-vous avec votre marketing? CrĂ©ez un profil de votre client idĂ©al et Ă©laborez une stratĂ©gie de marketing visant cette cible plutĂ´t que n’importe qui. Parlez Ă vos clients actuels qui vous confient le genre de travail que vous souhaitez, et dressez leur profil : donnĂ©es dĂ©mographiques, industrie, localisation et situation financière. Demandez Ă vos clients de quelles associations industrielles ils font partie et Ă quels Ă©vĂ©nements ils participent. Dites-leur que vous souhaitez assister Ă ces Ă©vĂ©nements pour mieux connaĂ®tre leur industrie et les problèmes auxquels ils sont confrontĂ©s, et observez leur rĂ©action. Elle sera presque toujours positive.
Des études montrent sans cesse que clients et clients potentiels recherchent activement des avocats qui connaissent leur industrie et comprennent leurs activités. Un effort ciblé fait toute la différence entre le marketing et le marketing réussi.
Deuxièmement, qu’est-ce qui vous distingue comme avocat? Les clients considèrent d’emblĂ©e que les avocats sont compĂ©tents. Il n’est donc guère utile d’affirmer « Je suis un bon avocat ». Et s’il est vrai que les clients recherchent par-dessus tout un service attentif de la part des avocats (la compĂ©tence Ă©tant acquise), affirmer qu’on offre un service personnalisĂ© tombe un peu Ă court.
Une façon de se distinguer est de dĂ©finir ce que les spĂ©cialistes du marketing appellent une « proposition de vente unique ». Soyez diffĂ©rent. Proposez quelque chose que vos concurrents n’offrent pas ou ne peuvent pas offrir. CrĂ©ez quelque chose de nouveau dont vos clients ont besoin ou qu’ils puissent souhaiter. Si vous ne pouvez pas penser Ă un Ă©lĂ©ment qui vous rend unique, vous n’ĂŞtes rĂ©ellement rien de plus qu’un produit banalisĂ© pour vos clients. Il n’est pas facile de trouver une proposition unique, mais c’est essentiel pour faire comprendre aux clients potentiels pourquoi ils devraient vous engager plutĂ´t qu’un autre. Mettez au point un argumentaire condensĂ© – un rĂ©sumĂ© de 20 secondes que vous pouvez exposer Ă un client potentiel en partageant un ascenseur. Il vous servira bien Ă un stand de salon commercial.
Avant le salon
Les grands cabinets peuvent avoir du personnel de marketing ayant l’expĂ©rience voulue pour choisir un salon commercial opportun, prĂ©parer le stand et les documents qui y seront prĂ©sentĂ©s, puis assurer le suivi. Les plus petits cabinets et les avocats individuels n’ont souvent pas cette chance. Mais que vous ayez ou non les ressources nĂ©cessaires Ă l’interne, vous devriez participer activement Ă la prĂ©paration du salon.
Par-dessus tout, veillez Ă obtenir la liste des participants; vous vous en servirez pour Ă©valuer et sĂ©lectionner vos clients cibles. Adressez-leur une lettre ou un courriel avant le salon pour leur faire savoir que vous y serez et les inviter Ă visiter votre stand. RepĂ©rez aussi les clients possibles parmi les autres exposants. DĂ©couvrez quels chroniqueurs et reporters des revues professionnelles couvriront le salon, puis tentez d’obtenir une place Ă leur agenda afin de leur parler de vos points de vue et de votre expĂ©rience Ă l’Ă©gard de l’industrie. Lorsque vous les rencontrerez, communiquez-leur quelque Ă©lĂ©ment d’actualitĂ©, dites-leur oĂą votre cabinet se dirige (stratĂ©giquement) et offrez de faire tout ce que vous pouvez pour les aider.
Rappelez-vous que vous assistez au salon dans le but de repĂ©rer, rencontrer et convaincre des clients potentiels – et non seulement pour chercher des pistes de clientèle. Après tout, votre client potentiel est le client d’un autre cabinet, et votre client est le client potentiel d’un autre cabinet. Soyez prĂŞt Ă affronter la concurrence en sachant d’avance Ă qui vous voulez parler et ce que vous voulez leur dire. Faites des recherches prĂ©liminaires sur l’industrie de sorte que vous puissiez profiter du salon pour recueillir des renseignements commerciaux utiles Ă votre cabinet, lorsque vous parcourrez les allĂ©es et participerez aux sĂ©ances et autres Ă©vĂ©nements.
Au salon
PrĂ©parez-vous Ă faire du marketing personnalisĂ©. Il y a dans le milieu du salon commercial une psychologie qui va au-delĂ de la convivialitĂ© et du rĂ©seautage. Ă€ un salon, le visiteur est maĂ®tre des rencontres. Traitez le visiteur qui se prĂ©sente Ă votre stand de la façon dont il s’attendrait Ă ĂŞtre traitĂ© s’il Ă©tait votre client, quel que soit son intĂ©rĂŞt initial. Il pourrait bien ĂŞtre un vĂ©ritable client potentiel et il s’en rappellera s’il a Ă©tĂ© reçu de façon cavalière, indiffĂ©rente ou condescendante. Les gens se rappellent des attitudes et des comportements qui les mettent mal Ă l’aise, et vous n’aurez sĂ»rement pas l’occasion de rectifier une mauvaise première impression. En consĂ©quence, vous devriez vous prĂ©parer Ă suivre cette liste de contrĂ´le :
- restez Ă l’avant ou sur le cĂ´tĂ© de votre stand ou de votre table, et non derrière.
- soyez accueillant;
- entamez la conversation;
- parlez aux exposants voisins, de façon à créer les liens;
- parcourez la salle d’exposition, attirez des visiteurs Ă votre stand et faites des rencontres;
- obtenez la carte d’affaires de ceux que vous rencontrez et prenez des notes sur ceux auprès desquels vous voulez faire un suivi;
- accueillez les nouveaux visiteurs mĂŞme si vous ĂŞtes dĂ©jĂ en discussion avec quelqu’un. On a vite dit poliment « Excusez-moi » et « Bonjour »;
- n’utilisez jamais votre tĂ©lĂ©phone cellulaire et Ă©vitez les autres distractions. Faites comprendre aux visiteurs de votre stand qu’ils sont votre prioritĂ©. Retenez la règle 80-20 : passez 80 p. 100 de votre temps Ă Ă©couter et 20 p. 100 Ă parler.
Notez que cette liste met l’accent sur vous, l’avocat individuel, et la façon dont vous accueillez les autres. C’est prĂ©cisĂ©ment ce qui importe – et non un stand spectaculaire, des concours de prix Ă gagner, des dĂ©pliants reluisants et tout le reste. Ces autres choses peuvent vous ĂŞtre utiles si elles sont bien faites, mais si un client potentiel veut recourir Ă vos services, ce sera Ă cause de l’attitude et de l’intĂ©rĂŞt que vous manifestez et non des gadgets que vous offrez.
Après le salon
Tous les efforts que vous pourriez dĂ©ployer seront en pure perte si vous n’assurez pas un suivi convenable. Examinez chaque carte d’affaires que vous avez reçue, et communiquez avec les personnes dans la semaine suivant le salon. N’attendez pas, et n’utilisez pas le courriel. Il s’agit de faire fond sur la relation personnelle que vous avez crĂ©Ă©e au salon, en y ajoutant de la valeur. Voici comment faire :
- offrez de la recherche sur les acteurs clĂ©s et les grands enjeux de l’industrie;
- envoyez un article d’intĂ©rĂŞt sur l’industrie du client potentiel;
- offrez une invitation à une activité de loisirs ou une manifestation sportive;
- proposez des occasions de formation;
- envoyez un livre que vous avez écrit et qui intéresserait le destinataire.
Pour crĂ©er des relations d’affaires, il faut donner, et non prendre. Vous devez mĂ©riter le droit Ă un partenariat avec un client, en lui offrant quelque chose de prĂ©cieux : un service exceptionnel assorti d’une comprĂ©hension de ses besoins rĂ©els.
Si vous abordez l’expĂ©rience du salon commercial de la bonne façon, non seulement pourrez-vous rĂ©pondre aux besoins actuels du client potentiel, mais en outre vous vivrez une expĂ©rience agrĂ©able tout en augmentant vos revenus.
Edward Poll (edpoll@lawbiz.com) est CMC et mentor de procureurs et de cabinets juridiques Ă Los Angeles pour les aider Ă devenir plus rentables. Il est l’auteur de Attorney and Law Firm Guide to the Business of Law : Planning and Operating for Survival and Growth, 2nd ed. (ABA, 2002), Collecting Your Fee: Getting Paid from Intake to Invoice (ABA, 2003) et, plus rĂ©cemment, de Selling Your Law Practice: The Profitable Exit Strategy (LawBiz, 2005).